Un potager sans entretien
Potager sans entretien : limiter les interventions qui prennent du temps
Pour obtenir un potager sans entretien, il faut le rendre autonome. La meilleure façon d'obtenir cela (ou de s'en approcher au plus près) c'est de laisser travailler la nature à votre place le plus possible, et de réduire au minimum les interventions du jardinier qui prennent du temps dans la conduite d'un potager classique. À savoir :
- L'arrosage : avoir vu ses parents aller arroser le potager tous les soirs ou presque, d'avril à septembre, pour répondre aux besoins en eau des légumes, a de quoi faire reculer quelques vocations naissantes de jardiniers !
- Le désherbage : si l'adage « un binage vaut deux arrosages » permet d'économiser quelques arrosoirs, il n'économise pas la peine du jardinier. Les mauvaises herbes sont inépuisables et le passage de la sarclette ou de la binette se doit d'être régulier pour les contenir (lire : Désherbage manuel).
- La lutte contre les maladies et ravageurs : cela peut devenir un vrai casse-tête dès les premiers semis avec l'arrivée des limaces, et un peu plus tard avec les pucerons, ou lorsque le temps devient mauvais et que le mildiou ou l'oïdium pointent le bout de leur nez... Entre les traitements préventifs et curatifs, il devient difficile de sortir du potager !
Pratiques indispensables à un potager sans entretien
Il existe un panel de pratiques culturales écologiques qui ont des répercussions dans chacun des domaines cités précédemment. Lorsqu'elles sont menées de front, leurs effets sont décuplés.
Mise en place d'un paillis permanent sur les planches de culture
Un paillage permanent permet de garder l'humidité du sol, empêcher les mauvaises herbes de pousser, enrichir le sol, renouveler l'humus, favoriser la présence de vers de terre (laboureurs infatigables) et d'auxiliaires bienveillants (prédateurs de ravageurs)... les bienfaits d'un paillis ne sont plus à démontrer. Et la matière première se trouve à portée de main : tontes, feuilles mortes, mauvaises herbes, fleurs fanées, déchets de culture et même déchets de cuisine (compost de surface).
Bonus : la mise en place d'un paillis épais sur une culture de pomme de terre permet de se soustraire à l'opération de buttage des plants (lire : Pomme de terre : butter ou pailler ?).
La pratique des cultures associées
Le grand intérêt de l'introduction de la diversité dans le potager est de perturber la propagation des parasites et des prédateurs. Mais c'est également le moyen de mieux gérer les réserves d'eau et de nutriments du sol (besoins différents, systèmes racinaires plus ou moins profonds). De plus, lorsque vous appliquez les cultures associées sous forme de cultures intercalaires¹, vous occupez l'espace qui aurait pu être colonisé par les mauvaises herbes.
>> Lire : Plantes compagnes ainsi que Légumes : les bons voisins
Le choix des légumes
On a toujours tendance à penser que nos légumes sont délicats, et à être sur leur dos en permanence, du semis à la récolte, pour s'assurer que leur développement se passe sans encombre. Pourtant, comme le disent si bien Sandrine Boucher et Alban Delacour dans leur ouvrage Je ne jardine que le week-end², beaucoup de légumes se passent plutôt bien de nous et savent s'épanouir sur des sols « imparfaits ». Seront donc vos alliés :
- les légumes « résistants », c'est-à-dire ceux qui acceptent quelques négligences (pommes de terre, courges, haricots...),
- les légumes perpétuels et ceux qui se ressèment ou se multiplient spontanément (bettes, amarantes, topinambours...),
- les sobres (ails, oignons, aromatiques...), en choisissant toujours des variétés « de saison », adaptées aux températures du moment et qui ne demandent pas de protections particulières contre le froid ou le chaud (lire : Oignon, les principales variétés).
Conseil : si l'envie de croquer dans quelques radis, ou autres légumes dont les besoins en eau doivent être assouvis régulièrement, est trop forte, la mise en place d'un système d'arrosage goute-à-goutte (avec programmateur) s'impose. Il vous sera également très utile pour assurer les arrosages essentiels au démarrage des semis.
Pratiques « mangeuses de temps » à bannir du potager
Pour minimiser l'entretien de son potager, il est nécessaire de limiter ses ambitions aux seuls légumes que vous aimez manger, de bien évaluer les quantités nécessaires à votre famille (10 plants de tomates suffiront amplement à nourrir 3 personnes, surtout si vous n'avez pas de temps à consacrer à la confection de conserves), et de rester stoïque face aux déconvenues et aux salades grignotées (ou dévorées) par les limaces !
Et pour ménager votre flegme, évitez :
- Les semis et les cultures délicates, comme, par exemple, le chou-fleur qui doit avoir une végétation régulière (sans stress hydrique), ou bien encore le céleri-branche au semis à chaud aléatoire, au repiquage nécessaire et au blanchiment quasi-obligatoire ;
- Les semis suivis de repiquages : les semis en pépinière, en terrine ou en godets, outre le travail de préparation du semis, nécessitent une opération de repiquage qui prend du temps, et qui est à réaliser au bon moment. Aussi, laissez tomber les semis de tomates, de choux ou de poireaux au profit de l'achat de quelques plants, et attendez le mois de mai pour semer, en place, les courges.
- La culture de plantes frileuses au printemps qui nécessite d'être couvertes la nuit et découvertes le jour ;
- La culture des légumes « à récolter de suite » ou régulièrement, comme les haricots à filets, les radis, les pois à écosser, les pois asperges ou les cornichons (voire les courgettes pour ceux qui ne les consomment que lorsqu'elles sont petites) ;
- De jardiner avec la lune : le calendrier lunaire impose des tâches à effectuer à des périodes précises, ce qui ne convient guère à un jardinage épisodique.
Astuces pour réduire le temps passé au potager
- Plus le potager est petit, moins l'espace à entretenir est grand ! Réduisez la surface du potager en privilégiant les variétés grimpantes à tuteurer ou palisser : haricots, doliques, pois, petites courges, concombres, tomates, fraisiers grimpants...?
- Semez, dans un coin du potager, une petite prairie fleurie ; elle ne demande pas d'entretien et attire les auxiliaires ;
- Paillez les allées et chemins d'accès aux planches de culture avec du BRF, des feuilles mortes, mauvaises herbes ou autres matières organiques plutôt que de les garder en herbes ; vous n'aurez pas de tondeuse à passer.
Le must du potager sans entretien : la cueillette sauvage
Et pour ceux qui ne veulent vraiment pas intervenir dans le potager, il reste la cueillette sauvage ! Profitez de vos balades dans la nature pour faire votre marché (avec des prélèvements modérés, cela s'entend !) : ail des ours, asperge sauvage, fleurs d’acacias, laiterons, mâche sauvage, pissenlits... aucun entretien pour ces plantes comestibles-là !
Les buttes autofertiles
Parmi les différentes techniques de culture sur butte mises en place en permaculture, il y a celle de Philip Forrer : un cœur de butte fait de bois en décomposition, de l'humus de sous-bois, des déchets verts, de la terre et un paillage épais de foin ou d'herbes tondues. D'après son expérience, on obtient un potager abondant, qui se gère seul ! >> À voir sur YouTube
¹Culture intercalaire : culture de plus d’une espèce sur le même espace, en même temps (cultures hautes avec cultures basses, cultures de croissance lente avec cultures à croissance rapide). Lire : Cultures intermédiaires, intercalaires et de couverture
²Deux citadins néophytes et passionnés font part de 10 ans d'expérience qui leur ont permis d'obtenir un potager prolifique et un beau jardin en y consacrant que quelques jours par mois. « Je ne jardine que le week-end », Sandrine Boucher et Alban Delacour, Collection Facile & bio, Éditions Terre Vivante
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Isabelle c 29/06/2015, à
Bonjour, J'utilise toute les feuilles (les plus coriaces sont broyées) pour pailler le jardin. Par contre je ne connaissez pas l'effet des feuilles de chêne sur les limaces... à tester ! Les copeaux peuvent être utilisés comme paillis avec précaution (http://www.gerbeaud.com/jardin/jardinage_naturel/brf-bois-rameal-fragmente.php). Pour la chasse aux limaces : http://www.gerbeaud.com/jardin/jardinage_naturel/se-debarrasser-des-limaces,1161.html Pour la chasse aux chenilles : http://www.gerbeaud.com/jardin/fiches/chenille.php. Tous le monde n'a pas les mêmes disponibilités dans la journée, ce qui ne veux pas dire que l'amour de jardiner n'est pas là. Et il est tout aussi important dans la vie de cultiver l'amitié de ses proche que les légumes. Et l'un n'empêche pas l'autre, heureusement !
Beaumont 18/06/2015, à Grenoble
Bonjour, Pouvez-vous me donner une solution écologique pour me débarrasser de chenilles et petits escargots qui me mangent mes blettes , ma rhubarbe etc ... Merci
Joeltarlao 12/06/2015, à
Oui, dans 10 ans :-) Blague à part, un paillage de feuilles de chêne fraîches est répulsif pour les limaces et escargots...
Perlemouche 12/06/2015, à Le mans
Alors là , je suis bien d'accord ! pourquoi avoir un potager si on ne veut pas y aller , regarder les salades pousser , s'étonner devant des plantules qu'on n'a pas semées , surveiller les limaces et autres prédateurs ...? Pourquoi juste avoir un jardin , même sans potager , si la croissance des arbustes et des fleurs ne m'intéresse en rien ? Pour moi , tout ce qui concerne lr jzrdin est plaisir . Au potager , tout petit , salades courgettes et potimarons , que je suis sûre de manger ... Merci à toute l'équipe pour ses articles toujours intéressants
Baldi 11/05/2015, à Angerville la martel
Peut on utiliser des copeaux pour pailler au potager ?
Adelgarance 10/05/2015, à Die
Un potager sans entretien, un potager sans effort, un potager sans y mettre les pieds... alors pourquoi avoir un potager ? J'adore arroser en fin de journée par exemple, le soleil est encore là donc je bronze, ça sent bon la fraîcheur dans mon jardin, je suis seule et je profite pleinement de ce moment de tranquillité. Faire son compost, étaler le paillage, planter les piquets pour les haricots, attacher les haricots grimpants etc. etc. ce n'est pas ne rien faire et je préfère passer mes journées au potager que regarder les conneries de la télé ou boire le thé chez une voisine dont je me contrefout de ces commérages... Donc pour moi, vive le travail au jardin !!!
Balto 31 07/05/2015, à St elix le chateau
En automne après avoir travaillé la terre, je la recouvre de moquettes récupérées à la déchetterie. Au printemps ma terre est propre, pas d'herbe. Toutes mes allées sont recouvertes de moquette. Avantage, la moquette laisse passer l'eau. Et l'on peut aller au jardin même après une forte pluie. Et bien sûr je paille avec la tonde de ma pelouse sauf pour les fraisiers je mets de la paille. J'avoue que c'est très agréable de ne pas avoir à désherber sans cesse. J'utilise le goutte à goutte pour arroser ainsi j'ai du temps pour aller à la pêche et faire autre chose ....
Marie-jo 07/05/2015, à Canet 34
Félicitations pour vos articles . Je les attends chaque fois avec impatience. Mais .... quand je commence à ouvrir vos messages .... je ne compte plus mon temps tant ces articles sont riches ,variés et instructifs pour la jardinière amateur que je suis. Merci pour ce plaisir Cordialement.
Jiji45 07/05/2015, à Vilmory
Puis je paillee avec des feuilles de chêne broillees en mars 2025
Mi 07/05/2015, à Toulon
Je fais cultiver un potager par d'autres! Ds la cadre de "je partage mon jardin". Ils le font en permaculture. On verra le résultat. C'est intéressant à voir mettre en place.
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