Produire ses graines au potager : maîtriser la pollinisation
Se procurer des semences adéquates et les cultiver
Il s'agit de semences si possible bio, de variétés fixées, c'est à dire qui conservent leurs caractéristiques de génération en génération. Sont donc exclus les variétés F1, issues de l’hybridation industrielle.
>> Lire : Hybrides F1 et création variétale classique, quelle différence ?
Autopollinisation de la plante : plantes autogames
Ce sont des plantes qui possèdent des fleurs qui se fécondent grâce à leur propre pollen : elles s'autopollinisent et ne peuvent s'hybrider naturellement. Les plantes potagères strictement autogames sont peu nombreuses : ce sont essentiellement les pois. On parle souvent d'autogamie pour l'ensemble des Fabacées (Légumineuses) ; il s'avère cependant que de nombreux cas de pollinisations croisées ont été remarqués chez les haricots, les fèves et beaucoup plus rarement chez les pois chiches.
Plantes allogames : comment éviter les pollinisations croisées ?
Les plantes allogames sont les plantes qui peuvent être fécondées par le pollen d'une autre plante de la même espèce (grâce aux insectes pollinisateurs, ou au vent : lire Qui transporte le pollen dans la nature ?). C'est ce qu'on appelle la pollinisation croisée (lire : La pollinisation : principes et notions rattachées). Ce type de pollinisation peut être la source de croisements entre variétés de la même espèce, plus rarement entre espèces différentes (oignon / ciboule de chine). De nombreuses espèces sont allogames, à des degrés divers (1) :
- les Alliacées (ails, oignons, poireaux, ciboulettes...),
- les Apiacées ou Ombellifères (carottes, céleris, fenouils, panais...),
- les Astéracées (artichauts, chicorées, laitues, tournesols...),
- les Brassicacées ou Crucifères (choux de toutes sortes...),
- les Solanacées (aubergines, tomates...)...`
Pour produire des semences pures à partir de fleurs allogames, il faut :
- Soit isoler les plants porte-graines de variétés différentes, c'est à dire ne pas cultiver deux variétés de la même espèce à moins d'une certaine distance ; cette distance d'isolement dépendant de l'espèce cultivée : 400 mètres à 1 km pour les oignons, 500 à 1 km pour les épinards et les courges, 1 km pour les carottes, 700 à plusieurs kilomètre pour les tournesol... (cette distance peut être considérablement réduite s'il existe une barrière naturelle entre les deux variétés, comme par exemple une haie*).
- Soit ne cultiver qu'une seule variété ou des variétés à floraison décalée, en s'assurant que les distances d'isolement recommandées soient respectées avec les cultures de vos voisins.
- Soit placer une barrière empêchant les insectes pollinisateurs responsables des croisements de butiner toutes les variétés en même temps. Cette barrière peut-être une cage (ou tunnel) recouverte d'une moustiquaire que l'on place sur les plantes portes-graines. Chaque jour, on ouvre puis referme les cages d’une seule variété, en alternant. Cette barrière est efficace si vos voisins ne cultivent pas de variétés différentes des vôtres ou si l'espèce ne risque pas de s'hybrider avec des variétés sauvages que vous pourriez avoir à proximité.
- Une autre solution consiste à ensacher et polliniser les fleurs manuellement : lorsqu’elles sont encore immatures, on les couvre d'un voile. Si l'espèce possède des fleurs qui s'auto-fécondent (tomates), le voile reste jusqu'à l'apparition du fruit, sans que le jardinier ait à intervenir. Si les fleurs ne s'auto-fécondent pas (oignons, ciboulettes...), il faut alors ôter les sachets tous les matins que dure la floraison, et à l’aide d’un pinceau, frotter les fleurs pour faire circuler le pollen d’une fleur à l’autre, en surveillant qu'aucun insecte pollinisateur s'invite à la besogne. Les sachets sont ensuite remis en place.
>> Cas particulier des courges : Courges et courgette : pollinisation manuelle
Laitues et tomates allogames, oui, mais...
Chez les laitues comme chez les tomates, le pourcentage d'hybridation en zone tempérée reste malgré tout faible. Aussi, en laissant une distance de 2 m entre les différentes variétés de laitues, on écarte quasiment tout risque d'hybridation naturelle. Pour les tomates, le risque hybridation naturelle dans nos régions se situe entre 2 et 5%. Ce risque est notamment lié à longueur du style et la proéminence du stigmate de la fleur. Pour les variétés au stigmate et au style discret, aucune précaution n'est à prendre.
Et si on laissait faire la nature ?
Les hybridations naturelles sont à l'origine de nombreuses variétés. En laissant faire la nature, vous pouvez obtenir de belles surprises... comme des décevantes ; un coup de poker !
* Kokopelli
1) chez certaines espèces, la fleur peut se polliniser par son propre pollen mais aussi par le pollen d'autres fleurs.
>> Lire aussi : Récolter ses semences pour le potager : comment, pourquoi ?
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