Améliorer la biodiversité au bassin
Une faune aquatique à attirer et à préserver
On sous-estime fréquemment la diversité animale qu'abrite un bassin. Correctement aménagé et végétalisé, on y rencontre, pour peu que l'eau soit de bonne qualité et qu'il soit installé à l'ombre ou à la mi-ombre, une foule de petites bestioles (lire : Petite faune du bassin) :
- Des insectes aquatiques comme le dytique, la notonecte (munie de 2 grandes pattes) ou le gerris (qui marche sur l'eau)
- Des larves aquatiques d'insectes terrestres : larves de moustique -qui nourrissent les autres habitants carnovores, larve de libellule (impressionnante prédatrice), larve de phrygane (qui s'entoure d'un étrange fourreau de déchets et débris), larve de demoiselle, larve d'éphémère (avec ses 3 queues), larve de chironome (appelés vers de vase et dont l'adulte ressemble à un moustique)...
- Des mollusques ou "escargots d'eau" : limnée, planorbes...
- Des batraciens (ou amphibiens) : crapauds et grenouilles (et leurs larves : les têtards, si amusants à élever), tritons, salamandres...
- Des poissons ;
- Et tous les animaux qui viendront boire : oiseaux, hérissons, petits rongeurs, etc.
Poissons ou pas poissons ?
La présence de poissons dans un bassin (surtout s'ils sont de grande taille) n'est pas favorable à une biodiversité sauvage riche. En effet, les poissons carnivores mangeront les larves d'insectes et de batraciens qui ne pourront alors pas s'installer, quant aux poissons herbivores, ils dévoreront les plantes aquatiques. Par ailleurs, leurs déjections salissent rapidement l'eau et la chargent en nitrates.
Si vous souhaitez absolument avoir des poissons, optez pour 2 ou 3 petits poissons rouges (ils sont omnivores), pas davantage, et nourrissez-les (avec modération) pour éviter qu'ils dévorent plantes et micro faune. Envisagez alors aussi d'installer un système de filtration de l'eau (pompe + filtre + mini cascade pour l'oxygénation).
Un bassin bien végétalisé
Un bassin riche en biodiversité, c'est d'abord un bassin planté : plantes de berges, plantes immergées, plantes flottantes, il faut que votre bassin abrite des végétaux variés pour être accueillant pour la faune.
Chaque type de plante a ses avantages : certaines sont filtrantes et améliorent la qualité de l'eau en captant les nitrates, les phosphates et certains métaux dissous (c'est le principe de la phytoremédiation, autrement nommée phytoépuration), d'autre sont oxygénantes en diffusant dans l'eau l'oxygène produite par leurs feuilles. Beaucoup d'entre elles cumulent d'ailleurs les deux atouts. Et, outre leur effet bénéfique sur la qualité de l'eau, elles offrent des abris, des sites de reproduction et de la nourriture à la faune du bassin, et pour les plantes flottantes ou de surface, elles apportent une ombre salutaire dans les bassins très ensoleillés.
Quelles plantes filtrantes et oxygénantes ?
- Plantes de berges : carex, acorus, menthes, roseaux, iris des marais...
- Plantes flottantes à racine libre : châtaigne d'eau, pistia...
- Plantes de surface à racine enterrée : lotus, nymphéa...
- Plantes aquatiques plus ou moins immergées : hottonie des marais, sagittaire, aponogeton, callitriche des marais, rubanier d'eau, pesse d'eau...
Quelles plantes envahissantes éviter ?
Les plantes à fort développement, voire carrément envahissantes, devront être évitées, car elles ont tendance à envahir tout l'espace (généralement faible dans un bassin) et à empêcher les autres plantes de prospérer. A proscrire :
- les lentilles d'eau (Lemna minor), très jolies mais qui forment un tapis uniforme à la surface de l'eau, que la lumière ne peut pas traverser ;
- les renoncules d'eau, qu'on plante souvent sur les berges mais qui gagnent vite du terrain sur le bassin ;
- les jacinthes d'eau (Eichhornia crassipes), décoratives mais envahissantes sous climat doux ;
- les élodées (Elodea canadensis et Elodea densa), très (trop !) vigoureuses, et même invasives.
Gare aux algues filamenteuses, un fléau pour la biodiversité
Il faudra aussi veiller à ce que les algues filamenteuses ne s'installent pas : elles consomment tout l'oxygène de l'eau, envahissent le bassin et font de l'ombre, ce qui entraîne une perte de biodiversité (eutrophisation du milieu). Un excès de nitrates dans l'eau (par exemple par apport d'engrais azotés à proximité, qui contaminent le bassin par ruissellement des eaux de pluie ou d'arrosage), ou encore une accumulation excessive de déchets organiques (feuilles mortes, déjections de poissons en trop grand nombre...) sont à l'origine du développement de ces algues.
>> Lire : Bassin : comment éviter les plantes envahissantes ?
Des abords de bassin adaptés à la faune
Grenouilles et crapauds ne vivent pas dans l'eau. Ils peuvent y passer des heures (en venant respirer en surface), mais ils aiment pouvoir se cacher hors de l'eau, dans des trous, à l'ombre d'une épaisse végétation ou sous des pierres fraîches. Le mieux est donc de prévoir autour du bassin quelques pierres regroupées, de différentes taille (c'est décoratif de surcroît !), avec de la végétation dense (bambous nains, saules, plantes à grandes feuillles comme le rodgersia...). Ajoutez des prêles décoratives pour apporter un peu de verticalité à l'ensemble.
Parois, profondeur, forme du bassin
Le mieux : plusieurs profondeurs différentes
Un bassin profond n'est pas forcément idéal pour une biodiversité riche. Inversement, avec très peu de profondeur, on ne prive de ceratines espèces végétales (voire animales) qui apprécient plus dizaines de centimètres de fond. Le mieux est que le fond du bassin soit en pente, afin d'avoir plusieurs niveaux de profondeur. Et le must : avoir plusieurs petits bassins de différentes profondeurs, plus ou moins accolés les uns aux autres. Ceci règlera d'ailleurs le problème des poissons carnivores : isolés dans l'un des bassins, ils n'empêcheront pas le reste de la faune de s'installer dans les autres compartiments.
Par ailleurs, prévoyez des pentes douces pour les berges de votre bassin : les parois verticales causent la noyade de petits animaux incapables de sortir de l'eau une fois tombés dans le bassin, et elles empêchent également les jeunes grenouilles et crapauds de quitter le milieu aquatique après leur métamorphose.
Evitez les parois 100% plastique
En ce qui concerne la matière des parois, le plastique (moulé ou bâche), bien que facile à mettre en place et peu coûteux, n'est pas ce qu'il y a de plus favorable à un écosystème équilibré. Le mieux est une matière très légèrement poreuse mais cependant capable de retenir l'eau, comme l'argile ou pierre (car les bactéries bénéfiques à la qualité de l'eau s'y installent plus facilement). A défaut d'avoir des parois 100% minérales, vous pouvez couvrir d'une couche d'argile le fond et les parois du bassin, et/ou disposer une couche de terreau aquatique (ou de la terre de jardin) mélangé à du sable ou du gravier. Placez aussi une ou deux tuiles ou quelques petites pierres : ce sera autant d'abris pour la faune.
Il faut compter un an pour voir s'installer une biodiversité riche dans un bassin correctement aménagé et planté.
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