Nématode de la pomme de terre
Nématodes : le cauchemar des producteurs
Dans les cas d'infestations graves, les dégâts causés par les nématodes peuvent être importants et les récoltes de pommes de terre considérablement réduites (jusqu'à 70%). Ces parasites constituent une réelle menace pour les producteurs, à tel point qu'ils font l'objet d'une surveillance étroite sur le territoire national (lutte obligatoire, mesures de quarantaine...). Pour les jardiniers amateurs, même si l'enjeu est moindre, ces nématodes s'en sont pas moins très gênants : pour éviter quelques déconfitures au moment de la récolte, voici quelques mesures de prévention.
Ditylenchus destructor
Ditylenchus destructor (ou Heterodera destructor) est un nématode qui s’attaque aux racines et aux organes de réserve souterrains (tubercules, rhizomes, bulbes…) de plusieurs plantes cultivées, dont la pomme de terre, l’iris et le bégonia. Ces petits vers ronds, dont la longueur ne dépasse pas 1 à 2 cm à l’état adulte, vivent uniquement dans le sol ; aucun symptôme de l'attaque n'est visible sur les parties aériennes de la plante. Ce n'est qu'au moment de la récolte que le jardinier se rend compte du parasitage : les pommes de terre présentent des nécroses, qui peuvent aller de simples taches décolorées à une peau intégralement noir grisâtre, enveloppant des tissus devenus spongieux. Les parasites sont visibles entre le tissu sain et le tissu nécrosé : on peut observer tous les stades de développement du vers, de l'oeuf à l'adulte, en passant par les larves. Après le déterrage des tubercules, ces derniers sèchent et durcissent ; ils sont impropres à la consommation.
Ditylenchus destructor ne se développe que dans les sols humides. Il passe l'hiver dans le sol (débris de racines, tubercules oubliés) sous forme de larves et d'oeufs, mais il est détruit lorsque la température du sol descend en-dessous de -5°C.
Nématodes du genre Globodera : nématodes à kyste
Le genre Globodera compte une douzaine d'espèces de vers ronds dont la longueur ne dépasse guère le millimètre. Ce sont des nématodes à kyste : les femelles, fixées aux racines (et parfois aussi aux tubercules), forment de petites boules jaunes, blanches ou brunes renfermant des centaines d'oeufs. Ces kystes apparaissent au mois de juin, et les oeufs n'éclosent que grâce à la sécrétion, par la plante hôte, d'une substance particulière : la solanoéclépine A. A défaut de plante hôte, les oeufs peuvent survivre jusqu'à 20 ans dans le sol, bien à l'abri dans leur kyste, en attendant des jours meilleurs... Ces nématodes parasitent les solanacées ; notamment la pomme de terre et la tomate.
Contrairement à Ditylenchus destructor, dont l'attaque est discrète, ces nématodes à kyste impactent les parties aériennes de la plante : son système racinaire étant attaqué, voire détruit en cas de parasitage massif, elle demeure chétive, ne se développe plus ou mal, et peut même se flétrir. Quant aux pommes de terre, elles sont moins nombreuses, plus petites, et peuvent présenter de fines craquelures sur la surface de leur épiderme.
Comment lutter contre les nématodes de la pomme de terre ?
Une fois les nématodes installés dans le sol, il est bien difficile de les déloger. Certes, des nématicides existent, mais en plus d'être très polluants, ils sont dangereux pour l'homme (qui consommera les pommes de terre !), et les nématodes développent, à la longue, des résistances vis-à-vis de ces pesticides chimiques. La recherche agronomique se tourne donc plutôt vers la sélection de variétés de pommes de terre résistantes, ou du moins, partiellement résistantes (les racines sont attaquées mais, dans le cas de Globodera, aucun kyste ne peut se former, ce qui enraye l'infestation).
La première mesure de lutte passe donc par le choix de plants certifiés indemnes de nématodes, et de variétés résistantes. D'autres gestes simples permettent aussi de prévenir des attaques importantes :
- Pratiquer la rotation des cultures : en cas d'attaque observée, ne pas planter l'année suivante des pommes de terre au même endroit ;
- Eliminer les repousses de pommes de terre (et d'autres solanacées) et supprimer un maximum de racines lors de la récolte ;
- Nettoyer soigneusement les outils après chaque intervention au potager (la règle d'or du jardinier !) ;
- Planter de l'ail et de l'oignon entre les rangs de pommes de terre, ainsi que des oeillets d'Inde (les rudbeckias et les gaillardes pourraient également avoir une action anti-nématode : à essayer) ;
- Utiliser l'oeillet d'Inde (Tagetes patula) comme un engrais vert, à semer en avril, et à enfouir dans le sol avant la formation de ses graines ;
- Planter à proximité des plants de pomme de terre de la morelle de Balbis, qui fait office de culture piège pour les nématodes à kyste (l'éclosion des kystes est déclenchée mais les larves ne peuvent pas s'installer sur les racines, et meurent).
- Cultiver ses pommes de terre dans une tour à pommes de terre, en utilisant du terreau.
A noter : tous les nématodes ne sont pas nuisibles ! Certains s'avèrent être des auxiliaires précieux pour le jardinier... Lire notre fiche : Des nématodes auxiliaires pour lutter contre les ravageurs
>> Lire aussi : Parasites et maladies de la pomme de terre
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Hélary 19/08/2014, à Saint malo
Depuis quelques années j'ai constaté des nématodes dans mon jardin avec les dégâts correspondants. Dans le cas de plantation de tagètes (c'est ce que j'ai fait cette année). Que dois-je faire par la suite ? Replantez des pommes de terre ou bien attendre mais combien d'années? J'ai planté cette année des tomates sous abri avec des tagètes autour et j'ai le même problème (d'habitude je plantais de la montfavet hybride mais cette année c'est une espèce inconnue et c'est un échec) merci pour la réponse. Salutations
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