Papillon du palmier, Paysandisia archon

Présentation du papillon du palmier

Le papillon du palmier, Paysandisia archon, est un grand lépidoptère diurne (envergure : jusqu’à 11 cm) aux ailes antérieures marron-olive et aux ailes postérieures rouge-orangé ponctuées de taches blanches et noires. Le papillon du palmier est inoffensif. En revanche, sa chenille peut causer de très gros dégâts. Son corps blanchâtre, plutôt droit et doté de trois petites paires de pattes thoraciques, peut atteindre 8 cm de long pour 1 cm de diamètre. Sa tête brune est munie de grosses mandibules.

Arrivé en Europe par accident, il est présent sur la Côte d'Azur, la Corse, la vallée du Rhône, le littoral atlantique (Charentes), le Gers et l’Île-de-France.

Les espèces de palmier sensibles à ce ravageur

Le papillon du palmier est un ravageur inféodé aux Arecacées, la famille des palmiers. En France, cela concerne une vingtaine d'espèces* : Brahea edulis, Brahea armata, Butia yatay, Butia capitata, Phoenix canariensis, Phoenix dactylifera, Phoenix sylvestris, Phoenix roeblenii, Chamaerops humilis, Livistona chinensis, Livistona australis, Livistona decipiens, Livistona saribus, Trachycarpus fortunei, Thrithrinax campestris, Washingtonia filifera, Washingtonia robusta, Sabal mexicana, Sabal palmetto, Sabal minor...

D'autres facteurs, indépendants de l’espèce, entrent en compte dans la sensibilité des individus : l'âge (les vieux palmiers, plus fibreux, sont plus sensibles), l'état de stress ou bien encore le climat (le papillon aime la chaleur).

>> Un autre ravageur des palmiers : le charançon rouge du palmier

Cycle de vie du papillon du palmier et de sa larve

Les papillons du palmier adultes apparaissent à la fin du printemps, au mois de juin avec les premières grosses chaleurs estivales. Ce sont d’ailleurs aux heures les plus chaudes de la journée qu'il est plus facile de les observer. Démarre, en même temps que les premiers envols, la saison des pontes qui va durer jusqu'à la fin du mois de septembre, avec un pic au cours du mois de juillet et de la première moitié du mois d’août.

Une femelle pond entre 150 et 200 œufs en forme de grains de riz, qu'elle dépose près des jeunes palmes, à la surface des stipes (troncs des palmiers). Les œufs éclosent au bout de 12 à 21 jours. Les jeunes chenilles vont alors se dépêcher de creuser des galeries de 20 à 30 cm de long à l'intérieur du stipe, qu'elles nettoient chaque jour, rejetant à l'extérieur des fibres et des déjections. L'hiver, leur développement s'arrête pour reprendre au printemps. Encore plus affamées, elles reviennent alors vers le bord externe du stipe pour former un cocon brun de soie et de sciure, à l'intérieur duquel elles réalisent leur métamorphose. Il peut y avoir jusqu'à 9 stades larvaire avant la formation de la chrysalide. Au total, le cycle biologique complet dure entre 13 et 36 mois.

Symptômes et dommages provoqués par le papillon du palmier

Il faut attendre plusieurs mois après l'intrusion de la chenille pour observer les premiers symptômes :

• des palmes criblées de trous ;
• des dépôts de sciure collante à la base des palmes ;
• des galeries à la base des palmes et dans le cœur du palmier (repérables au moment de la taille).
• de la gomme (exsudat visqueux) à l'entrée de la galerie forée dans le stipe.

Dans un stade plus avancé (2 ans après l'infestation), on notera:

• des palmes étalées (aspect « parapluie) ;
• le développement anormal des jeunes palmes centrales. Elles peuvent se décrocher si on leur tire dessus ;
• la présence de cocons sur le stipe ou à son pied.
• le jaunissement prématuré et le dessèchement des palmes ;
• le dépérissement du palmier si les larves sont nombreuses.

La précocité de la détection d’une infestation est essentielle en matière de guérison. Attention toutefois : le dessèchement et la perforation des palmes peuvent avoir d’autres origines.

Prévention et contrôle de la chenille du palmier

En prévention, il convient d'inspecter régulièrement les palmiers pour déceler l'éventuelle présence des chenilles. Des insecticides peuvent également être utilisés durant toute la période de vol, mais ils ne sont pas sélectifs et peuvent toucher de nombreuses espèces non-ciblées.

En cas d'infestation, et si le palmier est toujours vivant (les palmes du cœur ne doivent pas se détacher du stipe), il est possible d'intervenir en :

• plaçant des filets anti-grêle blancs sur les arbres afin d'éviter l'envol des nouveaux papillons et l’extension du foyer ;
• détruisant mécaniquement les larves et les cocons par un curetage des galeries ;
• appliquant de la glu sur le haut des stipes pour piéger les femelles venues pondre (se renseigner auprès d’un professionnel agréé) ;
• appliquant des préparations à base de nématodes auxiliaires (Steinernema carpocapsae) parasites de ces chenilles, vendues en jardineries (4 traitements minimum dans l'année).
• pulvérisant de la terre de diatomée. Préconisée par l'Association Fous de Palmiers, la terre de diatomée mélangée à de l'eau et pulvérisée sur le tronc semble assécher les larves. La préparation : 25 à 50 cl de terre de diatomée blanche diluée dans 1L d'eau avec 20 à 40 ml de savon noir naturel (pour l'adhérence).

En revanche, il convient de détruire les palmiers dépérissants ou morts.

À savoir : si vous décidez de conserver l'arbre infesté pour le traiter, les méthodes de lutte devront être effectuées tous les ans, sous peine de voir la contamination reprendre et le palmier mourir.

Si nécessaire, rapprochez-vous d'une entreprise qualifiée pour réaliser l’assainissement (les professionnels ont accès à une préparation à base de spores d'un champignon parasite, Beauveria bassiana) ou l’abattage des palmiers malades.

En cas de symptômes suspects, n'hésitez pas à participer au programme de sciences participatives de l'INRA en signalant la présence du papillon via l'application « Agiir ».

*  Source : fredonoccitanie.com