Pourriture blanche des allium (ail, oignon, poireau, échalote)
Un champignon sélectif

Ail atteint de pourriture blanche
L'ail et l'échalote grise sont les cultures les plus sensibles, mais ce champignon s'attaque également aux jeunes plants d'oignon et de poireau. Sur les uns comme sur les autres, les feuilles extérieures commencent par jaunir, puis la croissance s'arrête et les plantes dépérissent. L'arrachage est facile, car le système racinaire est le premier touché, envahi par des filaments blancs parsemés çà et là de petites sphères noires. Bulbes et caïeux sont attaqués par la base et gagnés progressivement par la pourriture. Les dégâts peuvent se poursuivre pendant la conservation.
Identification
Sclérotium cepivorum (c'est son nom savant) est un des pires ennemis de la famille des Allium. Il s'agit bien d'un champignon puisque l'on retrouve deux organes qui leur sont spécifiques : le mycélium, appareil végétatif formé d'une multitude de filaments envahissants – ici de couleur blanche – et les sclérotes, organes de conservation sphériques formés de filaments entrelacés protégés par une gangue dure – et noire dans ce cas – qui leur permet de survivre lorsque les conditions du milieu deviennent défavorables. Les petits sclérotes de ce champignon (0,5 mm de diamètre) s'avèrent d'une redoutable efficacité puisque leur conservation dans le sol est évaluée à cinq ou dix ans. Et il suffit d'un à cinq sclérotes par kilo de terre pour provoquer de graves dégâts.
Mode de vie

Dégât sur échalote
Fort heureusement, le champignon n'est pas capable de se déplacer dans le sol ! La germination des sclérotes dormants est donc liée à la présence toute proche de racines d'Allium. Ce sont les substances volatiles émises par ces dernières qui déclenchent cette germination. Mais la distance entre les deux ne doit pas excéder 1 cm. Les conditions les plus favorables au développement du champignon sont une température de 17 à 20 °C (mais il est actif entre 10 et 24 °C) et un sol humide non gorgé d'eau.
La maladie peut aussi se transmettre par les bulbes ou par les plants provenant d'une pépinière infectée. Elle se développe ensuite de proche en proche par le contact des racines. Cela se produit parfois dès la plantation ou plus généralement au printemps, lors du grossissement des bulbes. Une partie des sclérotes restent dans le sol avec les racines mortes, d'autres sont involontairement répandus lors de la récolte ou du travail du sol.
Prévenir ou lutter
La culture répétée de plantes sensibles accroît bien entendu le risque de maladie. C'est la raison pour laquelle on conseille généralement de ne pas faire revenir les membres de la famille Allium au même endroit avant un délai de quatre ou cinq ans : une fois de plus, la rotation des cultures au potager est recommandée (voir des modèles de rotation des cultures). Mais en cas de forte infestation, ce délai devrait être porté à dix ans. Il peut être notablement réduit grâce à une culture de glaïeuls. On a constaté en effet que les racines de glaïeuls provoquent la germination des sclérotes mais sont résistants aux champignons. Le mycélium ne peut donc survivre dans le sol sans son hôte.
En l'absence de véritable traitement curatif, le jardinier éliminera les plants atteints dès les premiers signes de dépérissement, en prenant soin de ne pas répandre de sclérotes. Le champignon est en principe détruit lors de la phase chaude du compostage mais celle-ci n'est pas toujours suffisante dans les petits composteurs de jardin.
En prévention, on choisira de préférence des plants certifiés, garants d'un bon état sanitaire, ou des variétés tolérantes. Ainsi, les échalotes de type ‘Jersey' sont rarement atteintes (mais elles sont moins parfumées que l'échalote grise, très sensible). Pour l'ail, des recherches sont en cours mais on ne dispose pas pour le moment de variété résistante, alors que c'est le cas avec certaines variétés d'oignon comme ‘Ailsa Craig'.
Enfin, toujours de manière préventive, on choisira des sols bien drainants (ou des cultures sur buttes) en évitant bien entendu les excès d'azote ou les apports de compost peu mûr (rappelons que l'ail et l'échalote ne nécessitent aucun apport). Le poudrage ou l'enrobage humide des bulbilles avec du lithothamne ou des poudres de roches à la plantation peut contribuer à protéger les Allium.
Des essais de lutte biologique avec des champignons antagonistes (Gliocladium, Trichoderma, Verticilium teneru, etc.) menés dans plusieurs stations de recherche sont sans doute une voie d'avenir intéressante, mais les résultats ont été jusqu'à présent décevants lorsque l'on est passé du laboratoire au champ.
Crédit photos : Université du Mayne (Bruce Watt) ; INRA (I. Vegh)
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