Les plantes lithophytes
Qu'est-ce qu'une plante lithophyte ?
Parler de "plante lithophyte", c'est en quelque sorte un pléonasme. "Litho" signifie pierre, et "phyte" plante : lithophyte, c'est donc une plante qui pousse sur de la roche. La définition exacte du terme lithophyte est : plante qui apprécie (ou est obligée) de vivre sur de la roche.
Ces plantes capables de se développer sur des rochers peuvent se passer de substrat ; tout comme les épiphytes, qui se développent sur d'autres plantes, les lithophytes n'ont pas besoin de s'enraciner dans la terre. Elles se contentent de peu : eau de pluie, quelques débris végétaux, air... Elles vivent à fleur de roche, fixées par des crampons, ou ancrées dans des anfractuosités ou des fissures.
Parmi les lithophytes, on distingue les lithophytes obligatoires, qui ne peuvent vivre que sur des rochers, et les lithophytes facultatives, qui peuvent, selon les conditions, s'adapter à une absence de substrat, ou bien s'enraciner dans le sol, ou encore se comporter comme des épiphytes.
Quelles sont les plantes lithophytes ?
Les lithophytes sont des plantes de petite taille, et pour cause : n'étant pas solidement enracinées, elles ne doivent pas donner de prise au vent, et le peu de nutriments disponibles ne leur permet pas d'atteindre des dimensions importantes. Certaines sont des plantes à fleurs : avec très peu de nutriments, elles parviennent pourtant à fleurir !
Un certain nombre d'entre elles font partie des mousses et des lichens (bien qu'un lichen ne soit pas une plante : c'est un organisme symbiotique formé par l'association d'une algue et d'un champignon), mais il existe aussi, parmi les lithophytes, des algues (par exemple les algues vertes qui se développent sur les vitres ou les éléments de décoration d'un aquarium), des plantes carnivores (Pinguicula, Nepenthès...), des fougères (Platycerium, divers Asplenium...), des orchidées (parmi les genres Epidendrum, Laelia, Dendrobium, Paphiopedilum), des tillandsias...
A noter que les lithophytes strictes sont peu nombreuses. On assimile souvent aux lithophytes les plantes capables de vivre entre les pierres d'un mur, contre une falaise, entre des dalles, dans des graviers... où elles ont à leur disposition de très faibles quantités de matière organique.
Lithophyte, épilithe, rupicole...
Il existe différents termes proches de "lithophytes", parfois même synonymes.
- Epilithe (ou épilythe) : organisme vivant sur une roche. Il peut s'agir d'un végétal, d'un animal, d'un champignon.
- Lithophyte : végétal vivant sur une roche.
- Rupicole, saxicole : qui vit sur une roche.
- Muricole : qui vit sur/contre un mur.
Comment se nourrit une plante lithophyte ?
Comment les plantes lithophytes peuvent-elles se nourrir, puisque contrairement aux autres plantes, elles n'ont pas de substrat dans lequel puiser leurs nutriments ? Pour commencer, pour leurs besoins hydriques, elles profitent de l'eau de pluie, de la rosée, ainsi que de l'humidité de l'air. De nombreuses lithophytes vivent d'ailleurs sous climat tropical ou subtropical, plus humide que nos climats tempérés.
Elles trouvent les sels minéraux indispensables dans l'eau de ruissellement, l'eau de pluie et même dans l'air ambiant ; certaines sécrètent, au niveau de leurs racines, des acides organiques qui dissolvent lentement la roche, libérant ainsi des éléments minéraux et permettant aux racines de s'enfoncer un peu plus profondément. Ces racines peuvent d'ailleurs être très longues, soit pour aller chercher l'eau et les nutriments en profondeur dans la roche, soit pour capter ces derniers en surface des rochers.
Elles disposent également de la photosynthèse, qui leur permet d'élaborer leurs propres sucres et donc leur propre matière, comme toutes les plantes chlorophylliennes, à partir du CO2 de l'air, de l'énergie solaire, et de l'eau captée par les racines.
Les plus chanceuses ont aussi à leur disposition, dans les anfractuosités de la roche dans lesquelles elles se nichent, quelques débris végétaux décomposés, voire leurs propres feuilles mortes (c'est notamment le cas des plantes en coussin, comme on en voit souvent parmi la flore de montagne : les feuilles basales, une fois mortes, se décomposent sous les autres, et libèrent ainsi des nutriments mis à disposition des racines). Les plantes carnivores lithophytes utilisent aussi les insectes qu'elles "capturent" pour en tirer des substances nutritives (les plantes carnivores sont d'ailleurs des plantes qui poussent en sol très pauvre, comme dans les tourbières, où elles ont réussi à subsister grâce aux insectes pris au piège et digérés dans leurs feuilles).
Une résistance hors du commun pour certaines lithophytes
Ces plantes sont de formidables exemples d'adaptation à leur milieu, non seulement pour leur mode de nutrition, mais également pour leur résistance aux conditions de vie. Sur un rocher, les amplitudes thermiques peuvent être très importantes (été/hiver, jour/nuit), avec des chaleurs extrêmes et de fortes gelées, en tout cas sous nos latitudes. Dans certaines zones désertiques ou montagneuses (landes, falaises, éboulis...), elles doivent pouvoir également résister au vent et, en zone très exposées au soleil, aux rayonnements ultra-violets. Enfin, en l'absence de substrat capable de stocker l'eau, elles ont développé des stratégies de résistance à la déshydratation : feuilles ou tiges succulentes, coeur capable de mettre en réserve l'eau de pluie ou la rosée (par exemple chez Asplenium nidus), feuilles duveteuses ou recouvertes d'une cuticule épaisse et cireuse limitant l'évaporation de l'eau...
A noter que plantes alpines et plantes lithophytes ont des similitudes morphologiques ; elles vivent en effet dans le même type de milieu (roches, vent, écarts de température, UV...).
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