Les abeilles sauvages
Abeilles domestiques, abeilles sauvages
Quand on parle d'abeilles, on pense généralement à l'abeille domestique, Apis mellifera, celle qui produit du miel, que l'on a domestiquée et installée dans des ruches. Outre cette abeille à miel, il existe 20.000 espèces d'abeilles dans le monde, dont 1000 présentes en France. Moins nombreuses en terme de population par espèce que l'abeille domestique, et ayant une durée de vie courte au stade adulte (elles volent quelques semaines seulement et il y a une seule génération par an), on les voit moins butiner que les abeilles domestiques qui, elles, sont présentes tout au long de l'année ou presque, grâce au renouvellement des ouvrières. Pourtant, leur rôle de pollinisatrices est capital.
Des abeilles souvent solitaires et pacifiques
Les abeilles sauvages sont, dans 90% des cas, des abeilles solitaires : elles ne forment pas de colonies, n'ont pas de reine et ne fabriquent pas de miel. N'ayant pas de ruche ni de réserve de miel à défendre, elles ne sont donc pas agressives et préfèrent la fuite à l'attaque ; certaines n'ont d'ailleurs même pas de dard (notamment les mâles).
Chaque abeille femelle construit un nid (une galerie dans le sol, dans une tige creuse, un trou dans le bois, obturés par de la boue, des feuilles, de la résine, voire des pétales...) et, après l'accouplement avec un mâle, elle y pond ses oeufs -moins d'une quinzaine en général-, auxquels elle laisse des réserves alimentaires pour le développement des futures larves. Ces réserves se présentent sous la forme de petites boulettes et sont constituées d'un mélange de nectar et de pollen. Chaque oeuf est installé dans une cellule individuelle, avec son petit stock de nourriture.
Bien sûr, il y a aussi des espèces d'abeilles sauvages sociales : ce sont pour la plupart des bourdons (qui sont une catégorie d'abeilles : ils appartiennent en effet eux aussi à la famille des Apidés), qui forment des colonies avec un fonctionnement similaire à celui des abeilles domestiques : une reine, des ouvrières, et quelques mâles reproducteur. Ces colonies d'abeilles sauvages comptent toutefois moins d'individus que celles des abeilles à miel, de l'ordre de quelques centaines (au lieu de plusieurs dizaines de milliers dans une ruche).
Où les abeilles sauvages font-elles leur nid ?
Les abeilles sauvages installent leur nid à différents endroits, selon les espèces :
- Les abeilles terricoles font leur nid dans le sol. Elles représentent environ 70% des espèces d'abeilles solitaires. Elles choisissent un endroit dégagé, sans végétation, de type talus orienté sud, pour avoir une bonne exposition au soleil. Elles y creusent des galeries souterraines et y pondent leurs oeufs. Elles peuvent aussi utiliser des galeries préexistantes.
- Les abeilles caulicoles pondent dans les tiges creuses telles que celles des roseaux ou des ombellifères, et les abeilles rubicoles dans les tiges à moëlle comme celles du sureau, du framboisier, du fusain, du buddléia ou des ronces.
- Les abeilles xylicoles s'installent dans le bois.
- Outre ces différentes catégories, les abeilles sauvages peuvent installer leur couvain dans des endroits variés, selon les opportunités : trous d'aération de fenêtres, anfractuosité de la roche, anciens nids d'abeilles solitaires, coquille d'escargot vide...
Les abeilles maçonnes utilisent de la terre malaxée (osmies), des morceaux de feuilles (mégachiles), de la résine (hériade) pour cloisonner les cellules de leur nid, à l'intérieur d'une galerie ou d'une cavité, et fermer l'entrée du nid afin de protéger les larves des prédateurs. Elles peuvent aussi construire directement leur nid avec ces mêmes matériaux, sans utiliser une cavité ou une galerie.
Les abeilles charpentières, ou xylocopes, creusent des galeries dans le bois mort, tendre ou abîmé.
A noter : certaines espèces d'abeille sont à cheval sur deux catégories et se montrent opportunistes ; l'osmie, par exemple, s'installe dans des galeries creusées dans le bois ou dans des tiges creuses, et elle utilise de la terre pour compartimenter le nid en cellules et en obturer l'entrée. Le xylocope fait son nid dans des galeries creusées dans le bois, mais il peut aussi à l'occasion occuper des tiges creuses.
Quant aux abeilles coucous, elles pondent leurs oeufs dans le nid en cours de construction d'autres abeilles, afin que leur progéniture profite de la nourriture stockée pour les larves de l'abeille qui construit le nid (parasitisme similaire à celui de l'oiseau nommé coucou).
Un rôle essentiel dans la pollinisation
Les abeilles sauvages sont d'excellentes pollinisatrices des plantes à fleurs. Les abeilles domestiques ne jouent pas le rôle principal dans ce domaine : certes, elles sont actives et nombreuses, mais c'est bien l'ensemble des insectes pollinisateurs, dont les abeilles sauvages, qui assure la pollinisation : un vrai travail d'équipe !
En outre, certaines espèces d'abeilles sauvages volent très tôt au printemps et tard à l'automne, ou par mauvais temps, ou tôt le matin et tard le soir, et effectuent donc un travail de pollinisation plus efficace, notamment sur les espèces végétales à floraison précoce ou très tardive. Enfin, les abeilles sauvages sont souvent très poilues : elles retiennent et transportent mieux le pollen que les abeilles domestiques. D'ailleurs, lorsqu'elles élaborent leur nid et préparent les réserves de nourriture pour leurs oeufs, elles stockent le pollen au niveau d'une "brosse" abdominale, ce qui permet une bonne diffusion du pollen d'une fleur à l'autre.
Des abeilles menacées et en concurrence avec les abeilles domestiques
Les abeilles sauvages sont tout aussi menacées que les abeilles domestiques, notamment par les pesticides (néonicotinoïdes notamment). Elles souffrent également de la perte de biodiversité : contrairement à l'abeille domestique qui est capable de butiner sur une grande variété d'espèces de plantes, de nombreuses abeilles sauvages sont inféodées à certaines espèces végétales (selon la longueur de leur langue, elles ne peuvent butiner que certaines fleurs). La collète du lierre, par exemple, ne se nourrit que du pollen et du nectar du lierre. Si l'espèce végétale associée disparaît d'une zone, l'abeille disparaît aussi. Or, la suppression des haies champêtres, la monoculture intensive et l'urbanisation nuisent à la biodiversité végétale. De même, la destruction des habitats naturels prive les abeilles sauvages de leurs sites habituels de nidification, comme c'est d'ailleurs le cas pour les oiseaux et de nombreuses autres espèces animales.
Par ailleurs, les abeilles sauvages sont en concurrence avec les abeilles domestiques : elles visitent peu, voire pas du tout, une fleur qui a déjà été butinée par une autre abeille. Dans les zones où les ruches sont nombreuses, la compétition est réelle et surtout très déséquilibrée, à la défaveur des abeilles sauvages, dont les populations sont beaucoup plus faibles.
Comment aider les abeilles sauvages ?
Pour aider les abeilles sauvages ou les accueillir au jardin, les conseils sont les mêmes que ceux destinés à favoriser les insectes pollinisateurs en général : planter des haies, laisser des coins sauvages avec une flore spontanée, semer ou planter des fleurs mellifères avec des floraisons échelonnées sur toute l'année, laisser un petit tas de bois mort ou un fagot de tiges creuses, installer un hôtel à insectes, un nichoir ou tout autre abri...
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