Zoom sur les pesticides néonicotinoïdes
Les pesticides néonicotinoïdes, c'est quoi ?
Les néonicotinoïdes ce sont des insecticides neurotoxiques, disponibles depuis les années 90'. On parle d'une famille de pesticides, car le terme regroupe en fait 7 molécules : acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride, thiaméthoxame, nitenpyrame et dinotéfurane.
Pour qui, pour quoi ?
Ils sont principalement utilisés pour « protéger » les cultures des insectes nuisibles. Pour se débarrasser des chenilles, des cochenilles, des pucerons... on va jusqu'à « enrober » les graines semées ! Les néonicotinoïdes sont principalement utilisés en agriculture. Insecticides les plus utilisés au monde, ils représentent plus d'un tiers du marché mondial.
À noter qu'on les trouve aussi chez les particuliers et en entreprise, sous forme de biocides et de produits vétérinaires.
Comment agissent les néonicotinoïdes ?
Les néonicotinoïdes sont des produits toxiques qui agissent sur le système nerveux central des insectes, les tue ou les désoriente et impacte durablement leur santé et leur reproduction.
Quel est l'impact des néonicotinoïdes sur la nature et la santé ?
Premières victimes des néonicotinoïdes : les abeilles
Dès les années 90, cherchant une cause à la fragilité soudaine de leurs essaims, les apiculteurs ont commencé à pointer du doigt les néonicotinoïdes. Il était évident que le contact avec ce nouveau pesticide avait des répercussions graves. Même à faible dose, abeilles et bourdons étaient désorientés et ne retrouvaient plus leur ruche. C'est peut-être cela qui a réveillé les consciences, car qui peut imaginer un monde sans abeilles ?
Toute la nature en danger
L'utilisation intensive et prolongée dans nos campagnes de ces substances chimiques toxiques et faiblement biodégradables, a des répercussions sur l'ensemble des insectes, y compris les abeilles et les papillons, mais aussi d'autres animaux, à commencer par prédateurs d'insectes ou ceux qui mangent les graines contaminées (oiseaux, taupes, mulots, chauve-souris...), ainsi que nos précieux vers de terre. Les oiseaux meurent par intoxication directe (consommation des graines) ou indirecte (consommation d'insectes ou d'animaux contaminés). Si on ajoute la diminution radicale des insectes, on peut en partie expliquer la baisse inquiétante des populations d'oiseaux en France et en Europe.
Après les animaux, on peut aussi parler de la terre, contaminée durablement, des fleurs sauvages, des nappes phréatiques... Les impacts négatifs, biologiques et écologiques des néonicotinoïdes sont impressionnants, et surtout, à grande échelle.
Un danger aussi pour l'homme
Les dangers des pesticides néonicotinoïdes pour l’homme sont difficiles à quantifier précisément, mais si la contamination de notre environnement est généralisée, avec comme point de départ nos cultures, il est aisé d'en déduire que d'une façon ou d'une autre, le poison arrive à nous. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) met d'ailleurs déjà en garde contre deux de ces insecticides néonicotinoïdes : l'acétamipride et l'imidaclopride.
Dans tous les cas, c'est une question à surveiller de près tant l'enjeu est important : toxicité neurologique, perturbations endocriniennes, cancers... Encore plus si on prend en compte le fait que les effets des produits toxiques peuvent se cumuler, voire se décupler en se combinant (c'est ce qu'on appelle l'« effet cocktail »)...
Néonicotinoïdes : où en est-on ?
2013, les néonicotinoïdes pointés du doigt par l'Europe
En 2013, l’Union européenne a décidé d’interdire, pour les cultures de plein champ (les serres ne sont pas concernées), l’utilisation de trois néonicotinoïdes : clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride. Une décision prise au regard de plusieurs études scientifiques, qui ont prouvé la toxicité de ces pesticides sur les abeilles et les bourdons.
2018, les néonicotinoïdes bannis en France
Le 1er septembre 2018, c'est la date choisie par la France pour interdire l'utilisation de tous les néonicotinoïdes dans les champs. Des dérogations sont encore possibles jusqu'au 1er juillet 2020, mais le pas est énorme.
Le désespoir des agriculteurs
Les agriculteurs dénoncent « une impasse technique dramatique ». Ils estiment qu'avant d'interdire, il aurait fallu chercher et proposer des solutions. Il semble pourtant que des alternatives existent, moins radicales certes, mais assez efficaces dans la majorité des cas, d'où les dérogations pour les cas spécifiques.
Il faut rester vigilant
Cette décision française est une belle victoire. Il faut cependant rester vigilant ! D'une part, l’Union des industries des pesticides (UIPP) a attaqué en référé le décret du 30 juillet 2018, d'autre part les néonicotinoïdes sont encore autorisés et largement utilisés en France comme biocides et médicaments vétérinaires (produits antipuces pour chiens et chats...). Il ne faut pas oublier non plus que de nombreux autres pesticides mériteraient d'être interdits. Bref, le combat continue...
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