Miel de manuka : qu'a-t-il de plus que les autres ?
Le miel de manuka, la star des miels
Un miel d'exception ?
Le miel de manuka nous est présenté depuis une dizaine d'années comme un miel exceptionnel. Sa couleur plutôt foncée, son goût prononcé, son nom qui sonne bien, son prix élevé (nettement plus élevé que la plupart des autres miels monofloraux), ses origines néo-zélandaises à la fois exotiques et vaguement mystérieuses, sa nouveauté (on est toujours friand d'innovation et de découverte) : autant de caractéristiques qui contribuent à l'image très positive dont bénéficie ce miel dans l'esprit du consommateur.
Qu'est-ce que le manuka ?
Le manuka est un arbuste originaire d'Australie et très répandu en Nouvelle-Zélande. Leptospermum scoparium, aussi appelé arbre à thé de Nouvelle-Zélande ou myrte de Nouvelle-Zélande, n'a pourtant rien de commun avec le tea tree (Melaleuca alternifolia) ni avec le myrte commun (Myrtus communis), si ce n'est qu'ils appartiennent tous à la famille des Myrtacées et que ce sont des arbustes persistants et aromatiques.
Le manuka fleurit tout au long de l'année dans son milieu naturel, avec une floraison parfumée particulièrement abondante au printemps et en début d'été, très mellifère et appréciée des abeilles.
Le miel de Manuka a-t-il quelque chose de plus que les autres miels ?
Le miel de manuka est réputé pour ses propriétés antibactériennes et cicatrisantes. Il est utilisé en prévention et pour le traitement des infections respiratoires (1 à 2 cuillers à café par jour), l'antisepsie et la cicatrisation des brûlures et des ulcères, ou encore le soin des lésions cutanées notamment aggravées d'une infection nosocomiale à germe résistant.
Objectivement, le miel de manuka a une composition assez semblable à celle des autres miels. On y retrouve les mêmes composés chimiques, en particulier les mêmes substances antibactériennes que dans les autres miels : peroxyde d'hydrogène et méthylglyoxal.
C'est à ce dernier, le méthylglyoxal, que le miel de manuka doit sa célébrité : on a d'abord pensé que seul ce miel néo-zélandais contenait ce composé à l'action antibactérienne (efficace sur de nombreux germes, y compris des germes multi-résistants ou dangereux tels que certains entérocoques, Streptococcus pyogenes ou encore Staphylococcus aureus). Depuis 2008, le méthylglyoxal a été recherché et retrouvé dans les autres miels. Cependant, c'est le miel de manuka qui est le plus riche en cette substance, ce qui lui permet de conserver une partie de son prestige et de ses arguments commerciaux (la teneur en MGO est indiquée par un indice figurant sur l'étiquette : un indice de 100 correspond par exemple à 100 mg de MGO par kg de miel).
Deux choses à noter
- le méthylglyoxal est présent, outre dans le miel, dans d'autres aliments tels que le café, certains fruits (pommes), le soja. La substance n'a donc rien de spécifique.
- les propriétés cicatrisantes du miel ne sont pas liées à sa teneur en MGO, mais à sa teneur en sucre (par osmolarité, le plasma et la lymphe sont attirés par le miel, ce qui engendre une meilleure irrigation sanguine des plaies -favorable à une bonne cicatrisation- et un meilleur drainage lymphatique permettant de réduire les oedèmes. Tous les miels sont donc cicatrisants.
Un produit à la pointe du marketing
Le miel de manuka est un produit qui fait l'objet d'un marketing très étudié. D'abord, son emballage le distingue des autres miels au premier coup d'oeil : un pot de petite taille, souvent carré, noir, une étiquette au graphisme épuré, un nom à consonnance anglo-saxonne, et puis ce chiffre (258+, 10+...) qu'on lui accole systématiquement en gage de son efficacité.
Le miel de Manuka se positionne clairement comme un produit de luxe, rare et précieux, presque un médicament, pas du tout comme un produit de consommation courante dont on napperait les tartines beurrées du petit déjeuner.
Que signifient MGO, IAA et UMF ?
Outre MGO (pour MéthylGlyOxal), on voit apparaître d'autres acronymes sur les étiquettes de miel de manuka : OMA (Organic Manuka Active), UMF® (Unique Manuka Factor), IAA® (pour Indice d'Activité Antimicrobienne, traduction française de l'anglais NPA : Non-Peroxyde Activity). Le consommateur ne sait guère quelle réalité scientifique se cache derrière ces acronymes mystérieux, et le flou semble savamment entretenu.
UMF® et IAA® sont d'ailleurs des marques commerciales déposées : preuve, s'il en est, de l'enjeu commercial dont fait l'objet le miel de manuka. Le méthylglyoxal est donc présent dans tous les miels, mais seul le miel de Manuka a le droit de mentionner cet indice sur son étiquette.
Notre avis sur le miel de manuka
Ce miel peut tout à fait être utilisé pour accélérer la cicatrisation des plaies (en pansement), soigner les peaux à tendance acnéique ou prévenir un rhume : il n'est ni dangereux, ni inefficace. Cependant, on peut se poser la question du rapport qualité-prix. Bien que moins riches en MGO, les autres miels ont cependant des vertus similaires : il n'est pas certain qu'ils soient moins efficaces. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'ils sont moins onéreux !
En outre, l'huile essentielle de manuka, obtenue par distillation des rameaux du même arbuste que celui que butinent les abeilles pour élaborer le miel de manuka, possède les mêmes propriétés antiseptiques que le miel de manuka. Si vous souhaitez préparer des masques purifiants pour les soins de la peau, ou des pansements cicatrisants, mélangez 1 ou 2 gouttes de cette huile essentielle à une cuillerée à soupe de miel millefleurs produit localement : ce sera plus économique et sans doute tout aussi efficace.
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