Maladie de l’encre : la résurgence d’une maladie ancienne
Les agents pathogènes en cause
Phytophthora cinnamomi et Phytophthora cambivora sont des oomycètes, des microorganismes proches des champignons. Ces agents pathogènes s’installent sur les radicelles, puis se développent et progressent en détruisant les racines des plus petites aux plus grosses, parfois jusqu’au collet des plantes.
La maladie progresse en ilôts, en contaminant peu à peu les arbres aux alentours : les spores produites par ces microorganismes sont capables de se déplacer sur de courtes distances dans l’eau du sol. Ils peuvent aussi être disséminés par le déplacement de plants ou de substrat contaminé.
Responsable de dépérissements et d’abattages massifs parmi les châtaigniers et les chênes, la maladie de l’encre atteint de nombreuses espèces d’arbres et de plantes ornementales. Parmi elles, le pin, le noyer, le rhododendron, l’avocatier, ou encore l’eucalyptus.
Symptômes de la maladie de l’encre
- Des racines nécrosées : les racines infectées sont noires, dépérissent et pourrissent après l’infection.
- Des troncs nécrosés et des suintements noirs : lorsque le système racinaire est très endommagé, des nécroses apparaissent sur le collet ou sur le tronc. De la sève noire s’en écoule, donnant son nom à la maladie de l’encre. Ce symptôme est plutôt visible chez le chêne : le châtaignier, dépérissant plus vite, a moins souvent le temps d’exprimer ce symptôme.
- Des feuilles et des fruits de taille réduite : la destruction racinaire empêche l’arbre de s’alimenter correctement en eau. Ses différents organes s’en trouvent affectés.
- Le dépérissement : l’arbre perd ses feuilles et dépérit plus ou moins rapidement. La mort peut être très brutale chez le châtaignier, en particulier sur les jeunes plants.
Une maladie favorisée par les climats doux et humides
Pour prospérer, P. cinnamomi et P. cambivora ont besoin d’un sol humide et de températures hivernales douces : c’est pourquoi la maladie est plutôt présente dans les régions sous influence océanique, en particulier dans les forêts du Nord-ouest de la France et en Île-de-France.
Décrite depuis le XIXe siècle en Europe, la maladie de l’encre a provoqué de gros dégâts dans les châtaigneraies à fruits jusqu’à la moitié du XXe siècle. Elle a fait son grand retour dans les forêts françaises à la suite de l’alternance entre des périodes humides favorisant le développement du phytophthora, et des périodes de sécheresse, accélérant l’affaiblissement des arbres touchés.
Selon l’INRA, le réchauffement climatique serait favorable à la maladie de l’encre, qui pourrait s’exprimer sur l’ensemble du territoire.
La propagation de la maladie et le dépérissement des arbres impactent les écosystèmes et ont de lourdes conséquences sur la filière châtaigne et la sylviculture. Dans les forêts touchées, des coupes et replantations massives d’essences résistantes sont en cours pour renouveler les populations d’arbres. Le dépérissement des arbres entraîne également un danger pour les promeneurs.
Prévention et lutte
Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif permettant de soigner les arbres de la maladie de l’encre. La lutte passe par des méthodes préventives, comme l’utilisation de porte-greffes ou d’essences résistantes, et un contrôle soigneux des plants avant la plantation. Il convient de renoncer à la plantation d’espèces sensibles en zone infectée, ou dont les conditions sont favorables à la maladie.
Prendre part à la lutte contre la maladie de l’encre
L’application Vigil’encre, lancée par l’INRA, sert au signalement de la maladie de l’encre du châtaigner. Cette application permet le recueil de données de terrain, utiles pour mieux connaître la maladie, son aire de répartition et assurer une gestion sanitaire efficace.
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