Purin de fougère contre pucerons : le test
Le purin de fougère à l'essai
Avant le traitement, la prévention
C’était au printemps dernier : des plants de thym, que je souhaitais planter au potager, attendaient sagement dans la serre, posés à même le sable. Mauvaise surprise : les racines étaient couvertes de pucerons. Autour, une noria de fourmis... Ce genre de désagrément n’est pas rare au jardin. Dans certains cas, les attaques de pucerons peuvent avoir des conséquences redoutables, notamment sur les arbres fruitiers. Ces dégâts peuvent être maîtrisés, à condition de prendre le problème par le bon bout ! Celui de la prévention. La présence de fleurs, d’arbres et d’arbustes, notamment aux abords du jardin, est impérative pour nourrir et abriter coccinelles, syrphes et autres insectes auxiliaires, dont l’insatiable appétit limitera considérablement les populations de pucerons.
En cas d’infestation, que faire ?
Le pyrèthre, dont l’action atteint indifféremment tous les insectes, ne doit être utilisé qu’en dernier recours. Dans de nombreux cas, le savon noir a fait ses preuves. Mais quid de l’efficacité des préparations à base de plantes (1) ? Parmi celles-ci, la fougère aigle est réputée pour son action anti-puceron. C’est ce que nous avons voulu vérifier en proposant aux abonnés du magazine Les 4 Saisons du jardin bio de tester le purin de fougère dans leur jardin, en partenariat avec le Jardin botanique de Lyon.
L'expérience
Protocole
Une trentaine de lecteurs a participé à cette expérimentation, dont une dizaine qui a pu aller au bout de la démarche et nous a fait part de ses résultats. Pour faciliter la comparaison des résultats, tous les participants ont utilisé le même purin, fourni par Jean-Claude Chevalard, “orticien” (producteur d’extraits fermentés). La préconisation était de pulvériser le purin de fougère dilué à 10 % (dans de l’eau non traitée) dès la présence d’une pullulation de pucerons, et d’observer les résultats à 1, 3 et 7 jours. Les plantes les plus attaquées ? Au jardin d’ornement, les rosiers. Plus rarement, géraniums, seringats (Philadelphus), cotoneasters. Au potager : choux, haricots, fèves... Et au verger : cerisiers, pommiers et pruniers.
Résultats
Le purin de fougère a démontré une réelle efficacité, observable dans la plupart des cas au bout de 3 à 7 jours, quels que soient les pucerons traités (la plupart du temps, pucerons noirs ou pucerons verts). Certains jardiniers ont cependant noté qu’il leur avait fallu plusieurs traitements, à une semaine d’intervalle. Quelques expérimentateurs ont également utilisé le savon noir en complément, avec succès : un traitement à répéter à chaque apparition des colonies de pucerons.
Quant au jardin botanique de Lyon, il a également conclu à l’efficacité du traitement, « de l’ordre de 85 %, aussi bien sur puceron vert que noir », selon Noël Poyet, responsable du jardin. « Nous avons effectué une application avec du purin de fougère fin février sur différents petits foyers de pucerons présents dans nos serres chaudes » explique-t-il. « Trois plantes étaient infectées : Calliandra et Hedychium horsfieldii (pucerons noirs) et Calanthe aurea (pucerons verts). La grande difficulté pour apprécier l’état de mortalité réside dans le fait que les parasites restent sur le végétal, alors qu’avec un produit classique, ils se détachent, ce qui donne un indice pratiquement immédiat sur l’efficacité du traitement. D’après nos observations, nous avons situé le temps de réponse entre 5 et 10 jours à partir de la pulvérisation. »
Qualité de la recette
La réussite de ce purin tient à la qualité de sa fabrication. Fabriquez-le vous-même, en suivant ces quelques indications et en utilisant de préférence la fougère aigle (Pteridium aquilinum), que l’on trouve en forêt. Le purin se prépare selon les mêmes règles que le purin d’ortie : 1 kg de feuilles dans 10 litres d’eau, mis à fermenter durant une dizaine de jours. Veillez à remuer une fois par jour environ. Filtrez pour conserver dans un bidon, au frais et à l’obscurité.
Enfin, voici quelques points à retenir pour garantir une bonne efficacité du traitement :
- observez la présence ou non d’insectes auxiliaires (coccinelles, chrysopes…) avant d’intervenir
- utilisez impérativement de l’eau de pluie lors de la préparation de la pulvérisation
- traitez localement, là où les pucerons pullulent
- observez attentivement ce qui se passe les jours qui suivent
- n’hésitez pas à renouveler le traitement si nécessaire
(1) Le Grab (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique) mène des essais sur différentes plantes. Nos remerciements à Jean-Claude Chevalard, de la société J3C, qui a aimablement fourni le purin de fougère aux expérimentateurs.
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