Inule visqueuse : insecticide et fongicide naturel ?

L'inule visqueuse : quelle est donc cette plante ?

L'inule visqueuse (Dittrichia viscosa) est une grande plante herbacée appartenant à la famille des Astéracées. Sauvage vivace, ses tiges ramifiées et ligneuses forment un petit buisson au feuillage dense de 50 à 150 cm de hauteur, couvert de poils glanduleux libérant de la résine camphrée, ce qui rend la plante collante.

Les nombreuses inflorescences, des capitules jaunes aux longues ligules rayonnantes, s'épanouissent du mois d'août jusqu'au mois d'octobre, voire novembre. Pollinifères et nectarifères, elles sont une aubaine pour de nombreux pollinisateurs, à l'approche de l'hiver.

L'inule visqueuse est une « mauvaise herbe » méditerranéenne qui pousse au bord des chemins, sur les terrains en jachère ou au milieu des garrigues ouvertes. Toutefois, depuis une quinzaine d'année, on la rencontre de temps en temps hors de sa zone de prédilection. Tenue éloignée des cultures par les agriculteurs et les jardiniers, on s’aperçoit aujourd’hui qu'elle peut rendre un certain nombre de services.

L'inule visqueuse pour lutter contre la mouche de l'olivier

L’inule visqueuse attire les abeilles mais pas seulement. Une mouche, Myopites stylata, aime pondre dans ses fleurs qui se transforment alors en galle. Les larves de Myopites attirent à leur tour un "hyper parasite" (parasitoïdes), Eupelmus urozonus, qui va pondre à son tour dans la galle ; les larves de Eupelmus urozonus se nourrissant d'une partie des larves de Myopites.  Au printemps, Eupelmus urozonus sort de la galle tombée au sol et va pondre cette fois-ci dans l'olive parasitée par la mouche de l'olivier (Bactrocera oleae). Cette fois-ci, la larve de Eupelmus urozonus va se nourrir de celle de Bactrocera oleae.
En s'installant, ce cycle réduit petit à petit les populations de la mouche de l'olivier.

Malheureusement, Myopites stylata a subi les effets néfastes de l'usage des pesticides. Il ne suffit donc pas d'introduire de l'inule visqueuse dans les cultures pour combattre la mouche de l'olivier ; il faut aussi réintroduire son parasite (en récoltant des galles) pour enclencher le cycle salvateur.

L'inule visqueuse pour fixer les insectes auxiliaires dans les cultures

L'inule visqueuse, riche en pollen, sert de garde-manger (par ses fleurs mais aussi par son feuillage pour certaines larves d'auxiliaires) et d'abri à de nombreux insectes auxiliaires utiles pour lutter contre les ravageurs : chrysopes, guêpes parasitoïdes, syrphes…

Sur le même principe cité précédemment, elle attire (et englue) également des pucerons bien appréciés par les guêpes parasitoïdes, les coccinelles et les larves de nombreux autres auxiliaires.

L'inule visqueuse : un fongicide naturel

Des études ont montré que l'inule visqueuse possède des substances chimiques aux propriétés antifongiques utilisables pour lutter contre plusieurs maladies des plantes. Faisant suite à ce constat, une entreprise de recherche et développement perpignanaise spécialisée dans la valorisation de produits naturels pour l'agriculture (Akinao), s'est lancée dans l'élaboration d'un biofongicide à base d'inuline visqueuse pour traiter des maladies telles que la moniliose sur arbres fruitiers ou bien le mildiou de la vigne.

À surveiller...

L’inule visqueuse possède un certain nombre de caractéristiques (production prolifique de graines voyageuses ; pouvoir germinatif des graines même en milieu sec...) qui peuvent la rendre invasive. Mais peu de cas semblent être référencés en France.