La géo-ingénierie, pour lutter contre le réchauffement climatique
Qu'est-ce-que la géo-ingénierie ?
La géo-ingénierie autrement nommée « intervention climatique » ou « génie climatique » regroupe des techniques d'artificialisation de notre environnement et de modification du climat.
Cette pratique scientifique n'est pas nouvelle, en témoigne la fameuse "Opération Popeye" menée lors de la guerre du Vietnam par les États-Unis, qui a valu un réveil des consciences lorsque l’ONU a promulgué en 1977 la « Convention sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles » (ENMOD).
Cependant de nos jours, la géo-ingénierie est plus que jamais d'actualité et constituerait une alternative pour lutter contre le réchauffement climatique au cas où l'atténuation souhaitable d’émission de gaz à effets de serre serait insuffisante et l'adaptation des populations ne pourraient être réalisée. Les Etats, mais aussi de nombreuses entreprises du secteur privé y travaillent avec acharnement.
Quelles sont les techniques de géo-ingénierie liées à la protection contre le réchauffement climatique ?
Il existe deux courants majeurs en géo-ingénierie pour lutter contre les effets du réchauffement climatique :
- Le captage à la source ou dans l'atmosphère de CO2, par des moyens aussi étonnants que de gigantesques aspirateurs, d'arbres artificiels sur les grands axes routiers, d'arbres "à algues" en zones urbaines capables de transformer le CO2 en énergies ou en polymères, le puits à chaux, la fertilisation des océans avec du fer pour stimuler la prolifération d'algues et de phytoplancton capables d'absorber une quantité élevée de gaz carbonique... Notez qu'une usine d'extraction de CO2 et de minéralisation de celui-ci est déjà en fonctionnement en Islande (1) ;
- La gestion du rayonnement solaire grâce à des systèmes de miroirs placés dans l'espace, l'injection d'aérosols soufrés dans la stratosphère pour reproduire l'effet de l'éruption volcanique du Pinatubo et donc induire une baisse de température sur la planète, ou la diffusion de particules de sel dans les nuages au-dessus des océans afin d'augmenter la réflexion du rayonnement solaire incident. Autre option, augmenter l'albédo terrestre en peignant les toitures et les routes en blanc afin de réfléchir au mieux les rayonnements solaires. Qu'en sera-t-il des noirs panneaux photovoltaïques, telle est la question...
Bien sûr, des pratiques plus écoresponsables sont également étudiées dans le cadre de la géo-ingénierie comme le reboisement, l'agroforesterie, la création de biochar par pyrolyse de biomasse, cependant, elles n'attirent pas autant que les technologies en développement de captage de CO2 et de gestion du rayonnement solaire, nouvelle manne financière pour les nombreuses start-up qui planchent déjà sur le sujet.
Quelles sont les limites de la géo-ingénierie ?
Bien qu'apportant des solutions concrètes à la lutte contre le réchauffement climatique, la géo-ingénierie pose d'évidents problèmes environnementaux, sociétaux et éthiques.
Des conséquences peu étudiées
Outre les armes de guerre et d'influence qu'elles sont à même de constituer, toutes ces techniques de modification du climat testées ponctuellement ou seulement modélisées, n'ont pas vraiment fait l'objet d'études d'impact environnemental très poussées sur leurs conséquences futures. Ainsi, elles pourraient provoquer bien des phénomènes irréversibles sur notre biotope, d'autant que certaines d'entre elles constituent des expériences à l'échelle planétaire.
Créer des nuages, stocker le carbone sous diverses forme sous la terre ou les mers, modifier le pH des océans et favoriser la prolifération d'algues constituent autant de points dont on ne connaît pas encore totalement les potentielles répercussions futures, ni la dangerosité de ces projets. Sans oublier que l'injection de particules soufrées dans la stratosphère, solution la plus souvent envisagée, aurait une résultante catastrophique en cas d'arrêt soudain du processus, puisqu'une augmentation drastique et brutale des températures serait alors à prévoir selon les modélisations.
Un frein à la diminution de l’émission des gaz à effet de serre
La géo-ingénierie permet d'alléger le poids de la responsabilité de l'Humain sur le changement climatique et exonère les dirigeants du caractère d'urgence concernant les mesures concrètes de réduction de gaz à effets de serre qui seraient à prendre dès à présent. Elle favorise ainsi la procrastination, puisque malgré une progression de la croissance, des solutions technologiques nous viendront forcément en aide...
Un vide juridique
Les technologies liées au génie climatique ne sont pas encore encadrées juridiquement au niveau international. Un consensus devra être mis en place afin qu'aucun pays ou groupe de nations ne puisse s'autoproclamer "gestionnaire du climat planétaire" pour des raisons évidentes de sécurité mais aussi d'égalité.
On est droit de se poser cette question : pourquoi envisager des expériences d'apprentis sorciers alors que nous avons déjà une solution toute trouvée par une décroissance et la baisse des émissions de GES qui en découle !
Pour en savoir plus :
(1) Projet ORCA. National Geographic
Rapport REAGIR 2014 ANR
Manipuler le climat, dernier rempart contre le réchauffement planétaire. Cités des Sciences
Le Captage et Stockage géologique du CO2 (CSC) en France. ADEME
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