Agroforesterie : principes et avantages
L’agroforesterie : un concept évolutif
L'agroforesterie désigne l'ensemble des pratiques qui associent arbres et cultures (et/ou élevage d'animaux) sur une même parcelle, en s'inspirant de l'écosystème équilibré de la forêt. Dans les faits, l'agroforesterie existe depuis les débuts de l'agriculture (sur des papyrus datant de plus de 3 000 ans, des arbres nourriciers sont représentés au sein de jardins familiaux). Elle n'est cependant conceptualisée qu'à la fin des années 70 par des chercheurs canadiens qui avaient pour objectif de définir un mode de gestion de la forêt, en association avec l'agriculture et l'élevage, permettant d'optimiser l'usage des terres en milieu tropical. Vingt ans après, le concept arrive en France, dans un contexte où l'arbre champêtre (bosquets, prés-vergers, haies et arbres dans les champs) a presque totalement disparu du paysage, d'abord avec l'arrivée des tracteurs, puis de façon systématique avec le remembrement foncier des années soixante.
Appauvrissement de la biodiversité, érosion hydrique et éolienne des sols entrainant la baisse de leur fertilité... les répercussions écologiques et sur l'agriculture (productions comprises) de cette éradication sont immenses.
Dans ses débuts, l'agroforesterie française reste « timide » ; elle se résume à la simple introduction d’alignements d’arbres pour le bois d'œuvre dans les parcelles agricoles. De nos jours, le concept est bien plus complexe et englobant, que ce soit dans les formes d'intégration de l'arbre aux cultures (haies, ripisylve), dans l'usage des arbres (production fruitière, production fourragère, bois de chauffage, BRF, etc.), ou dans ses modes de gestion (valorisation de la végétation spontanée, création de trognes, etc.).
Les principes de l'agroforesterie
Le concept d'agroforesterie s'appuie sur plusieurs principes, comme :
- le modèle résilient de l'écosystème forestier (un sol fertile autosuffisant, avec une couverture du sol permanente, l’absence d'un travail sol, une diversité des essences, etc.) ;
- le modèle productif multistrates de la savane (un milieu semi-ouvert qui optimise la captation des rayons du soleil grâce à la complémentarité des différentes strates, herbacée, arbustive et arborée) ;
- l'équilibre par la diversité et la complémentarité des espèces cultivées ;
- l'arbre producteur de biomasse (feuillage, bois morts, BRF) pour nourrir le sol ;
- l'arbre générateur d'un microclimat favorable (il rafraîchit l’atmosphère l'été, il protège du vent, il maintient de l'humidité à proximité de ses racines, etc.) ;
- l'arbre, élément d'un système agroécologique global (l'implantation des arbres dans un système agricole doit se faire en complémentarité avec la mise en place de techniques culturales contribuant à la conservation des sols, comme les couverts végétaux ou le semis direct)...
Les atouts de l'agroforesterie
Forte de cela, l'intégration d'arbres dans le système agricole apporte de nombreux avantages interdépendants, comme :
- la restauration et l'entretien de la fertilité des sols, ainsi que la limitation de leur érosion ;
- une meilleure gestion de l'eau (le système racinaire profond de l'arbre crée des conditions qui favorisent l’alimentation en eau et en minéraux des cultures de surface) avec une limitation du ruissellement ;
- le développement de la biodiversité (les différentes strates d'arbres permettent d'accueillir une faune diversifiée, dont les fameux insectes auxiliaires et pollinisateurs) ;
- une augmentation des rendements due à l'optimisation de l'utilisation des ressources (eau, soleil) du milieu*, mais également aux premiers avantages cités ci-dessus ;
- la diversification des revenus de l'exploitation agricole (production de bois d’œuvre, de petits fruits, de fourrage, etc.).
Et à une plus grande échelle :
- la contribution à la lutte contre les problématiques climatiques (les arbres ont une forte capacité d’absorption et de stockage du CO2) ;
- la participation à la mise en place de corridors écologiques...
L'agroforesterie en pratique
En France, diverses initiatives impliquant la mise en pratique de techniques culturales d'agroforesterie voient le jour et portent leurs fruits. Cela peut prendre différentes formes : la restauration d’arbres têtards (frêne, chêne, saule blanc, etc.) pour la production de bois de chauffage, l'introduction de bandes de taillis linéaires avec des essences à croissance rapide (saule, peuplier, tilleul, sorbier, etc.) pour la production de biomasse et/ou pour offrir de l'ombre au bétail, la plantation de haies pour se protéger du vent et/ou pour cultiver des fruits, ou bien encore la plantation d'arbres (fruitiers ou non) dans les parcours enherbés des poules pour les protéger du soleil, du vent et des rapaces, et les inciter à utiliser toute la surface disponible (lire aussi : Lâchez les poules au verger !). À chaque système d'exploitation d'inventer ce qui est le plus adapté à sa situation.
*Une expérimentation INRA sur un système blé-noyers a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 ha produisait plus ou mieux. Source : Association Française d'Agroforesterie - www.agroforesterie.fr
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