L’entomophagie : manger des insectes pour sauver la planète ?

Une histoire de culture

Si manger des insectes est une pratique tout à fait courante dans certains pays comme la Thaïlande, le Mexique, la Chine, certaines zones d'Afrique ou d'Australie où elle demeure séculaire, il en est tout autre dans nos contrées où croquer des sauterelles, des grillons ou des vers semble répugnant.
Tout n'est donc qu'une question d'habitudes culinaires !
Il existe cependant un département français où les larves de guêpes constituent un mets très recherché pour sa qualité gustative inimitable : l'île de la Réunion !

En Europe, la polémique va bon train depuis l'acceptation légale de farines d'insectes (grillons domestiques) qui peuvent désormais être introduites dans des biscuits, des pâtes ou du pain. Ces farines ont été, après plusieurs années de tests, déclarées sans danger pour la consommation humaine par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et ce, depuis janvier 2023. Antérieure, la décision d'autoriser les produits à base d'insectes comme les vers de farine, les crickets ou les grillons a quant à elle été prise en 2021.
Seuls les Pays-Bas et le Danemark ne font pas la grimace et s'intéressent de très près à ces produits alternatifs dans le cadre d'une alimentation animale et humaine.
Un intérêt croissant pour l'entomophagie se fait peu à peu sentir et c'est une bonne chose pour la planète !

Une alternative à l'élevage classique

Nous le savons tous, la surconsommation actuelle de produits carnés issus des élevages intensifs porte gravement atteinte à l'environnement. Ces élevages requièrent énormément de ressources, en amont et en aval de leur cycle de production, faisant appel à l’agriculture intensive et à ses pesticides pour nourrir les bêtes, à la ressource en eau et en énergies fossiles et bien sûr, à un espace important. Selon le site du gouvernement, « L'élevage est la source de 68 % des émissions nationales de méthane et la culture des sols de 80 % des émissions de protoxyde d'azote », des gaz à effet de serre à l'impact dévastateur pour la planète.
C'est là qu'interviennent les insectes ! Leur élevage constitue une alternative plus soutenable pour notre planète avec un intérêt nutritionnel parfois supérieur au bœuf, au poulet et autres animaux qu'il paraît moins choquant de consommer.

Intérêts multiples de la consommation d'insectes

Riches en protéines, en vitamines, minéraux et même acides gras essentiels, les insectes, si simples à produire, pourraient apporter leur pierre à l'édifice de la sécurité alimentaire future. L'élevage d'insectes comestibles nécessite de moindres ressources en eau, nourriture, espace et énergies fossiles que le bétail tout en produisant bien moins de gaz à effet de serre (dont 40 fois moins d'émission de CO₂ que pour le bœuf).
Conscients du changement climatique et de l'accroissement de la population mondiale, les autorités voient une alternative intéressante au travers de l'élevage d'insectes pour fournir des protéines animales facilement assimilables, car dans un futur proche les éleveurs de viande classique, ne seront plus en capacité de produire les quantités requises pour nourrir la population planétaire.
Et si l'aspect des insectes vous répugne pas de panique ! La FTIP (Fiber Textured Insect Protein) obtenue à base d'insectes ressemble à s'y méprendre à de la viande hachée et peut être cuisinée de la même manière. Sous forme de poudre, elle devient idéale pour créer des produits laitiers un peu particuliers ! Bref, l'avenir de la nutrition se cache peut-être dans les scarabées et autres grillons !

L'entomophagie aux portes de l'Europe

Aux Pays-Bas et au Danemark, les produits à base de farines d'insectes ne sont pas rares : pains, pâtes, céréales, substituts de viande, snacks, barres protéinées ou poudres pour les sportifs, sont déjà disponibles sur le marché.
De nombreuses entreprises, sans doute visionnaires, surfent sur la tendance de l'entomophagie, mais pas uniquement. Les produits à base d'insectes se déclinent en aliments pour les animaux (aquaculture, animaux domestiques, porcs et volailles...), mais aussi en fertilisants naturels pour les sols.
De multiples applications en perspective pour un monde meilleur ! Vous vous laissez tenter ?