Biocarburants : un bilan très mitigé
Que sont les biocarburants ?
Les biocarburants sont des matières combustibles obtenues à partir de la biomasse, c'est-à-dire de matières végétales ou animales ou de micro-organismes. On en distingue 3 grands types :
- Ceux à base d'alcool : ce sont notamment le bioéthanol et ses dérivés (ETBE), fabriqués à partir de végétaux riches en sucre (betterave, canne à sucre) ou en amidon (céréales : blé, maïs). Ils servent à alimenter les moteurs à essence.
- Ceux à base d'huile : biodiesel, diester. Ils sont obtenus à partir d'huiles végétales (colza, soja, palme, tournesol) ou animales, et sont utilisés dans les moteurs diesel. (lire aussi : L'huile de palme, un fléau)
- Ceux à base de gaz : ce sont les biogaz (comme le GNV, Gaz Naturel Véhicules), produits par fermentation de matière organique.
Ces biocarburants sont censés remplacer, au moins en partie, les carburants traditionnels (essence, gasoil...) ; les pays de l'Union Européenne se sont d'ailleurs fixé pour objectif d'atteindre 10% de biocarburants dans les transports.
Moins de gaz à effet de serre, mais un bilan énergétique médiocre

Champ de colza
La combustion des biocarburants dégage du dioxyde de carbone (ou CO2, l'un des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique), mais celle-ci est compensée, en partie du moins, par le CO2 qui avait été absorbé par les plantes lors de leur croissance. Le bilan des biocarburant est donc meilleur, avec entre 24% et 91% de GES (gaz à effet de serre) en moins, selon l'Ademe.
Cependant, la production d'agrocarburants implique l'utilisation d'engrais et de pesticides chimiques (et donc dérivés du pétrole...), de carburant (!) pour faire fonctionner le matériel agricole, de l'énergie pour le fonctionnement des usines productrices de biocarburants, et du carburant (ou de l'électricité) pour le transport des matières premières agricoles. Toutes les étapes de la production émettent ainsi des GES, et consomment de l'énergie : le rendement énergétique des biocarburants est donc médiocre, de façon variable selon le type de biocarburant. Ainsi, la combustion de bioéthanol de canne à sucre brésilienne fournit 5,82 fois plus d'énergie que n'en consomme sa production, ce qui représente un bon rendement. Pour d'autres biocarburants, ce chiffre est nettement moins satisfaisant : 2,23 pour le diester de colza, 1,35 pour le bioéthanol de blé, 1,25 pour le bioéthanol de betterave, et moins de 1 pour le bioéthanol de maïs, ce qui signifie que celui-ci fournit moins d'énergie qu'il n'en a fallu pour le produire !
Une production qui pose par ailleurs de nombreux problèmes
Déforestation et occupation de surfaces agricoles

Déforestation en Malaisie
Pour produire du biocarburant, il faut donc, dans de nombreux cas, des matières premières agricoles, qu'il a bien fallu cultiver. Ces cultures peuvent être menées soit sur des terres agricoles initialement consacrées à l'alimentation humaine ou animale (c'est autant de nourriture en moins qui peut ainsi être disponible pour les hommes), soit sur des parcelles issues de la déforestation, notamment au Brésil, en Malaisie ou en Indonésie. Or, ces forêts, avant d'être détruites, stockaient du CO2, et leur destruction émet des GES : dans ce cas-là, les biocarburants engendrent des émissions supplémentaires de GES... Et ce, sans parler du désastre écologique, notamment en ce qui concerne la biodiversité, et humain (lire notre article sur la déforestation)...
Selon l'OCDE, l'Europe, le Canada et les Etats-Unis devraient consacrer 30 à 60% de leurs surfaces agricoles actuelles pour remplacer 10% de leur consommation de carburant par des biocarburants...
Pollution et dégradation des sols

Culture intensive de canne à sucre
La culture intensive (en particulier de canne à sucre et de palmier à huile), très gourmande en engrais et en pesticides, pollue les sols tout en les épuisant : il faudra des années à ces sols dégradés pour retrouver leur fertilité naturelle.
Hausse du cours des céréales et pression accrue sur les terres agricoles

Sous-alimentation en Afrique
La croissance du marché des biocarburants est considérée comme l'une des causes à l'augmentation du cours des céréales, avec les conséquences que l'on connaît (pénuries alimentaires récurrentes dans certains pays, voire famines), d'une part parce qu'elle accroît la demande en céréales, et d'autre part parce des financiers n'hésitent pas à spéculer sur ces denrées agricoles. La spéculation concerne également les terres agricoles : des parcelles sont rachetées par ceux qui misent sur un accroissement de la demande.
Les biocarburants de seconde génération : un nouvel espoir
Devant les nombreux inconvénients que comportent ces biocarburants, les recherches se poursuivent et on parle aujourd'hui de "biocarburants de seconde génération", obtenus à partir de cellulose issue de déchets non consommables ou de végétaux non alimentaires (déchets forestiers, déchets agricoles de type paille de riz ou de blé, graminées, algues...). Ceux-ci sembleraient plus "acceptables", mais il reste bien du chemin à parcourir avant de trouver l'alternative idéale aux énergies fossiles !
>> Lire aussi : La voiture à hydrogène, un mauvais calcul
Crédit photos : thieury - Fotolia.com / Victor Bayon / Wakx / Rita Willaert / André Thiel
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Vinsse2001 15/01/2012, à Eysines
Un espoir peut-être : le bio-pétrole, fabriqué à partir d'algues cultivées et de la récupération du CO2 produit par des usines. Du pétrole qui dépollue, sympa, non ? Reste à espérer qu'ils se fassent suffisamment connaître : Bio Fuel Systems (http://fr.wikipedia.org/wiki/Bio_Fuel_Systems)
Mamicha 15/01/2012, à Saint-beauzire
Ce serait bien de cesser d\'appeler cela des \"biocarburants\", terme totalement faux, mais des \"agrocarburants\". Ils n\'ont rien de bio, pour le moins, et dans les milieux de \"la bio\" on les appelle plutôt \"nécrocarburants\"!
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