Les algues, avenir de l'industrie et de la médecine ?
Les algues, un nouvel or vert ?
Or vert, or rouge, ou or brun ? Les algues, qu'elles soient vertes, brunes ou rouges selon la couleur de leurs pigments photosynthétiques, sont utiles à l'homme depuis bien longtemps. Si les algues alimentaires sont consommées depuis toujours, notamment en Asie (cuisines japonaise, coréenne et chinoise), elles ont aussi d'autres utilités. Apès avoir été un engrais agricole dès le XVIe siècle, voire un fourrage pour le bétail dans les zones littorales, les algues ont depuis quelques décennies d'autres applications : ce furent d'abord les secteurs agroalimentaire et cosmétique qui leur ont trouvé des applications industrielles, puis, plus récemment, le domaine pharmaceutique, le BTP ou encore l'industrie de la peinture. Les débouchés sont énormes, de même que les enjeux environnementaux.
Mais qu'est-ce qu'une algue ?
Les algues sont des végétaux aquatiques capables de pratiquer la photosynthèse grâce à leur chlorophylle. Elles sont dépourvues de vaisseaux (végétaux non vasculaires) et de racines. Elles sont parmi les premiers êtres vivants à être apparues sur Terre, il y a 3 à 4 millions d'années.
Macroalgues et microalgues
La diversité des algues est impressionnante : 30.000 à 40.000 espèces peupleraient nos mers, océans et lacs (car toutes les algues ne sont pas marines), et ce, sans compter les diatomées, ces algues microscopiques unicellulaires, dont le nombre d'espèces est difficile à évaluer car toutes n'ont pas été décrites, loin s'en faut (entre 100.000 et un million d'espèces sans doute ; ces diatomées sont à l'origine de 50% de l'O2 sur Terre).
On distingue les macroalgues, c'est-à-dire celles qui sont de grande taille (et qui sont celles que l'on mange : nori, kombu, wakamé, haricot de mer...), et les microalgues, qui sont des algues unicellulaires et microscopiques, comme la spiruline et la chlorella par exemple, qui sont utilisées dans des domaines inattendus.
Bitume, peinture, médicaments, compléments alimentaires, plastique végétal...
Dans les pays qui consomment peu d'algues alimentaires, l'essentiel du marché (de l'ordre de 80% en Europe) est destiné à l'industrie. Quelques exemples d'utilisations :
- Agroalimentaire : les algues et leurs dérivés (les lolécules qui en sont extraites) sont utilisées comme épaississants, émulsifiants et gélifiants. Agar, alginates et carraghénanes sont ainsi très courants dans l'industrie des hydrocolloïdes. Amusez-vous à regarder la liste des ingrédients des aliments : ces termes y apparaissent souvent !
- Cosmétique : là encore, les alginates jouent ces mêmes rôles pour donner leur texture aux crèmes et pommades et stabiliser les préparations. D'autres molécules issues des micro-algues peuvent aussi être extraites pour leurs supposées propriétés : adoucissantes, anti-radicalaires, apaisantes, lissantes... Comme souvent en cosmétique, le marketing est très inventif et n'hésite pas à profiter de l'image saine, naturelle et énergisante des produits de la mer.
- Compléments alimentaires : certaines algues sont particulièrement riches en nutriments, notamment protéines ou sels minéraux (fer), ou encore en fibres utiles pour le renforcement du microbiote. Elles sont donc utilisées comme compléments alimentaires (spiruline par exemple).
- Médecine et pharmacie : les algues contiennent des "métabolites d'intérêt" possédant des activités biologiques, et qui ont des applications médicinales ou pharmaceutiques, par exemple des substances antivirales (polysaccharides sulfatés), des substances anticancéreuses, des gels d'hydrocolloïdes permettant la reconstruction osseuse et tissulaire...
- BTP : les "déchets" (disons, la biomasse qui reste après extraction des métabolites d'intérêt) est utilisée pour fabriquer du bitume : les déchets de microalgues sont ainsi recyclés pour composer le liant qui servira à agglomérer les graviers et le sable, par exemple pour le revêtement des routes (le projet Algoroute, en France, teste ces nouveaux matériaux).
- Plastique : les algues brunes de type laminaires ou même sargasses (ces algues qui envahissent certaines plages) peuvent servir de matière première, en alternative au pétrole, à l'élaboration de "plastique" biodégradable, soit composé à 100% d'algue, soit à 50%. Deux avantages : les algues utilisées pour la fabrication de ces bio plastiques sont une ressource renouvelable, contrairement aux hydrocarbures, et elles sont entièrement biodégradables ou compostables (en quelques semaines ou quelques mois dans le sol, quelques jours dans l'eau). La startup française Algopak, installée à St Malo, exploite depuis 2010 des innovations dans ce domaine.
- Peintures : les algues sont également utilisées dans la fabrication des peintures, soit pour donner une texture, soit pour apporter de l'opacité (en remplacement du dioxyde de titane notamment).
- Biocarburant : comme d'autres matières premières végétales, généralement d'origine agricole, les algues peuvent permettre de produire des biocarburants. Par ailleurs, leur culture n'empiète pas sur des terres agricoles qui pourraient être utilisées pour des cultures alimentaires (contrairement aux biocarburants à base de colza).
A noter que depuis quelques années, certaines villes testent les "arbres à algues", des installations destinées à dépolluer et capturer le CO2 ambiant.
Une production très peu polluante et fixatrice de CO2
L'avantage des algues, c'est que, contraitement aux matérieux dérivés du pétrole, elles représentent une ressource 100% renouvelable. Mieux : elles sont biodégradables ; pas de pollution des sols, des rivières, des océans. En outre, lors de leur production (en aquaculture généralement, notamment en mer pour les macroalgues), elles ne nécessitent pas d'engrais, ni de pesticides, ni d'eau autre que celle de la mer.
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