Des arbres à algues bleues pour capter le carbone et les polluants urbains
Des arbres à algues dépolluants au coeur des villes
Et si on utilisait, en support (et non en remplacement) des vrais arbres, des installations destinées à capter le CO2 (et donc à piéger le carbone) et divers polluants urbains, notamment ceux générés par les véhicules ? Ce n'est pas futuriste : une jeune entreprise -Kyanos Biotechnologies- installée à Toulouse l'a fait. Baptisé Algal, l'arbre à algues -en réalité, une structure haute de 5 mètres, en bois et acier, évoquant vaguement la forme d'un arbre, a été installé à Toulouse en septembre 2020. Ce dispositif est à l'essai ; en théorie, il est censé pouvoir filtrer 200.000 m³ d'air par an, soit autant de carbone séquestré que par une centaine de jeunes arbres.
Fonctionnement de l'arbre à algues
L'arbre à algues, est composé d'une cuve de 1m³, et d'un système de pompe à air. La cuve contient de l'eau et des microalgues bleues d'une espèce bien particulière : Aphanizomenon flos-aquae.
Cette algue unicellulaire procaryote (c'est à dire dépourvue de noyau) est filamenteuse : les cellules forment de longs filaments, notamment lorsque la croissance végétative est à son maximum. Cette "algue bleue" (de couleur bleu-vert en réalité) est une cyanobactérie, comme la spiruline, c'est à dire un être vivant très archaïque ; l'une des premières formes de vie à être apparues sur Terre. Cette algue d'eau douce appartient à la famille des Nostocacées, comme le nostoc, ou crachat de lune, cet étrange amas gélatineux que vous avez peut-être déjà aperçu sur un chemin ou un trottoir.
L'air ambiant est aspiré en-dessous de la cuve, et traverse sous forme de petites bulles la cuve d'eau contenant l'algue. L'algue bleue étant un organisme photosynthétique, elle capte le dioxyde de carbone présent dans les bulles d'air et dissous dans l'eau (et éventuellement aussi, au passage, certains polluants comme d'oxyde d'azote) et rejette de l'oxygène. L'air qui s'échappe au-dessus de la cuve est donc appauvri en CO2 et enrichi en O2 : le carbone a été piégé par les algues, qui l'utilisent pour synthétiser les sucres qui leur permettent de vivre et de construire leur matière vivante. Comme tout végétal photosynthétique, l'algue bleue est un piège à carbone, mais beaucoup plus efficace que les arbres et autres végétaux supérieurs.
D'où vient cette algue bleue ?
L'algue d'eau douce Aphanizomenon flos-aquae (aussi appelée pastel d'eau) vient d'un lac en Oregon, le lac Klamath. Ce lac, peu profond et bien exposé au soleil, offre les conditions de vie parfaites pour cette algue microscopique. Elle forme des macrocolonies filamenteuses ("bloom") qui viennent flotter en surface de l'eau et ressemblent à du gazon aquatique, et qui sont récoltées et commercialisées, après séchage, en tant que complément alimentaire, à l'instar de la spiruline. On tente actuellement de la cultiver ailleurs que dans son milieu naturel, à des fins alimentaires... ou répondant à des enjeux environnementaux, comme dans le cadre de l'arbre à algues.
Reste à savoir si le bilan carbone de cet "arbre à algue" sera favorable : le bilan carbone de la fabrication, le transport et la maintenance de ce type d'installation sera-t-elle contrebalancée par le piégeage du CO2 tout au long du fonctionnement de l'appareil ? Des test sont en cours pour vérifier ce point.
Newsletter
Abonnez-vous à notre lettre infos hebdomadaire pour recevoir chaque vendredi nos conseils pour vos plantes, le jardin, la maison... C'est gratuit !
Jmmelkon 28/06/2024, à
Précisons que le piégeage du carbone est éphémère : sitôt les algues mortes et décomposées (mangées par d’autres micro organismes par exemple), tout le CO2 capté sera libéré (par fermentation ou par la respiration des mangeurs). Même chose avec les arbres. Pour que le stockage de CO2 soit pérenne, il faut donc que la population d’algues soient maintenue (voir augmentée) dans le temps. Tout comme une forêt ne doit pas être abattue mais entretenue voir agrandie. (L’idéal serait de fossiliser le carbone, mais ça seuls des conditions particulières d’enfouissement et des temps géologiques y sont parvenus jusqu’à présent)
Vous aussi donnez votre avis, partagez votre expérience sur : Des arbres à algues bleues pour capter le carbone et les polluants urbains