L'agriculture urbaine, secteur d'avenir
Qu'est-ce que l'agriculture urbaine ?
L'agriculture urbaine est une forme d'agriculture implantée en ville et à sa périphérie, et dont les produits sont essentiellement destinés aux citadins (vente directe, en magasins de producteurs, via des AMAP, système de paniers...). Compte-tenu des faibles surfaces disponibles et des contraintes liées à leur exploitation, l'agriculture urbaine offre un visage différent de celui de l'agriculture classique. Pas de vastes champs à perte de vue, ni d'élevages industriels, mais de nombreuses petites structures aux activités diversifiées : maraîchage (production de légumes, d'herbes aromatiques, de champignons), petits élevages (volaille de chair, notamment), production d'oeufs, ruches, arbres fruitiers, vignes urbaines...
Ces petites structures ne sont pas forcément des exploitations agricoles professionnelles. Certaines le sont, notamment en périphérie urbaine, mais en pleine ville, on trouve de nombreux jardins partagés, ouvriers ou familiaux (cultivés comme potagers ou comme jardins d'ornement), des jardins pédagogiques, des jardins d'insertion, des sites expérimentaux dédiés à la recherche agronomique, des toits-potagers, ou même des tours conçues pour l'agriculture verticale. Les jardiniers-exploitants agricoles urbains ont eux aussi des profils variés : agriculteurs bien sûr, mais aussi particuliers, associations, entreprises privées, collectivités territoriales, écoles, institutions, chercheurs... Les jeunes diplômés d'école de commerce ou d'agronomie se lancent aussi dans l'aventure, et de nouveaux métiers apparaissent pour accompagner les projets, par exemple pour améliorer les sols en milieu urbain et les rendre plus fertiles et plus perméables.
Quels sont les différents types d'agriculture urbaine ?
- Les fermes périurbaines : elles permettent de nourrir les habitants des villes en circuit court ;
- Les cultures à l'intérieur des bâtiments : production de champignons ou d'endives, qui n'ont pas besoin de lumière, ou autres cultures (légumes, herbes aromatiques) avec un éclairage par des LED ;
- L'agriculture urbaine non professionnelle : jardins partagés, jardins collectifs, potagers de particuliers, jardins d'insertion ;
- Microfermes urbaines : cultures au sol ou sur les toits, avec d'autres services (pédagogiques, de formation) ;
- Serres urbaines, de petite taille et produisant le plus souvent des aliments en hydroponie ou en aquaponie.
L'agriculture urbaine peut aussi être reliée à l'écopâturage et aux petits poulaillers citadins.
Quels sont les avantages et les inconvénients de l'agriculture urbaine ?
Les avantages :
- L'agriculture urbaine génère des emplois
- Elle crée du lien social
- Elle permet de valoriser des déchets ménagers (compostage)
- Elle contribue à rafraîchir les villes et à lutter contre les ilôts de chaleur
- Elle est pédagogique (implication des habitants et des enfants des écoles)
- Elle favorise les circuits courts
- Elle peut permettre de fournir des produits frais et de proximité pour la restauration scolaire.
Les inconvénients :
- Elle représente un coût plus important qu'une agriculture "classique" en zone rurale
- La main d'oeuvre -pour les structures professionnelles- et les surfaces de culture ne sont pas toujours faciles à trouver en milieu citadin.
Une solution d'avenir
Les initiatives en faveur d'une agriculture urbaine se multiplient depuis une quinzaine d'années, et nombre d'entre elles bénéficient, selon les villes, du soutien financier des collectivités locales ou régionales. Certaines villes achètent ainsi des terrains pour y implanter des cultures.
Selon la FAO, l'agriculture urbaine et péri-urbaine fournit déjà un quart de l'alimentation de la population urbaine mondiale, laquelle est appelée à croître dans les décennies qui viennent : d'ici 2030, l'essentiel de la croissance de la population se fera dans les villes des pays émergents. Trouver des solutions pour que ces villes puissent produire de quoi nourrir leurs habitants est donc une idée pas si farfelue que cela : c'est même une question cruciale pour l'avenir.
Le grand écart entre technologies de pointe et permaculture
En pratique, comment faire pousser des légumes en ville ? Lorsque des surfaces sont disponibles, on peut y implanter un jardin (petits jardins au coeur des villes, exploitations agricoles périphériques) et cultiver en pleine terre, de manière traditionnelle, mais la pression foncière est telle que ces sites se font rares, ou offrent de faibles surfaces. Alors, on fait pousser partout où c'est possible : sur une dalle, sur un parking, sur un toit, en recréant un sol (lasagnes, culture sur buttes...) ou en cultivant dans des bacs remplis d'un substrat local (obtenu par recyclage des déchets organiques) ou du commerce, ou encore en hydroponie, c'est-à-dire sans sol. L'agriculture urbaine passe alors bien souvent par l'agriculture verticale : on fait pousser en hauteur, au besoin en construisant des tours spécialement dédiées à la production maraîchère !
L'agriculture urbaine a ceci d'étonnant qu'elle fait aussi bien appel aux technologies de pointe qu'à la permaculture. Les structures qui adoptent la culture hydroponique en milieu totalement fermé, avec un éclairage artificiel des plantes par des LED (un peu comme pour les "potagers de cuisine" ou kitchen gardening), plus proches du laboratoire que de la ferme, semblent être à mille lieues de celles qui choisissent de produire en faisant en sorte de recréer un écosystème équilibré : c'est là qu'interviennent les méthodes de la permaculture, où l'on crée et maintient un sol vivant, fertile, nourri de déchets végétaux et organiques décomposés (compostage), en rendant à la terre ce qu'elle a donné, et arrosé par l'eau de pluie récupérée.
Les potagers sur les toits
190 ha sont actuellement utilisés pour l'agriculture urbaine en Ile de France, avec plus de 1600 projets recensés en septembre 2024 (source : Ademe) : c'est de nombreuses intitiatives mais une faible surface. Or, quand on observe les villes en vue aérienne, deux choses sautent au yeux : d'une part, la rareté relative des espaces verts dans tout ce gris, et d'autre part, les innombrables toits, plus ou moins plats. Selon une étude de l'APUR (Atelier Parisien d'urbanisme), en 2022, 3500 toitures de plus de 100m2 étaient végétalisées dans Paris. Mais toutes les toitures ne peuvent pas être végétalisées : il faut qu'elles soient plates ou au moins avec une faible pente, qu'elles soient accessibles et sécurisées, qu'elles soient suffisamment portantes (le substrat et les plantes, c'est lourd !), que la réglementation n'interdise pas leur végétalisation (monuments historiques), et que leur surface soit suffisante.
>> Lire : Toitures végétalisées : les jardins prennent de la hauteur
L'exemple du jardin expérimental d'AgroParisTech
L'école d'ingénieurs agronomes AgroParisTech, située dans le 5e arrondissement de Paris, a mis en place un jardin expérimental sur ses toits. 600m2 sont ainsi dédiés à la culture de légumes notamment (des ruches sont également installées). La production végétale fait l'objet d'études agronomiques et de recherches. Une partie de la surface est réservée à l'étude de la biodiversité, avec une zone plantée de fleurs.
Quelques initiatives en France et ailleurs
- Bourges : le Marais de Bourges représente 135 ha dédiés à l'agriculture urbaine et aux loisirs, sur lesquels se répartissent 1500 parcelles de jardins potagers ou ornementaux ;
- Lyon : la FUL (Ferme Urbaine Lyonnaise) est née fin 2016. Ce site pilote est un espace fermé de 26m2, où sont expérimentées les cultures en hydroponie avec éclairage artificiel. L'entreprise compte implanter d'autres sites semblables, plus vastes, ailleurs.
- Mulhouse : dans la banlieue de Mulhouse, le Wittenheim ("champ du milieu" en alsacien) est une petite ville entièrement organisée autour d'un espace cultivé de 90 ha ;
- Tours : les Jardins Perchés, c'est le mariage de 75 logements sociaux et d'une exploitation maraîchère urbaine accolée aux logements. Ce projet de résidence innovante est finacé par le principal bailleur social de la ville ;
- Albi : la ville a racheté des terres agricoles afin de permettre une alimentation de proximité, pour l'auto-consommation des habitants et l'approvisionnement des cantines scolaires, mais aussi pour créer des jardins partagés ou d'insertion
- Montréal (Québec) : les fermes Lufa sont des serres commerciales (chauffées avec l'énergie émise par les immeubles et arrosées grâce à l'eau de pluie) installées sur les toits de la ville, où sont produits des légumes vendus sous forme de paniers (lire : Paniers de fruits et légumes bio).
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Polo81 20/04/2017, à Labastide saint georges
Tous sur les toits ! Colonisons les espaces verts citadins ! Utilisons les eaux des bassins d'agréement pour faire pousser nos légumes , et vive les jardins potagers !!!!
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