Faut-il se laver tous les jours ?
Le film hydrolipidique, une barrière protectrice pour notre peau
Notre peau est recouverte d’un film hydrolipidique, constitué de cellules mortes, de sébum, de kératine, d’eau et de sueur. Celui-ci joue un rôle de barrière protectrice pour notre peau (épiderme, derme et hypoderme, de la couche la plus superficielle à la plus profonde) : il évite à la peau de se dessécher en préservant son hydratation, il la préserve des frottements et donc des irritations, et il empêche partiellement les bactéries indésirables (voire pathogènes) de pénétrer dans notre corps (certaines sont capables de traverser la peau ou de s’installer en profondeur de celle-ci).
Les lavages répétés détruisent le film hydrolipidique
Lorsque l’on se lave trop souvent (corps entier –douche, bain-, ou simplement les mains), on endommage ce film hydrolipidique et la peau n’a pas le temps de le reconstituer entre deux lavages, surtout s’ils sont effectués au savon, et a fortiori avec un produit agressif (soluté hydroalcoolique et autres produits désinfectants). Les conséquences peuvent en être :
- Une peau sèche, ce qui entraîne un inconfort voire des lésions superficielles (crevasses, etc.) ;
- L’apparition possible d’une dermatite atopique (pouvant se manifester sous la forme d’eczéma, de démangeaisons), ou de dartres, notamment chez les enfants.
La flore cutanée, une alliée précieuse
On parle beaucoup du microbiote intestinal (et de probiotiques), mais il ne faut pas oublier qu’outre notre intestin, d’autres zones de notre corps abritent des micro-organismes avec lesquels nous cohabitons tout au long de notre vie (flore résidente) ou à certains moments seulement (flore transitoire), et la peau fait partie de ces zones.
Bactéries, mais aussi virus, champignons microscopiques, acariens, constituent notre microbiote cutané (ou flore cutanée), qui a pour rôle de nous protéger contre d’autres micro-organismes pathogènes, notamment en “occupant le terrain” . En effet, lorsqu’un milieu est colonisé par de “bonnes” bactéries (ou en tout cas celles qui sont inoffensives pour notre santé), les bactéries pathogènes ne peuvent pas s’installer. D’ailleurs, selon les régions du corps et les caractéristiques de la peau à ces endroits (grasse, sèche, humide), les espèces qui composent notre flore cutanée varient.
Des lavages répétés et trop rapprochés perturbent l’équilibre de ce microbiote cutané, et peuvent donc être nocifs pour notre peau.
Le rôle de la sueur
Evidemment, se laver a, entre autres objectifs, celui de lutter contre les odeurs de transpiration. Cependant, la sueur contient des enzymes capables de détruire la paroi des bactéries, ce qui peut contribuer à nous protéger des bactéries pathogènes.
Le pH de la peau, un élément à prendre en compte pour choisir son savon
La peau a un pH plutôt acide (entre 4,7 et 7, selon les zones du corps et les individus. Le pH de la peau masculine est souvent plus faible que celui de la peau féminine : la peau des hommes est donc plus acide que celle des femmes). Il faut donc choisir un savon adapté (a minima pH neutre, et de préférence dont le pH est proche de celui de la peau, donc plutôt acide).
En effet, certaines bactéries, comme Staphylococcus aureus, prolifèrent à un pH supérieur à 7 ; l’emploi fréquent d’un savon trop basique (donc pH supérieur à 7) peut favoriser ces micro-organismes indésirables. Ceci est particulièrement vrai pour la toilette intime. Méfiance également vis-à-vis des savons antibactériens, couramment utilisés en cas d’acné : ils peuvent parfois être plus néfastes à moyen terme qu’un savon doux.
Il est également possible, si l’on a besoin (ou simplement envie) d’une douche quotidienne, de ne pas utiliser systématiquement un savon. Une douche avec simplement de l’eau réveille, détend (selon que vous préférez la prendre le matin ou le soir), et s'avère souvent suffisante un jour sur deux.
Et à propos de savon...
Rappelons que pour réduire les emballages (et donc la consommation de ressources naturelles ainsi que la pollution par le plastique), l'emploi d'un savon solide est préférable à celui d'un gel douche en flacon, de même qu'un shampooing solide peut parfaitement se substituer à un shampooing classique.
Alors, à quelle fréquence se laver ?
Il n’y a pas de vérité absolue en la matière. Les dermatologues ne sont eux-mêmes pas d’accord sur ce point. La fréquence idéale des douches dépend, entre autres, du mode de vie de l’individu : activité professionnelle, pratique sportive ou de loisirs, saison (on transpire davantage en été qu’en hiver)... Evidemment, si l’on est exposé à de la poussière, des polluants ou si l’on jardine de manière intensive, ou encore si l’on a tendance à transpirer beaucoup, une douche quotidienne est préférable. Dans les autres cas, une douche un jour sur deux ou sur trois peut suffire, en complétant éventuellement avec une toilette “de chat”. Votre film hydrolipidique et votre flore cutanée s’en porteront mieux, de même que l’environnement et votre porte-monnaie (moins d’eau consommée) ! Ceci est particulièrement vrai pour les personnes ayant tendance à souffrir de sécheresse cutanée ou d’eczéma.
Pour les nourrissons et, d’une manière générale, les enfants qui ne marchent pas encore, le bain quotidien n’est pas obligatoire, à condition de bien nettoyer les fesses et les organes génitaux lors des changements de couche, ainsi que les zones de plis, en particulier le cou si l’enfant a tendance à régurgiter.
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