Les espèces parapluies

Les espèces parapluies : un concept pour la protection de la biodiversité

Sous l'appelation « espèce parapluie » sont désignées les espèces animales dont la sauvegarde de l'habitat, souvent très étendu et riche en biodiversité, permet la protection des autres espèces animales et végétales (parfois menacées ou rares) qui y vivent. Car les besoins des espèces parapluies incluent ceux d'espèces associées. Si l'on détruit l'habitat d'une espèce parapluie, non seulement on met en danger sa survie, mais également celle de nombreuses autres formes de vie qui constituent l'écosystème.

Si l'on prend l'exemple de l'éléphant d'Afrique, sa protection passe par la préservation de son espace vital qui est très étendu et qui comprend des clairières et des points d'eau. Ces derniers bénéficient, entre autres, aux gorilles, aux bongos ou aux perroquets gris.  Par ailleurs, par ses importants déplacements, l'éléphant d'Afrique favorise la dissémination des graines de mukulungu, un arbre géant en danger critique d'extinction. Protéger le territoire de l'éléphant contribue donc au maintien de populations d'espèces associées.

Il en va de même pour la loutre en Europe : la restauration et la conservation de son habitat, qui se caractérise par une eau claire et poissonneuse, avec des berges naturellement reliées entre elles, profitent à de beaucoup d'espèces de poissons, de libellules, d'oiseaux des marais (comme le héron), au castor comme à diverses plantes aquatiques.
Les espèces parapluies sont très nombreuses. On peut citer également la chouette tachetée, l’hirondelle, le guillemot marbré, le hérisson, le grand tétras, le busard cendré, le cerf noble, le lynx, la girafe, le grizzli, le cachalot, certains papillons ou insectes (ex : le scarabée pique-prune), etc.

Petit à petit, le concept d'espèce parapluie est devenu un élément clé dans les plans de conservation qui touchent plusieurs espèces ; en définissant un périmètre étendu à mettre sous protection, il sert d'outil d'aide à la décision, lorsqu'il faut faire des choix sur les zones naturelles à conserver et lutter contre l'artificialisation des écosystèmes.

Des espèces parapluies étendard

Les acteurs intervenant dans la protection des espèces animales s'appuient largement sur le concept d'espèce parapluie, en ciblant leur communication sur des sujets au fort capital de sympathie, qu'on appelle les espèces « étendard », comme le sont le panda géant, l'ours polaire ou bien encore le tigre. En jouant sur l'émotion des gens, il est plus facile de mobiliser le public et d'obtenir un soutien pour leurs actions, et par effet domino, d'intervenir sur la survie d'espèces moins emblématiques, moins jolies ou moins émouvantes qui partagent leurs écosystèmes.

Malheureusement, toutes les espèces parapluies n'ont pas le charisme nécessaire pour devenir étendard et sensibiliser les esprits à leur conservation, et ce, malgré l'importance de leur pouvoir « parapluie ». Parmi eux, on peut citer la mulette perlière (moule perlière d'eau douce), le taupin violacé (coléoptère inféodé aux cavités basses des vieux arbres feuillus) ou le desman des Pyrénées (appelé également rat-trompette, qui vit exclusivement près des lacs de montagne et des torrents d'eau claire), qui ont assurément une moins bonne visibilité que la baleine à bosse.

À ne pas confondre

Parmi les autres concepts utilisés en écologie, il y a celui d’espèce clé de voûte (ou pivot), que l'on confond parfois avec celui d'espèce parapluie. Les espèces clés de voûte jouent un rôle primordial dans l'équilibre d'un écosystème. Elles ont un effet majeur sur la persistance d'autres espèces. Par exemple, les « superprédateurs » qui contrôlent les populations des grands mammifères, les espèces qui sont source de nourriture pour d'autres espèces, celles qui façonnent un milieu (castor, vers de terre...), sont des espèces clés de voûte.
Certaines espèces parapluies peuvent être des espèces clés de voûte (tigre), mais ce n'est pas systématique.