Le castor
Un animal en voie de disparition au XXe siècle
Chassé pour sa fourrure épaisse et chaude, mais aussi pour le castoréum, une substance odorante produite par ses glandes et utilisée en parfumerie, impacté par les modifications des berges et les grands projets hydrauliques, le castor a bien failli disparaître. Au début des années 1900, on ne comptait plus que quelques individus dans la partie sud du Rhône. Protégé depuis 1968 au niveau national, réintroduit en plusieurs zones dès les années 70 et bénéficiant d'actions de sensibilisation, le castor est de retour sur plus de 15 000 km de cours d'eau en France. De nos jours, on compterait environ 14 000 castors sur le territoire, selon l'ONCFS.
Le castor d'Europe, un bâtisseur infatigable
Tout comme son cousin américain (Castor canadensis), le castor d'Europe (Castor fiber) est célèbre pour l'élaboration de barrages très efficaces sur les cours d'eau. Ces derniers peuvent atteindre près de 80 m de longueur sur 1,5 m de hauteur, mais ils sont généralement de dimensions plus modestes.
Un gros rongeur
Notre castor d'Europe est le plus gros rongeur du continent, il mesure entre 1 m et 1,40 m. Taillé pour vivre en milieu semi-aquatique, l'animal présente des pattes arrière palmées, une fourrure épaisse et une queue plate très caractéristique lui sert de gouvernail. Ses longues incisives orangées, qui poussent tout au long de sa vie, lui permettent de couper des branches pour assurer ses constructions, mais aussi pour se nourrir.
Une vie de famille organisée
Le castor vit rarement en solitaire, mais plutôt en famille de deux à six individus protégés par une hutte faite de branchages, de cailloux et de boue surmontant le terrier. L'entrée de celui-ci n'est accessible que sous l'eau afin de limiter les attaques de ses éventuels prédateurs. Il est installé sur le plan d'eau calme que le barrage en amont a permis d'établir. La famille reste ensemble environ deux ans, âge de la maturité sexuelle pour les petits qui partiront à leur tour chercher un ou une partenaire et construire un nouveau barrage plus loin, abritant la hutte et la future famille.
De diverses fonctions pour le barrage
Le barrage présente plusieurs fonctions pour le castor :
- il protège sa hutte et préserve sa tanière des effets du courant ;
- il lui offre une zone dont le niveau d'eau ne varie pas afin de maintenir l'accès au terrier toujours sous l'eau ;
- la création d'un nouveau plan d'eau grâce au barrage assure un élargissement de sa zone de nourrissage.
Une alimentation végétarienne
Cet animal, généralement crépusculaire et nocturne, ne s'éloigne sur la berge que de 20 mètres tout au plus pour trouver sa nourriture. En créant son plan d'eau souvent arrondi et fermé, il s’octroie donc un territoire bien plus important à explorer pour y dénicher les végétaux et les écorces dont il raffole.
En hiver, la famille castor demeure à l'abri de sa tanière la plupart du temps. Dans cette dernière a été stockée une bonne ration de plantes ligneuses dont tous les membres vont pouvoir bénéficier, si à cause du mauvais temps, les sorties devenaient difficiles ou si les végétaux venaient à manquer.
Le castor, un animal parfois contesté
Autrefois considéré comme nuisible pour ses dommages causés aux arbres (coupes et écorçage), mais aussi dans une moindre mesure aux cultures de peupliers, le castor a longtemps été chassé et piégé. Sa nouvelle expansion soulève quelques plaintes, toujours pour les mêmes raisons.
Des solutions sont actuellement recherchées pour favoriser la cohabitation du castor et de l'humain. Le réseau Castor (1), piloté par l’Office français de la biodiversité, collecte les constats de dommages, conseille les plaignants tout comme les administrations et communique sur les mesures de protection et de gestion à mettre en place en toute intelligence. Le castor pourrait bien être notre allié dans de nombreux domaines, notamment dans le cadre du changement climatique, il est donc crucial de la préserver.
Le castor, une espèce facilitatrice pour les écosystèmes
Sous ses airs de gros pépère, le castor fait partie des clés de l'équilibre des écosystèmes, en maintenant les zones humides saines et très diversifiées. Ainsi, par son ingénierie naturelle, cet animal profite à une multitude d'autres espèces et contribue à la stabilité écologique globale des fleuves, rivières et étangs. Intéressé également par les petits cours d'eau qu'il restructure, il offre la possibilité de créer de nouveaux réseaux et aide à la filtration de l'eau et des alluvions, améliorant ainsi la qualité de l'eau.
Par son travail et ses barrages, ce gros rongeur aide à fortifier, mais aussi à stabiliser et à rehausser les berges tout en créant des lacs et des extensions de zones humides dans lesquelles une faune très riche vient se fixer durablement. Un écosystème complexe composé de poissons, de batraciens, de plantes aquatiques, d'oiseaux et de mammifères est ainsi créé et perpétré au fil de l'eau par les actions du castor. Sa présence est un booster pour la biodiversité.
Ses barrages servent par ailleurs à réguler les flux, ainsi l'eau ne baisse plus aussi drastiquement en été et des crues de grande ampleur peuvent être atténuées en hiver. En ralentissant le débit de l'eau, ces ouvrages permettent à celle-ci de mieux s'infiltrer dans le sol, contribuant à la recharge des nappes phréatiques.
Action moins connue, son travail de longue haleine aide à limiter la durée et les dégâts causés par les incendies. En parallèle, son ingénierie offre un meilleur stockage du carbone dans les zones humides constituées, chose qui a son importance en ces temps de modifications climatiques !
(1) Réseau Castor OFB
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