Un potager en trou de serrure
"keyhole garden" : un concept de jardin vivrier
Le potager en trou de serrure, ou keyhole garden (parfois nommé aussi "jardin porte-bonheur"), est une technique de culture potagère créée par l’ONG « Send a cow » pour les populations africaines sous climats arides. L'idée est de leur proposer un petit jardin vivrier avec composteur intégré, autofertile et productif selon les principes de la permaculture, économique en eau, réalisable avec peu de moyens, tout en s'affranchissant des contraintes d'un sol érodé et peu fertile.
Pour autant, cela ne veut pas dire que le potager en trou de serrure ne trouve pas sa place sous nos climats tempérés. En effet, qui n'a pas envie d'un petit potager et un composteur près de la maison, quelle que soit la nature du sol, esthétique et à hauteur d'homme ?
"keyhole garden" : un jardin potager en trou de serrure
Le keyhole garden est une sorte de butte ronde avec un passage ouvert permettant d'accéder en son centre, dans lequel est placé un composteur. Cette forme, en trou de serrure, est à l'origine de son nom.
Il s'agit donc d'un potager surélevé, d'au moins 50 cm de haut et de 2,5 à 3 mètres de diamètre, ceinturé par une bordure solide. Les matériaux utilisés, des pierres, des briques, des planches ou diverses autres ressources locales, sont agencés de telle sorte que les auxiliaires puissent passer au travers.
Le composteur intégré
Au centre du potager siège le composteur. Il s'agit d'une colonne de 50 à 60 cm de diamètre et de 1,30 m de haut, également perméable, pour que le compost et le substrat de culture soient en contact. Il peut être construit, par exemple, en tressage de rameaux souples (noisetier, saule...), en planches, en palettes de récupération ou en grillage à poules.
Le support de culture
La plupart des références françaises, issue du milieu de la permaculture, parlent d'un support de culture similaire à une lasagne, comprenant des couches successives de matières différentes : pierre pour drainage (en fonction du sol) / branchages (champignons) / fumier / terre / paille / cendre de bois (phosphore) / feuilles fraiches / chardon de bois pilé / compost / paillis (paille ou brf).
Toutefois, si l'on regarde sa mise en place en Afrique, le remplissage du potager en serrure se fait plus simplement, avec une couche de paille, de la terre végétale et du compost (voir la vidéo réalisée par Send a cow : https://youtu.be/ykCXfjzfaco).
Comment fonctionne un potager en serrure ?
Le potager en serrure est un potager conçu pour être autonome. D'un côté, l'espace de plantation est en permanence occupé par les cultures qui sont cultivées de façon intensive, en forte densité, et qui se succèdent les unes aux autres (lire : Associer les légumes).
De l'autre côté, la tour de compostage est alimentée par les déchets organiques issus de ces mêmes cultures (épluchures, restes de cuisine), et arrosée régulièrement par, dans le projet initial africain, l'eau du lavage des légumes et de la vaisselle. C'est donc la tour qui assure, lentement et en continue, par diffusion et par l'action des vers de compostage, l'irrigation et la fertilisation du sol du potager. Plus besoin de vider le composteur !
Comme tout potager surélevé, le sol du keyhole garden se réchauffe dès les premiers rayons du soleil, ce qui est intéressant en début et fin de saison (la chaleur pouvant être également stockée dans les bordures, si celles-ci sont réalisées en pierre). En revanche, il peut, également, s'assécher plus rapidement que celui d'un potager classique, notamment en été. C'est pour cela que les arrosages fréquents, même s'ils ne sont pas abondants, sont essentiels.
Dans la pratique...
Ce mode de fonctionnement a été pensé pour une situation précise, pour des agriculteurs africains en zone aride. Il faut donc savoir l'adapter à votre propre situation : l'apport de matières organiques produits hors du circuit et des arrosages supplémentaires peuvent être, par exemple, nécessaires selon votre climat et suivant les légumes cultivés et les déchets organiques produits. De même, de la hauteur du potager dépend l'assèchement, plus ou moins rapide, du sol. Prenez donc le temps d'observer vos cultures et votre sol, et réagissez en fonction de vos constatations.
Les cheminées d’humidification
Certains modèles de potagers en serrure comprennent, également, trois cheminées d’humidification : ce sont paar exemple des fagots de bois installés verticalement dans le substrat destinés à capter, naturellement, la rosée. Cela permet de limiter les arrosages.
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