Gympie Gympie, la plante la plus dangereuse du monde ?

La reine des orties

Appartenant à la famille des urticacées, la Gympie Gympie est une cousine de la fameuse ortie qui envahit les zones en friche et parfois nos jardins. Son nom correspond à une ville du Queensland réputée pour ses plantes urticantes. Elle se présente comme un arbuste d’un à trois mètres de hauteur qui se développe autour d’une seule tige centrale. Ses feuilles vert foncé sont cordiformes et possèdent des bords dentés.

Ses fleurs mâles sont entourées de fleurs femelles et ses fruits roses à pourpres sont semblables à des mûres. Appelée reine des orties, la Gympie Gympie est la plante la plus dangereuse du monde. En cause ? Ses feuilles, sa tige et ses fruits recouverts de terribles poils (trichomes) urticants qui diffusent une toxine très puissante. Au moindre contact avec la plante, la douleur est très violente, semblable à une piqure vive doublée d’une brulure.

Une douleur intense

La douleur ressentie a été décrite par la scientifique australienne Marina Hurley qui a vécu la terrible expérience de la piqure. Elle évoque la sensation d’être “brulé avec de l’acide chaud et électrocuté en même temps”. Cette douleur est maximale au bout de 20 à 30 minutes (*) et dure, fréquemment entre une et quatre heures. Certaines personnes ont même ressenti la douleur durant plusieurs mois. Elle se ravive sous l’effet d’une douche, froide ou chaude.

La zone piquée devient rouge et gonflée, phénomène habituellement observé dans l’urticaire. Des complications peuvent survenir avec un gonflement des ganglions lymphatiques et des douleurs irradiantes qui nécessitent une prise en charge médicale en urgence. Son triste surnom de “plante aux suicides” lui a été attribué après qu’un homme piqué ait mis fin à ses jours afin de ne plus ressentir la douleur.

Les effets de la moroïdine

La neurotoxine produite par la plante est, notamment, composée de moroïdine, une substance également présente chez la célosie (Celosia argentea), une plante tropicale comestible. C’est sa liaison avec d’autres composants, appelés gympietides qui la rendent si dangereuse même si l’action de la plante n’est pas encore bien connue. À noter que les propriétés antimitotiques de la moroïdine en font un précieux allié dans le traitement contre certains cancers.

Quant aux poils urticants, leur bulbe contient de la silice, du carbonate de calcium et du phosphate de calcium. Le contact avec la peau provoque la cassure du trichome à un endroit prédéfini diffusant la toxine à la manière d’une ampoule. Les poils pénètrent les chairs et peuvent y rester durant 6 mois alimentant la douleur. Seule la microchirurgie peut les extraire compte tenu de leur taille minuscule. À noter qu’à tous les stades, la plante se montre dangereuse et même morte et desséchée.

Un danger même sans contact

Plus effrayant encore, la simple proximité de la plante amène des effets délétères pour la santé. Des symptômes respiratoires apparaissent chez l’être humain qui s’approche un peu trop : après 20 minutes se manifestent des éternuements à répétition, des saignements de nez et même des complications respiratoires. Ces phénomènes pourraient être dus à la diffusion des poils urticants dans l’air.

Des animaux immunisés

Bizarrement, certains insectes, oiseaux et mammifères se régalent des feuilles de Gympie Gympie sans aucune conséquence pour leur santé. C’est le cas, notamment, du pademelon à pattes rouges (Thylogale stigmatica), un marsupial cousin du kangourou, du coléoptère Prasyptera mastersi et de Prorodes mimica, un papillon de nuit de la famille des crambidés.

Sources : (*) https://theconversation.com/the-worst-kind-of-pain-you-can-imagine-what-its-like-to-be-stung-by-a-stinging-tree-103220