Artemisia annua, une plante miracle ?
Artemisia annua : la plante dont est issue l’artémisinine
Aussi appelée armoise annuelle, Artemisia annua est une plante de la famille des Astéracées, tout comme l’armoise commune. Elle est utilisée en médecine traditionnelle chinoise depuis des siècles pour combattre les fièvres. Aujourd’hui, elle est connue pour ses substances actives, notamment l’artémisinine. En 2015, la chercheuse chinoise Tu Youyou a d’ailleurs obtenu le prix Nobel de médecine pour avoir démontré dans les années 70 l’efficacité de l’artémisinine dans les traitements antipaludéens. L’artémisinine et ses dérivés sont de nos jours utilisés contre le paludisme en association avec d’autres médicaments, dans ce que l’on appelle les ACT, ou CTA.
Le paludisme : première endémie parasitaire au monde
Le paludisme est une maladie des zones tropicales et subtropicales (Afrique, Asie du Sud-est, Amérique et Méditerranée orientale). Elle est causée par un parasite du genre Plasmodium, transmis par les piqûres de certains moustiques du genre anophèles, dont ne fait pas partie le moustique tigre (genre Aedes), désormais largement présent en France. En 2019, près de la moitié de la population mondiale était exposée au paludisme. La mortalité palustre concerne essentiellement les jeunes enfants.
Paludisme et Covid-19 : l’utilisation d’Artemisia annua discutée
Mais malgré son intérêt pour la santé humaine, Artemisia annua alimente quelques débats. Par exemple, des produits non-pharmaceutiques à base d’Artemisia (tisanes, etc.) ont été vantés par différents acteurs pour leur intérêt dans la lutte contre le paludisme. Mais à l’heure actuelle, l’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) ne recommande pas l’utilisation de ces produits pour prévenir ou traiter le paludisme : leur qualité et leur composition peuvent largement varier (conditions de culture et de récolte, températures…), tout comme la méthode de préparation des tisanes et la dose de principe actif. De plus, aucune donnée scientifique ne permet de certifier leur réelle efficacité. Selon l’OMS, leur utilisation entraîne deux risques : des doses non contrôlées aboutissant à un échec thérapeutique, et le risque du développement d’une résistance du parasite à l’artémisinine. C’est d’ailleurs à ce titre qu’en 2007, l’OMS a appelé au retrait des monothérapies à base d’artémisinine, et au déploiement des CTA en remplacement.
Autre exemple : durant la pandémie de Covid-19, l’efficacité d’Artemisia annua contre le Covid a également été débattue. Même si cette plante pourrait être la source de recherches intéressantes, aucune étude scientifique, à ce jour, ne permet d’affirmer qu’Artemisia annua serait un remède efficace contre le Covid-19. L’ANSM a d’ailleurs publié en 2020 une mise en garde contre des produits à base d’Artemisia annua (plante sèche, décoctions, tisanes ou gélules) vendus sur Internet, et présentés comme pouvant prévenir ou guérir le Covid-19.
Des bienfaits, mais aussi des contre-indications
Comme dit plus haut, Artemisia annua fait partie de la pharmacopée de la médecine chinoise depuis des siècles pour son action contre la fièvre. Toutefois, à des doses élevées, l’artémisinine présente un risque de neurotoxicité, et ne doit pas être consommée par une personne épileptique. Elle peut également provoquer des troubles du rythme cardiaque et des troubles digestifs. Elle est aussi contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante.
Malgré l’intérêt et la reconnaissance croissante pour les médecines traditionnelles, ainsi que les impressionnants bienfaits d’Artemisia annua (qu’elle n’a sans doute pas fini de dévoiler !), il ne s’agit certainement pas d’une plante miracle… D’ailleurs, aucune ne l’est !
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