La végétalisation des autoroutes
L'autoroute et ses dépendances vertes
L'autoroute, c'est bien plus que des voies de circulation et une bande d'arrêt d'urgence : la société gestionnaire a aussi à aménager et entretenir les "dépendances vertes" de l'autoroute. C'est ainsi que l'on appelle les berges herbacées et arbustives qui sont situées de part et d'autre de l'autoroute. Elles représentent des surfaces non négligeables, dont l'automobiliste n'a que peu conscience : pour 1 km d'autoroute, on compte à peu près 4 hectares de dépendances vertes, ce qui représente en moyenne 10 à 15 mètres de part et d'autre des voies.
Une végétalisation utile à la biodiversité
La végétalisation des bords d'autoroute assure à la petite faune (petits mammifères, oiseaux, batraciens, reptiles, insectes...) et à la flore sauvage un lieu de vie intéressant : ces espaces entre l'autoroute et les champs cultivés ou les zones industrielles sont une chance pour certaines espèces qui trouvent là des conditions favorables à leur vie et à leur reproduction. L'homme n'y intervient que très peu (depuis les années 80, le fauchage régulier concerne uniquement les 2 premiers mètres les plus proches de la voie, et les opérations de taille ou d'élagage ne sont qu'occasionnelles), ce qui laisse le champ relativement libre à la vie sauvage : les abords de l'autoroute sont ainsi, paradoxalement, un véritable réservoir biologique ! Les sociétés d'autoroutes françaises ont d'ailleurs signé en juillet 1993 une Charte Environnement destinée à mieux intégrer les autoroutes dans le paysage, à limiter leurs impacts négatifs (pollution du sol et des eaux, bruit, fragmentation des habitats naturels...) et à favoriser la biodiversité, tant animale que végétale.
D'ailleurs, quand on y réfléchit, les espaces "sauvages" sont, en dehors des réserves naturelles, rares en France : entre les zones agricoles intensives, les exploitations forestières et l'avancée des milieux urbanisés, il reste peu de place pour la flore spontanée ! Il n'est donc pas très étonnant que ce soit le long des axes de circulation que l'on rencontre certaines espèces qui ont été chassées de leur habitat.
L'effet corridor : quand les bords d'autoroutes facilitent les migrations d'espèces
Il n'y a pas qu'aux voitures que l'autoroute permet de voyager ! Les espèces sauvages en profitent elles aussi : si l'autoroute en elle-même peut représenter un obstacle (traversée difficile, d'où une fragmentation accrue des habitats naturels, voir notre article sur la Trame Verte et Bleue), les animaux et les plantes peuvent cependant se déplacer facilement le long de l'axe de circulation. Dans cet espace relativement dégagé et continu, les migrations sont facilitées sur de très longues distances : c'est l'effet corridor.
Rôles des plantations pour la durabilité des infrastructures
Certes, la prise en compte des enjeux écologiques et environnementaux est importante en matière de choix des plantations. Mais il ne faut pas oublier que les végétaux sont également là pour pérenniser les aménagements autoroutiers : ils protègent le sol de l'érosion par l'eau (pluie, ruissellement), ils consolident les talus (parfois très hauts : jusqu'à 50 mètres) et empêchent les glissements de terres et autres matériaux de déblais retirés lors du terrassement, et favorisent le drainage des talus grâce à leur système racinaire qui assèche rapidement le sol (notamment en ce qui concerne les arbres et arbustes).
A noter également : les plantations ont aussi eu pour rôle immédiat, au moment de la construction de l'autoroute, de masquer les blessures infligées au paysage : du vert pour camoufler les cicatrices grises (béton) et noires (asphalte), et cicatriser les plaies brunes (sol perturbé, matériaux de déblai) laissées aux abords des voies...
Des plantations utiles à l'automobiliste
Savez-vous que ces plantations sont également là pour faciliter la circulation et la conduite ? A certains endroits, une végétation haute et dense peut protéger efficacement contre le vent (notamment à proximité des panneaux "manche à air", qui annoncent des vents importants susceptibles de provoquer des embardées des véhicules lancés à grande vitesse), ou même contre le bruit : là, ce sont les riverains qui en profitent.
En outre, sachez que les arbustes plantés sur le terre-plein central sont là pour vous éviter d'être ébloui par les phares des véhicules qui arrivent en sens inverse, et qu'ils jouent un rôle de "guidage optique" : grâce à eux, le conducteur anticipe mieux sa trajectoire, et il évalue plus facilement les distances et les vitesses. Ces arbustes "centraux" ont d'ailleurs bien du mérite, car ils ont des conditions de vie difficiles : pollution par les gaz d'échappement et les sels de déneigement, sol et sous-sol de mauvaise qualité, déplacements d'air dus à la circulation, chaleur écrasante en été... Rien d'étonnant à ce que certains semblent un peu rachitiques !
Enfin, les plantations autoroutières participent à l'agrément de l'usager : bien qu'à 130 km/h, l'automobiliste ne distingue pas les détails mais seulement les volumes et les couleurs, la diversité des végétaux plantés le long des autoroutes occupe l'oeil (enfin... surtout celui du passager !).
Les différents types de végétalisation
Pour schématiser, au bord des autoroutes, la végétation peut prendre 3 visages différents ; dans tous les cas, les choix se portent vers des végétalisations qui ne demandent pas (ou très peu) d'entretien (taille, arrosage, désherbage...).
- Engazonnement : les talus et l'ensemble des "dépendances vertes" peuvent être simplement engazonnés, ou du moins habillés d'une pelouse naturelle ;
- Plantations de petits arbres, arbustes et vivaces herbacées (horticoles ou sauvages) adaptés aux spécificités de la région (sol, climat, faune et flore), et peu exigeants. Le choix d'essences locales permet de redonner une place à cette flore spontanée et de reconstituer un patrimoine arboré. Les végétaux sont plantés serrés, pour créer rapidement un massif et empêcher les mauvaises herbes de s'installer, et le sol est souvent paillé ou bâché autour des plantations (vous avez sûrement déjà remarqué ces plastiques noirs opaques) pour limiter les besoins en arrosages au moment de la reprise.
- Végétation spontanée : ces végétaux ont l'avantage de s'installer rapidement et facilement, mais les espèces invasives y sont hélas souvent très représentées (buddléia, roseau commun exotique, ailante, sumac...) et l'impression globale est souvent celle d'un lieu un peu négligé. On trouve aussi, avec ce type de végétalisation, des plantes exotiques ou cultivées échappées des jardins, ou des plantes de bord de mer, halophiles ou non, implantées loin à l'intérieur des terres (lire : Salage des routes et migration des plantes maritimes).
>> Lire aussi : Pourquoi est-ce que végétaliser rafraîchit l'air ?
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Alainfr01 03/12/2021, à Lagnieu
Cet articles est très intéressant. J'empreinte très souvent l'autoroute et je trouve qu'il reste encore énormément d'espace sans aucune végétation. Pourquoi n'y plantes t'on pas des arbres ou arbustes ? Est ce un problème de coût ou un manque de volonté?
Sixmoi 27/07/2014, à Derval
Combien d'hectares de verdure ont été sacrifié ,pour les autoroutes ..? AIRE DE REPOS ET DISTRIBUTION D'ESSENCE ........
Buddleia 29/06/2014, à
Pourquoi trouve t-on tant de cyprès au pollen terriblement allergisant alors que par ailleurs on tire la sonnette d'alarme au sujet des allergies respiratoires?
Thomenfant 17/06/2014, à Fontenay le comte
Oui a la végétalisation des autoroutes , mais le fauchage le long de la rail de sécurité doit être fait pour se déplacer a pied lors d'une panne automobile, pour aller a la borne de téléphone
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