La renouée du Japon, Fallopia japonica, une belle envahisseuse
Comment reconnaître la renouée du Japon ?
La renouée du Japon (Fallopia japonica) est une plante vivace arbustive de la famille des Polygonacées, originaire d'Asie orientale. Elle se compose d'un système racinaire puissant, de gros rhizomes (tiges souterraines vivaces) ligneux et traçants, et de longues tiges semi-ligneuses (jusqu'à 3 mètres de hauteur), dressées et arquées, formant une vaste touffe évasée. Ces tiges, de couleur rougeâtre, sont creuses et dotées de nœuds qui leurs donnent des airs de bambous. Le feuillage dense est caduc. Il se compose de larges feuilles ovales se terminant en pointe et à la base tronquée. De couleur verte, elles virent au jaune avant de tomber.
Les inflorescences s'épanouissent d'août à septembre : ce sont de longues panicules montantes (environ 10 cm de long), composées de petites fleurs blanches ou rosâtres qui offrent du nectar et du pollen aux abeilles et autres butineurs, lorsque la plupart des fleurs finissent de faner.
Une plante envahissante
L'arrivée de la renouée du Japon en Europe et en France
La renouée du Japon fut introduite aux Pays-Bas dans la première moitié du 19ème siècle, par une compagnie de commerce. On la célèbre alors pour sa croissance rapide et ses qualités esthétiques et mellifères. Pour profiter de cette belle plante, on la fait venir en France. Dès la fin du 19ème siècle elle s'est naturalisée. Vers le milieu du 20ème siècle, elle devient colonisatrice.
Le développement incontrôlé de la renouée du Japon
Pour comprendre la capacité de la renouée du Japon à coloniser les espaces, il faut s’intéresser à trois de ses caractéristiques :
- Son mode de multiplication végétative. La renouée du Japon se multiplie grâce à son rhizome (la reproduction par semence n'est possible qu'au Japon). Tout fragment de celui-ci peut permettre le développement d'une nouvelle plante. Les crues des cours d'eau, les travaux agricoles ont, entre autres, contribués à sa dissémination.
- Sa croissance rapide, qui laisse peu de chances aux plantes concurrentes.
- Sa capacité à coloniser les milieux pollués. Il s'agit d'une plante pionnière dans son milieu naturel, la première qui se développe sur les coulées de laves (riches en métaux). C'est pour cela qu'on la voit proliférer sur les friches urbaines et industrielles, le long des voies ferrées et des cours d'eau (pollués) dont elle apprécie la fraicheur.
À ces particularités qui lui sont propres, la renouée du Japon rencontre en France des conditions de vie qui lui sont très favorables : climat, qualité des sols, ensoleillement... Aujourd'hui, elle est présente dans tous les départements de la métropole (hors Corse).
Les problèmes environnementaux liés à la présence de la renouée du Japon
Si la renouée du Japon permet d'exposer au grand jour nos sols pollués, elle n'en est pas moins une grande menace pour notre biodiversité. Car une fois installée, elle ne laisse aucune chance de s'installer aux plantes voisines. Ses armes :
- Un système racinaire puissant et étendu (jusqu’à 3 m de profondeur) qui envahit l'espace souterrain, s'accaparant les ressources vitales que sont l'eau et les substances nutritives.
- Des rhizomes contenant des composés phénoliques toxiques qui, relâchés dans la litière, éliminent les végétaux se trouvant à proximité et potentiellement concurrents ;
- Son feuillage exubérant ne laissant filtrer aucune lumière jusqu'au sol.
Se développent alors des peuplements monospécifiques de renouée au détriment de la flore locale. Cet appauvrissement de la diversité végétale entraine un appauvrissement de la diversité animale vivant le long des cours d'eaux (recul des populations d’amphibiens, de reptiles, d'oiseaux et de nombreux mammifères).
À cela s'ajoute également le problème du maintien des berges (les parties aériennes de la renouée disparaissant en hiver, les berges colonisées se retrouvent sans protection contre le courant et les intempéries) et de leur fermeture (la végétation dense empêchant l'accès aux utilisateurs : pêcheurs, randonneurs...).
Dernier désagrément dû à la présence de la renouée du Japon : une espèce de fourmi (Lasius neglectus) développant d'importantes colonies semble avoir fait le voyage avec la plante. Son impact sur la diversité de la microfaune est sous surveillance.
Les moyens de lutte contre l'invasion
Peu de solutions efficaces existent à ce jour pour lutter contre cette plante invasive, le mieux étant d'intervenir au stade des jeunes pousses et de les déterrer entièrement, le plus tôt possible. L'arrache devient trop complexe lorsque la plante est développée. Toutefois, si vous avez dans le jardin une renouée déjà bien développée, vous pouvez intervenir en fauchant les tiges, au ras du sol, plusieurs fois pendant la saison, afin d'épuiser ses réserves. Ce fauchage devra être fait plusieurs années de suite.
À savoir
Si la renouée du Japon est la plus répandue, il existe une autre renouée asiatique à caractère invasif : la renouée de Bohème (Fallopia × Bohemica), résultant d'une hybridation avec la renouée de Sakhaline (Fallopia sachalinensis). Il ne faut pas les confondre avec la renouée grimpante ni avec la renouée de Chine.
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Popy14 27/08/2021, à Bagneres-de-bigorre
On peut manger les pousses, après les avoir ébouillantées : un bon moyen de la contenir...
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