Les araignées, des auxiliaires précieux à préserver cet hiver
Les araignées, des auxiliaires de choix pour les jardiniers

Argiope frelon
On oublie souvent que les araignées (qui ne sont pas des insectes) ont un rôle à jouer en matière de lutte biologique : elles sont de redoutables prédateurs pour bon nombre d'insectes ravageurs du jardin ou indésirables dans la maison (lire : Les araignées de la maison).
Pucerons ailés (lorsque vient la saison des vols, entre mai et août), papillons comme les noctuelles ou les piérides dont les chenilles sont redoutées au jardin, mouches en tous genres... autant d'ennemis du jardinier dont les araignées se délectent. Elles sont en effet presque toutes exclusivement carnassières, et se nourrissent d'insectes vivants. On les rencontre dans tous les jardins, ou même sur les balcons ou les terrasses en ville ; elles peuvent aussi, bien sûr, s'inviter dans les maisons, les abris de jardin, les garages et les caves... mais ceci est une autre histoire !
Pièges ou chasse à l'affût : l'araignée, une redoutable prédatrice

Lycose portant sa ponte (Pardosa hortensis)
Les araignées capturent leurs proies selon des techniques de chasse bien rôdées. Bon nombre d'entre elles utilisent des pièges, ces fameuses toiles dans lesquelles l'insecte insouciant vient se prendre : prévenue de la capture par les vibrations transmises par les fils de la toile, l'araignée acoure et neutralise sa proie en lui injectant son venin, grâce à ses "crochets" (les chélicères), et en l'emballant parfois dans un cocon de soie, comme on emballerait un sandwich ! Quand vient l'heure du repas, elle injecte à l'insecte, toujours grâce à ses chélicères, des enzymes digestives qui vont lyser les tissus internes de la proie ; l'araignée n'aura plus qu'à aspirer le liquide afin de s'en nourrir.
D'autres araignées ne tissent pas de toile, et chassent à courre : elles courent sur le sol ou se promènent sur un mur, des herbes ou des rameaux, et, lorsqu'une proie est repérée, elles sautent sur elle et la mordent. Certaines espèces chassent plutôt à l'affût : elles attendent, immobiles, qu'un insecte passe à proximité, puis bondissent et le neutralisent. Féroce, donc, l'araignée...
L'hiver arrive, préservez leurs oeufs !

Cocon de ponte
Bon nombre d'espèces d'araignées ne vivent que quelques mois, une année dans le meilleur des cas. Elles pondent souvent leurs oeufs à l'automne, dans un cocon de soie. Certaines transportent ce cocon avec elles jusqu'à éclosion des oeufs, d'autres l'abandonnent, avant de mourir, fixé à une herbe, une branche, dans une feuille enroulée, sous une pierre ou dans un pot de fleur vide... Ces nids peuvent contenir, selon la taille de l'araignée, entre un et plusieurs milliers d'oeufs, qui écloront au printemps suivant. Ces futurs nouveaux-nés seront, une fois devenus des araignées adultes, une bénédiction pour le jardinier : gardez-vous bien de détruire les cocons soyeux !
Evitez ainsi de trop nettoyer le jardin à l'automne ; laissez en place, autant que possible, les touffes de vivaces, les fleurs annuelles fanées (par ailleurs tellement jolies les matins d'hiver, délicatement serties de givre) ou les herbes sèches. Si l'envie vous démange de couper toute cette végétation et de faire place nette dans vos massifs ou vos bordures, laissez au moins les débris sur place (ce qui constituera d'ailleurs un paillage protecteur) ou au fond du jardin. Il sera bien temps de vous en débarrasser au printemps, lorsque les petites araignées seront nées et auront investi le jardin ! Ne craignez pas que ce geste vous occasionnera une invasion d'araignées l'année suivante : la nature étant décidémment bien faite, les oiseaux se chargeront très bien d'en réguler les populations. Ces gestes auront d'ailleurs l'avantgae de préserver du même coup d'autres auxiliaires comme la coccinelle, le gendarme, la chrysope, le staphylin, le syrphe ou le carabe.
Quelques araignées courantes au jardin

Cocon de ponte
On compte quelque 1600 espèces d'aranéides en France ; autant dire que la famille est vaste ! En voici quelques-unes parmi les plus connues :
- Les épeires : ce sont de grosses araignées qui tissent de magnifiques toiles verticales. L'Epeire diadème (Araneus diademantus) est très courante au jardin.
- Les argiopes : comme les épeires, ce sont d'excellentes tisserandes. L'Argiope frelon (Argiope bruennichi) est aisément reconnaissable à ses couleurs vives.
- Les araignées crabes ou thomises, comme Misumena vatia, ont la particularité de se déplacer de côté, et de posséder des pattes antérieures très développées et orientées latéralement. Elles ne tissent pas de toile et se placent souvent sur les fleurs (dont elles prennent alors la couleur... toutes proportions gardées : elles sont des championnes du camouflage), en attendant qu'un malheureux insecte vienne butiner.
- Les tégénaires tissent des toiles horizontales munies d'un tunnel dans lequel l'araignée se cache. Il en existe différentes espèces en France ; on les trouve, selon les cas, dans les maisons, les caves ou les garages, ou au jardin (dans les anfractuosités de murs, les herbes, sur les branches basses, sous une pierre...).
- Les lycoses, ou araignées loups (genre Pardosa ou Lycosa) chassent "à courre" et se déplacent très rapidement. On les rencontre souvent sur le sol ; leur couleur est souvent beige ou brune. Elles transportent leur ponte avec elles, fixée à leur abdomen.
- Quant aux faucheux ou opilions, très courants également, ne sont pas des prédateurs, ni même des araignées, même si, comme elles, ils possèdent 8 pattes (fines et très longues). Ils ont d'ailleurs la capacité de se "défaire" d'une de leurs pattes lorsqu'ils sont attaqués.
Araignées mal-aimées
Les araignées véhiculent une bien sinistre image dans l'imaginaire collectif, et l'arachnophobie (c'est-à-dire la peur panique des araignées) est l'une des phobies les plus courantes. Est-ce à cause de leur statut de prédatrice ? De leurs célèbres toiles ? Est-ce parce qu'elles vivent souvent tapies dans l'ombre, et qu'on a tous le souvenir, enfant, d'une cave obscure pleine de vieilles toiles poussiéreuses ? Ou parce qu'elles se déplacent rapidement ? Toujours est-il que les araignées sont craintes, parfois détruites avec acharnement, et qu'on les accuse, la plupart du temps à tort, de "piquer".
D'abord, contrairement à une idée reçue, les araignées ne piquent pas : elles mordent, en se servant de leurs crochets comme d'une pince. Ensuite, sous nos climats, elles sont généralement bien incapables de mordre un être humain, à cause de (ou grâce à !) leur petite taille et la morphologie de leurs chélicères, trop rapprochés pour pouvoir pincer notre peau. Aussi, la "piqûre" d'araignée est rarissime en France, et, qui plus est, face à l'homme, l'araignée opte plus souvent pour la fuite que pour l'attaque, à moins que vous ne posiez malencontreusement une main dessus. Tranquillisez-vous donc : nos araignées sont la plupart du temps bien inoffensives !
Crédit photos : Humpapa (1, 3) / Reini68 (2) / jc des plaines (4)
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Annystella 16/09/2015, à Corbas
Une araignée ARGIOPE a passé l'été suspendue sur un plan de tomate. J'habite la région lyonnaise. Maintenant il reste le cocon qu'elle a fait.Elle a disparue.
Consoude 28/11/2012, à Bures sur yvette
Les araignées sont des mères exemplaires. Les observer avant, pendant et après la ponte, lorsque les bébés sont assez mûrs pour quitter leur nid est une activité passionnante.
Papy cbv 12/12/2011, à
Les araignées ont toute un coté utile, c’est selon ! Elles peuvent également être des prédateurs L’araignée Agriope (agricole) piège les abeilles et tous les insectes butineurs grâce à sa faculté à se camoufler dans les fleurs de végétaux (une sorte d’insecte caméléon qui s’adapte au végétal ou elle est en chasse) cette araignée consomme également une grande quantité de pucerons et n’hésitera pas si l’occasion se présente à capturer une petite guêpe Poliste qui aura eu le malheur de venir chasser sur le même végétal quelle. http://vivreabonnetan.wordpress.com/2011/03/29/abeilles-mellifres-en-dclin-dans-le-monde/
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