Comment sont créées les nouvelles variétés de roses ?
Meilland, la fine fleur de la rose
Commençons par planter le décor : Meilland est un grand nom de la rose française. Cette entreprise 100% familiale, forte de ses 150 employés partout en Europe, dont 20 agronomes et techniciens, a un pied dans le Sud, et l'autre en région lyonnaise : la partie R&D (c'est-à-dire la partie création et sélection des futurs rosiers stars) est installée au Cannet-des-Maures, dans le Var ; quant à la partie production et distribution, son camp de base se trouve à Diémoz, dans l'Isère.
Meilland, c'est 6 générations de passionnés qui se sont succédées, depuis 1850, pour développer l'entreprise et donner naissance à des milliers de nouvelles roses. Mais comment naissent les roses ? Chez Meilland, on nous a tout expliqué, et on vous le fait partager !
La création de nouvelles variétés de rosiers : 10 ans de R&D !
Créer une nouvelle variété de rosier, ça prend du temps : il faut 8 à 10 ans de sélection. Pour qu'un rosiériste tel que Meilland puisse mettre sur le marché 4 ou 5 nouvelles variétés chaque année, il faut que 10 ans auparavant, 150.000 à 200.000 nouveaux cultivars naissent, c'est à dire que 200.000 semis de graines inédites soient réalisés. Et pour obtenir ces graines inédites, on procède à 2000 voire 2500 croisements par an. Ces croisements se nomment hybridation (breeding en anglais).
Hybridation des rosiers : comment ça marche ?
L'hybridation consiste à marier deux rosiers de variétés différentes, c'est à dire à féconder la fleur (plus précisément, l'ovule) d'une variété de rosier "mère" avec le pollen que l'on aura prélevé sur le rosier "père". Au moment de la fécondation, les deux gamètes (l'ovule et le pollen) fusionnent et donneront une graine, qui sera semée afin d'observer le résultat du croisement.
Pour maîtriser cette fécondation, la pollinisation se fait à la main : l'opérateur prélève le pollen de la variété "père" et le dépose à l'aide d'un pinceau sur le pistil de la variété "mère". La rose à polliniser a au préalable été castrée pour éviter l'autofécondation : ses étamines ont été retirées et la fleur a été ensachée afin d'éviter toute pollinisation par le vent ou un insecte. Une fois la pollinisation manuelle réalisée avec le pollen du rosier père choisi, on replace le sachet durant 2 jours afin de protéger la fleur de tout autre pollen, et les fleurs sont identifiées par des fils colorés.
20.000 à 30.000 fleurs sont ainsi fécondées manuellement chaque année chez Meilland : un travail colossal. La variété du rosier père et celle du rosier mère sont choisies parmi un pool de "géniteurs", c'est à dire de rosiers présentant des qualités intéressantes, qu'ils soient déjà commercialisés ou non. Ensuite, on patiente jusqu'à ce que les fruits (les cynorhodons, qui en réalité sont des faux fruits) soient mûrs, et on en récolte les graines, qui seront semées.
Chacun des "bébés" rosiers qui naît de ces semis aura des caractéristiques uniques : la fécondation effectuant un brassage génétique, dans un même fruit de rosier, chacune des graines aura des caractéristiques génétiques qui lui sont propres, et chaque graine semée donnera un nouveau rosier original, inédit. En clair, les rosiers "frères" issus d'un même croisement seront tous différents les uns des autres, et différents également des deux rosiers parents (on parle de semis non fidèle). Ci-dessous, le résultat d'un semis des graines issues d'un même croisement : les rosiers se ressemblent mais les fleurs sont tout de même différentes.
Un travail de sélection exigeant
Sur les quelques 200.000 semis, et donc les 200.000 nouveaux rosiers obtenus chaque année par ce travail d'hybridation, une petite partie seulement sera retenue au terme d'un an de culture sous serre : ceux présentant les fleurs les plus intéressantes (car ils fleurissent dès la première année), le feuillage le plus attrayant et la plus grande vigueur seront retenus.
Lors de la 2e année, les rosiers ayant réussi cette épreuve de "présélection" sont alors placés en extérieur, toujours en pots, afin de les confronter aux maladies et aux ravageurs (à noter que Meilland travaille sans aucun pesticide depuis les années 80). 95% d'entre eux seront écartés : seuls les plus résistants continueront la compétition.
Installés en pleine terre à partir de leur 3ème année (certains peuvent aussi être testés en grands bacs), les finalistes seront observés dans les champs d'essai Meilland du sud de la France, puis, pour les plus méritants, testés dans les différentes zones d'essai Meilland situées sous différents climats et différentes latitudes (Canada, Scandinavie, Russie, Floride, Espagne, Chine). Leur comportement sera étudié, noté, évalué, tant en terme de floraison que d'aspect du feuillage, de capacité d'adaptation à tous types de sol ou de climat, et de résistance aux maladies.
Au terme d'au moins 5 ans supplémentaires de tests, une poignée d'entre eux seront mis sur le marché ; d'autres resteront en réserve dans la collection, pour éventuellement être commercialisés plus tard, ou être utilisés comme géniteurs pour les hybridations.
Les critères de sélection
Les critères de sélection varient selon le type de rose visé : roses de fleuristes (la forme de la fleur, le parfum et la tenue en bouquet sont alors essentiels) ou roses de jardin (entretien minimum, floraison abondante et remontante, couleur et forme des fleurs, parfum, compacité...).
Les essais sur futurs rosiers paysagers : élevés à la dure !
Les rosiers paysagers subissent des tests particulièrement exigeants : ces rosiers ayant souvent vocation à prendre place dans les jardins et espaces publics moyennant un entretien minimal, ils doivent faire leurs preuves avant de prétendre à la mise sur le marché. Ainsi, les candidats sont plantés en pleine terre, en plein soleil, ils sont très peu arrosés (ni traités bien évidemment) et taillés... au taille-haie ! Les pires conditions de culture imaginables... Pourtant, certains s'en sortent très bien : ce seront les grands gagnants !
Nouveaux rosiers sur rampe de lancement
Les rosiers que l'on décide de commercialiser sont alors multipliés par bouturage, d'abord au Cannet des Maures, puis à grande échelle à Diémoz et chez les partenaires producteurs. A noter qu'au moment du lancement de chaque nouvelle rose portant le nom d'une célébrité, on procède à son baptême. Amusez-vous d'ailleurs à comparer chaque rose à la personnalité du parrain ou de la marraine : généralement, ça "matche" parfaitement !
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