L'Ayahuasca, une plante 'mère' associée à un breuvage légendaire
L'ayahuasca, une liane presque comme les autres
Le terme 'Ayahuasca' définit à la fois une plante originaire des régions tropicales de l'Amazonie ainsi que la célèbre boisson psychédélique dont elle est l'une des composantes.
Banisteriopsis caapi, puisqu'il s'agit de son nom scientifique, est une liane, très fréquente en forêts denses et humides du Pérou à l'Équateur, en passant par la Colombie et le Brésil. Grimpante, la plante monte à l'assaut des grands arbres sur plusieurs dizaines de mètres. Ses feuilles, vert franc, ovales, opposées, mesurent une quinzaine de centimètres de longueur.
Elle est considérée par les peuples de l'Amazonie comme une plante mère, révélatrice et enseignante, mais aussi médicinale et purgative.
L'ayahuasca, une potion magique ?
Imaginée comme une boisson magique ouvrant tous les canaux de la perception, l'ayahuasca est utilisée de manière traditionnelle par les chamanes amazoniens pour soigner. Elle est à la fois purgative du corps et de l'esprit. En France, cette potion est interdite à la consommation, car elle contient de la DMT (Diméthyltryptamine), un composé psychoactif puissant qui appartient à la classe des tryptamines. Sa préparation, sa détention, et son utilisation sont illégales.
Notez que la plante Banisteriopsis caapi utilisée seule n’est pas proprement hallucinogène. Elle contient cependant des IMAO, (inhibiteurs de monoamine oxydase), sous la forme d’harmine, d’harmaline et de tetrahydroharmine. C'est seulement lorsqu'elle est préparée avec d'autres plantes bien précises que les effets psychodysleptiques du breuvage se révèlent. Cette plante est donc tolérée pour une culture ornementale.
Une préparation complexe et ritualisée
Il s'agit de réaliser une décoction à base de plusieurs plantes, dans de l'eau de source purifiée et portée à ébullition. On utilise généralement Banisteriopsis caapi et Psychotria viridis, voire Diplopterys cabrerana pour préparer l'Ayahuasca. Pour libérer toutes leurs substances très actives, ces plantes mijoteront ensuite à feu très doux de 6 à 12 h. Les étapes de cuisson et de filtration sont souvent répétées à plusieurs reprises afin d'obtenir une concentration optimale. Bien avant la prise, le corps doit être préparé : pas d'alcool, de viande rouge, de tabac, ni de sexe durant au moins une semaine, voire un mois entier.
Des effets bien réels
Outre les diarrhées et les vomissements très fréquents, la prise de la préparation induit ensuite une amplification de tous les sens ainsi que des fonctions psychiques. Elle provoque des visions, un sentiment d'unité avec l'univers, voire de transcendance. Des expériences hallucinogènes intenses sont également décrites, des retours dans le passé, la rencontre d'entités ou d'êtres disparus, mais attention, certaines personnes peuvent, par ailleurs, ressentir un fort état de confusion, de fortes crises d'anxiété, voire de paranoïa.
Un intérêt scientifique croissant
Les propriétés de l’ayahuasca sont étudiées depuis quelques années, notamment dans le traitement de la dépression, de certaines formes d'anxiété, du stress post-traumatique, mais aussi de l’addiction. La prise de la substance sous forme contrôlée par une équipe médicale pourrait faire gagner un temps fou sur les psychothérapies et réduire de manière drastique l'emploi d'antidépresseurs.
La capacité du breuvage à moduler la plasticité cérébrale indique un potentiel thérapeutique sur un large éventail de troubles psychiatriques et neurologiques. Les maladies neurodégénératives telles que Parkinson ou Alzheimer sont aussi concernées. Comme tend à le prouver une récente étude publiée dans la revue Nature en 2020 (1), il est également stipulé que la DMT augmenterait la création de nouveaux neurones à l’âge adulte, ce qui est une fort bonne nouvelle !
Pas de précipitations cependant ! Très controversées pour cause d'illégalité, ces substances sont loin de trouver une application médicale courante dans notre pays pour l'instant, bien que de nombreux scientifiques s'y intéressent et que les laboratoires sont déjà sur le coup !
L'intérêt pour l'ayahuasca et les cérémonies qui l’entourent ont fait naître en Europe une certaine appétence pour une nouvelle forme de loisir : le tourisme chamanique. Bien organisés, les tours opérateurs d'un nouveau genre proposent de partir en groupe dans la forêt amazonienne faire des expériences psychédéliques en présence de chamanes. Évidemment, l’appât du gain suscite des vocations ! C'est ainsi que de pseudo chamanes peu expérimentés pullulent et qu'il est bien difficile de dénouer le vrai du faux une fois sur place, avec tous les risques que cela comporte. De même pour les séances organisées à domicile, par un 'chamane' improvisé ou un simple initié, qui peuvent parfois mal tourner par manque de préparation, de compétences ou tout simplement parce que les plantes obtenues sur Internet ne sont pas les bonnes. Lorsque l'on joue avec ses perceptions, mieux vaut prendre quelques précautions !
(1) https://www.nature.com/articles/s41398-020-01011-0#citeas
Pour en savoir plus :
Les Nouvelles thérapies Psychédéliques 2022 par le docteur en psychiatrie Olivier Chambon.
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