Le retour du loup : une réalité complexe
Loup en France : où en est-on ?
Le loup (Canis lupus) n’a pas été réintroduit en France. S’il a déserté nos contrées au début du XXe siècle, plusieurs noyaux de populations ont continué d’exister en Europe, notamment dans le massif des Abruzzes (Italie). Son retour en France est un processus naturel, dû à l’augmentation du nombre de ses proies et à la protection accordée par la Convention de Berne (1979). En effet, le loup est une espèce protégée au niveau international, européen et français. Selon l’Office Français de la Biodiversité (OFB), le France compterait 1 104 loups en 2023.
Mais comment le loup atteint-il de nouveaux territoires ? Bien qu’il vive en meute sédentarisée sur un territoire défini, certains individus quittent le groupe à la recherche de partenaires pour la reproduction, ou en raison de compétition pour l’accès à la nourriture. Cette dispersion permet la colonisation de nouvelles zones et la création de nouvelles meutes, parfois à plusieurs centaines de kilomètres de leur territoire d’origine.
S’il se nourrit principalement d’ongulés sauvages, le loup adapte son régime alimentaire en fonction des ressources disponibles dans son habitat. Par exemple, une étude1 s’est intéressée au régime alimentaire de 9 meutes du massif alpin. Celles-ci présentent un régime plutôt homogène, se composant en moyenne à 76 % d’ongulés sauvages (chevreuils, chamois, mouflons…), 16 % d’animaux domestiques (ovins, caprins, bovins…) et 8 % d’autres proies (marmottes, lièvres…). Mais dans certaines situations, les ongulés domestiques peuvent représenter plus de 40 % du régime alimentaire.
Historique de la présence du loup en France
- Le loup était à l’origine présent dans tout l’hexagone. Son impact, notamment sur l’élevage, fait de lui un animal redouté. Dès le Moyen Âge, des moyens sont développés pour l’éliminer ;
- XIXe siècle : le loup n’occupe plus que la moitié de son territoire historique ;
- 1937 : le loup est considéré comme éradiqué ;
- 1979 : le loup est protégé par la convention de Berne, transcrite dans le droit français en 1989. La forêt regagne du terrain et ses proies se multiplient ;
- 1992 : un premier couple de loups est observé dans le parc national du Mercantour (06). Un suivi est mis en place, géré par l’OFB. À partir de cette date, sa population augmente en France, et plus largement en Europe.
Une présence bénéfique pour la biodiversité
Les effets bénéfiques du loup pour la biodiversité ne sont pas toujours aisés à mettre en évidence, mais ils existent bel et bien. Par exemple, des scientifiques se sont intéressés à la cohabitation entre les cerfs, les loups et les humains2. La présence accrue de cervidés entraîne de gros dégâts sur les cultures, mais pas uniquement.
En forêt, les populations abondantes de cervidés bloquent la régénération des arbres, favorisent le compactage des sols et appauvrissent la végétation du sous-bois. Cette baisse de la végétation impacte négativement de nombreux invertébrés, comme les insectes pollinisateurs, ainsi que les oiseaux qui s’en nourrissent. Par leur présence, les loups obligent les populations d’herbivores à se déplacer et à raisonner leur alimentation. La présence du prédateur limite ainsi l’appauvrissement des milieux, et joue en faveur d’une richesse animale et végétale.
Une inquiétude pour les éleveurs
Malgré son intérêt pour la biodiversité, la présence du loup inquiète et provoque des tensions. La défense des troupeaux contre les attaques représente beaucoup d’argent pour les éleveurs et pour l’État. Pour l’élevage, l’impact du loup ne se limite pas au nombre d’animaux tués : le stress du troupeau et le mal-être de l’éleveur sont des conséquences indirectes non négligeables, qu’il est impossible d’ignorer.
Le Plan national d’actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage (plan loup), qui a pour objectif de protéger l’espèce tout en accompagnant la profession agricole face à la prédation, ne satisfait ni les organisations environnementales, ni les éleveurs.
Les débats actuels mettent en lumière la rivalité historique entre l’Homme et le loup, et interrogent le lien que notre espèce entretient avec la nature. Un équilibre peut-il être trouvé pour cohabiter avec le loup, à l’heure où il semble inévitable de réapprendre à vivre avec ce grand prédateur ? C’est tout ce que l’on peut souhaiter, tant sa présence est bénéfique dans les écosystèmes naturels.
1 : https://www.loupfrance.fr/pdf/Bulletin-Reseau-Loup-2012-N27_regime.alimentaire.pdf
2 : https://lejournal.cnrs.fr/articles/des-loups-des-cerfs-et-nous
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