Fleurs locales pour bouquets champêtres
Fleurs locales et de saison
Aujourd’hui 80 % des fleurs utilisées en France sont importées. Les modes de production des fleurs étrangères sont difficilement traçables, qu’il s’agisse des conditions de travail ou de l’emploi d’intrants qui abîment notre planète.
De nouvelles initiatives voient le jour pour faire repartir la production française de fleurs. Depuis quelques années, il existe une demande du consommateur pour des fleurs produites dans l’hexagone. Les consommateurs sont de plus en plus attirés par les bouquets champêtres composés de « fleurettes », et autres compositions sauvages, cultivées naturellement et localement. Les fermes florales, les fleuristes, les grossistes, des femmes et des hommes sont engagés en faveur de cette révolution florale. Ce renouveau de la fleur française est d’autant plus d’actualité avec la hausse récente des prix de l’énergie, nécessaire au transport ou pour chauffer les serres de production. Sont produits notamment des tulipes, des anémones, des renoncules, des dahlias, mais aussi des nigelles, des œillets des fleuristes, des pois de senteur, des ancolies, ou encore des lunaires, des célosies, des mufliers…
Une filière menacée
Dans les années 70, avec le développement de la grande distribution, la demande en fleurs coupées a beaucoup augmenté. Actuellement, les principaux pays producteurs en Europe restent les Pays-Bas, l'Italie et l'Espagne, tandis que la production s’accroît dans les pays tiers à l'Union européenne : Kenya (premier producteur de roses au monde), Israël, Équateur, Colombie par exemple. Une grande variété de fleurs différentes accessible toute l’année a vu le jour. La hausse du prix de l’énergie en France a également pénalisé les producteurs de fleurs sous serre.
En France, depuis environ 20 ans, le nombre d’horticulteurs décline. De nouveaux fleuristes talentueux encouragent les producteurs et les acheteurs respectueux de l’environnement. Actuellement, la production française de fleurs coupées concerne 343 entreprises cultivant 622 hectares. Elles emploient environ 1200 personnes, pour un chiffre d'affaire estimé à 78 millions d'euros en 2019.
Voici le top 5 des régions de France concernées, classées d'après leur chiffre d'affaire :
- PACA
- Pays de Loire
- Bretagne
- Nouvelle Aquitaine
- Ile-de-France
Focus sur 3 régions
Apprenez-en davantage sur 3 bassins de production de fleurs françaises :
- Le Sud de la France : son climat est très favorable à la production de roses, renoncules, mimosa… Un marché au cadran à Hyères permet la vente des fleurs aux professionnels et grossistes. C’est en quelque sorte une « bourse » de la fleur coupée. La région Provence, Alpes Côte d’Azur « PACA » représente 40 % des exploitations de production horticole françaises et 50 % des surfaces.
- La Bretagne, avec son climat doux, autorise la production de lys, de roses, de tulipes… des fermes florales sont créées dans le mouvement « Slow flower » qui défend une production locale et de saison. Selon la traduction littérale, l’expression signifie « fleurs lentes ». Les producteurs qui revendiquent l’appartenance au mouvement produisent au rythme de la nature, en respectant l’environnement et les saisons. Pour les puristes, seules les fleurs produites en plein air sans produits chimiques et vendues à proximité de l’exploitation peuvent prétendre faire partie du mouvement Slow Flowers. Ainsi, « La tige locale » est une petite entreprise familiale qui s’est bâtie autour de la passion pour les fleurs d’Alexandre et Rhiannon Tirehote, à Châtillon-sur-Colmont, à 25 km de Laval.
- L’ile de France : on voit apparaitre de nouveaux petits producteurs, dans Paris ou en banlieue à travers de petites fermes florales urbaines. À Rungis, il en reste 36, dont 3 feuillagistes, contre plus de 300 il y a 20 ans. Par exemple, au cœur même de Belleville, Masami Charlotte, horticultrice, produit ses roses, cosmos, digitales, calendulas pour des fleuristes parisiens sensibles à la production de fleurs françaises en cycle court.
Cueillette au jour le jour
Pour tous ces petits producteurs, les journées commencent tôt le matin et finissent tard le soir. La cueillette est une course contre la montre, car il n’y a pas de stocks et les fleurs sont ramassées à la dernière minute, puisque elles sont périssables. La saison démarre début mars et s’étale jusqu’en novembre.
Logos et labels :
Depuis 2015, à l’initiative du ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll, le logo Fleurs de France certifie au consommateur qu’il achète une fleur, un arbre, une plante ou un bulbe produit en France. Pour les acheteurs, Fleurs de France, c’est l’assurance de l’origine française des végétaux qu’ils achètent en leur permettant de repérer facilement ceux produits dans l’Hexagone.
Le projet Bleu Blanc Fleurs : Excellence Végétale redynamise la filière de la fleur coupée française. C’est une autre initiative qui a vu le jour sous l’impulsion de VAL’HOR, l’interprofession française, de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. C’est le projet BLEU BLANC FLEURS, dédié à la filière des fleurs coupées, de l’amont vers l’aval, en s’appuyant sur la marque Fleurs de France.
Collectif de la fleur française : créé en 2017 par Hélène Taquet floricultrice et fondatrice de Popfleurs et Sixtine Dubly, journaliste. Il soutient la culture de fleurs françaises locales et de saison. L’association s’inspire du « Slow Flower movement revolution » née aux États-Unis au milieu des années 2000 et qui essaime depuis dans le monde entier. Cette ancienne agricultrice, formée à l’École du paysage de Versailles, animait des ateliers de bouquets. Le collectif compte 380 membres. Son logo apparait sur les vitrines des fleuristes.
Fleurs locales et de saison
Grâce à toutes ces initiatives, on peut espérer voir repartir la filière production française de fleurs coupées et soutenir des horticulteurs talentueux. Il faut arrêter de penser que les roses fleurissent toute l’année et habituer le consommateur à la saisonnalité des productions. On observe les mêmes paradoxes dans les productions de fruits et légumes, par exemple les tomates sur les étals de marchés en plein hiver. L’idée étant finalement d’abandonner les aberrations écologiques pour la planète et de se dire que derrière chaque bouquet, il y a un artisan, un savoir-faire et un bouquet.
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