Pourquoi la canicule donne-t-elle aux arbres un aspect automnal ?
Le stress hydrique
Les feuilles sont des organes essentiels à la photosynthèse, mais elles sont aussi une source majeure de perte d'eau par l'évapotranspiration.
Quand le sol est sec, les racines peinent à prélever de l’eau. Les arbres ferment alors les stomates1 de leurs feuilles pour limiter au maximum la perte d'eau. Grâce à cette fermeture, les arbres réduisent fortement l’évapotranspiration, mais cela se fait au détriment de la photosynthèse. Celle-ci se voit ralentie, car le dioxyde de carbone ne peut plus entrer. Il en résulte un apport d’énergie fortement réduit pour les arbres.
Feuilles marron ou brunes : la dégradation de la chlorophylle
La chlorophylle est le pigment vert responsable de la photosynthèse. Sa dégradation est un processus lent qui se produit normalement à l'automne lorsque les jours raccourcissent et les températures baissent. Sous l'effet du stress hydrique, ce processus s'accélère. La disparition progressive de la chlorophylle laisse apparaître les pigments jaunes et orangés (caroténoïdes), comme les rouges et les violets (anthocyanes), normalement masqués en plein été.
Et les marronniers, dans tout ça ?
Depuis plusieurs années, les citadins constatent que le feuillage des marronniers vire au roux très tôt en saison, avec des feuilles comme partiellement brulées. Pas de lien avec le climat, pour le coup. Mais un parasite, la mineuse du marronnier, qui creuse des galeries et provoque ce dessèchement.
La chute des feuilles : une stratégie de survie
Le manque d'eau et le ralentissement de la photosynthèse provoquent un stress hydrique pour les arbres. Pour se protéger de ce stress et réduire encore davantage la perte d'eau, certains arbres commencent à se débarrasser de leurs feuilles, tout comme ils le font à l'approche de l'hiver.
Pour ce faire, ils forment une couche de cellules spéciales à la base du pétiole des feuilles, appelée couche d'abscission. Cette couche coupe l'approvisionnement en eau et nutriments vers les feuilles, ce qui les affaiblit et provoque leur chute.
Ce processus est semblable à la sénescence automnale, mais il est beaucoup plus brutal. C’est certes une façon d’économiser l’énergie et les ressources, mais en plein été, cela traduit la souffrance des arbres. Ils sacrifient leur feuillage pour conserver l'eau et consacrer leurs ressources à la survie. Cette stratégie d'adaptation évite la mort par déshydratation, mais cela peut les affaiblir à la longue, s'ils sont confrontés à des sécheresses répétées.
La répétition augmente le risque
Les phénomènes de brunissement et de chute du feuillage sont particulièrement visible chez les espèces déjà fragilisées par des sécheresses successives ou lors d’étés caniculaires, et il touche davantage les arbres les plus exposés au soleil et au vent. À terme, ce stress répété affecte aussi la vitalité générale des arbres et augmente leur mortalité.
Avec le dérèglement climatique, la fréquence des étés secs et caniculaires est malheureusement appelée à augmenter. Les végétaux possèdent des mécanismes de défense, mais leur capacité d’adaptation risque d’être prise de vitesse face à la rapidité de ce changement...
(1) les stomates sont les petites ouvertures par lesquelles les échanges gazeux se font (absorption de CO2, rejet d'O2 et d'eau)
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