Fruits et légumes : un luxe au Japon
Des fruits et légumes vendus à prix d'or
Ceux qui ont séjourné au Japon le savent bien : là-bas, les fruits et légumes sont vendus à des prix souvent exorbitants. C'est vrai pour la plupart des produits de consommation courante (le coût de la vie est élevé), mais ça l'est plus particulièrement pour les légumes et les fruits. Entre 25 et 50 euros la douzaine de fraises, 15 euros le kg d'oranges, 5 ou 6€ pour 2 malheureuses pommes, au moins 6 euros (parfois bien plus !) pour 3 tomates, de 15 à 100 euros pour un seul melon, de 20 à 50 euros la mangue... Seules les bananes sont abordables, avec des tarifs à peu près similaires à ceux pratiqués en France (et encore !).
Côté légumes, c'est un peu mieux, mais on se demande tout de même comment les Japonais pourraient appliquer la fameuse recommandation de "5 fruits et légumes par jour". Grosso modo, les prix à l'unité là-bas sont les prix au kg chez nous : 1€ la carotte, 60 centimes l'oignon, 70 centimes la pomme de terre...
Certes, il est toujours possible de trouver des fruits et légumes moins onéreux, notamment sur les (rares) marchés ou à la campagne, ou encore dans certaines superettes, mais ces produits-là, moins beaux, moins bien calibrés, sont considérés comme bas de gamme (alors que chez nous, ils passeraient pour ordinaires).
Comment font donc les Japonais ? Des légumes, ils en consomment tout de même, en dépit de ces tarifs prohibitifs (leur budget alimentation est simplement beaucoup plus élevé que le nôtre). Préparés en petites quantités, ils accompagnent les rares viandes, plus souvent des plats à base de céréales ou de soja. Quant aux fruits, ils sont utilisés pour la confection de desserts chics, ou encore pour la décoration (la sculpture de fruits et de légumes, ou mukimono, est un art traditionnel japonais).
Pourquoi des prix aussi élevés au Japon ?
Le fruit, objet de respect et de convoitise
Plusieurs raisons à ces tarifs ; les premières sont d'ordre culturel. D'abord, il faut savoir qu'au Japon, les fruits ne sont pas du tout perçus comme en France : chez nous, croquer dans une pomme dans la rue, servir un melon en entrée ou des fraises en dessert fait partie du quotidien, rien d'extraordinaire à nos yeux ! En revanche, au Japon, manger un fruit tient du cérémonial : le fruit est choyé, apprêté, soigneusement épluché, savamment découpé (comme les Japonais savent si bien le faire), artistiquement disposé dans une jolie assiette, et religieusement dégusté.
De même, au Japon, offrir une corbeille de fruits ou un melon à la personne qui reçoit, c'est comme, chez nous, apporter une boîte de chocolats fins ou une composition florale sophistiquée à la maîtresse de maison : le fruit est un joli cadeau, objet de respect, nanti d'une certaine aura... Allez donc offrir une pastèque à vos hôtes en France, vous serez gratifié d'un drôle de regard ! En outre, un fait illustre bien le statut des fruits au Japon : ces derniers sont souvent présentés en offrande dans les temples. C'est dire !
Le fruit japonais ne souffre pas la médiocrité
Pour les Japonais, un fruit se doit d'être beau et bon, ce qui implique des règles de production strictes et une sélection drastique avant la mise en marché : calibre, forme, couleur, taux de sucre, seuls les plus beaux fruits sont dignes d'être vendus (et achetés !). Bien sûr, une telle sélection gonfle les prix. Les clients japonais sont d'ailleurs les premiers à se montrer exigeants : les fruits moins beaux ne se vendent pas. On est prêt à payer très cher pour l'excellence à la japonaise... Et puis, au pays du Soleil Levant, on a le sens de la mise en scène, les fruits et légumes sont donc soigneusement emballés : présentés dans de jolies petites boîtes, lovés dans leur écrin de frisette ou même de papier de soie, lustrés, disposés avec soin comme des bijoux dans une vitrine, comme autant de produits de luxe.
Au Japon comme ailleurs, ce qui est rare est cher !
Dans l'archipel nippon, les surfaces agricoles sont rares, le climat très humide est peu propice aux cultures maraîchères et à l'arboriculture fruitière, et la main d'oeuvre japonaise est qualifiée, donc chère : les fruits et légumes récoltés au Japon sont ainsi très onéreux, et ce d'autant plus que la demande est importante ! Pourquoi, dès lors, ne pas se rabattre sur des produits importés, me direz-vous ? Tout simplement parce que les denrées d'importation sont aussi coûteuses que leurs homologues "made in Japan", en raison des taxes très importantes appliquées aux produits étrangers afin de protéger le marché intérieur. Bien sûr, la catastrophe de Fukushima n'a pas contribué à faire baisser les prix, bien au contraire !
Et puis, pour un Japonais, seuls les fruits produits sur le territoire national sont dignes de respect (ceux venus de la Chine voisine font l'objet de méfiance, notamment en ce qui concerne l'emploi de pesticides) : il préfère payer le prix fort pour une denrée japonaise.
Au Japon, les potagers sont rares : les jardins sont petits (à l'image du jardin japonais, jamais bien grand), et les petites surfaces disponibles pour les plus fortunés (prix du mètre carré oblige !) sont plutôt utilisées pour pour l'ornement. On ne peut donc même pas jouer la carte du "cultivé soi-même" pour faire de substantielles économies !
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Expat. 17/06/2015, à Tokyo
Le luxe au quotidien, ça devient vite insupportable ! Depuis cinq ans que j'habite au Japon, je n'ai pas mangé une seule fois des framboises par exemple. Cet été encore je me passerai de fraises, de cerises, de pêches et d'abricots en raison des prix qui atteignent des niveaux proprement ridicules. Et je ne parle pas des légumes, vendus eux aussi à l'unité. Des portions pour enfants en France sont considérées ici comme pour deux adultes. C'est dire. Quel luxe inutile ! Avec le temps, les marketeux japonais ont réussi à persuader les consommateurs que plus les portions étaient petites et chères, meilleur était le produit. Et pour couronner le tout, la NHK a annoncé il y a deux semaines une augmentation générale de 20% du prix de certains fruits et légumes en raison de mauvaises récoltes. Et pas question, bien sûr, d'en importer, de Thaïlande par exemple. Le Japon doit être le seul pays d'Asie où l'on ne trouve pas de fruits typiquement asiatiques alors que le pays n'en produit pas lui-même. Par contre, on lustre à la machine les pastèques pour qu'elles soient bien brillantes et faire d'un fruit ordinaire un un objet de luxe. Cette société marche sur la tête !
Marie-jo 26/01/2014, à
Je suis allée 2 fois au japon et j'ai éié très étonnée par les emballages cadeaux des fruits.vendus à l'unité et à des prix incroyables. Le LUXE NIPPON !
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