La communication chez les plantes : un langage silencieux
Un langage... sans le son
Les plantes communiquent, c'est à dire qu'elles émettent et analysent des signaux. Ces signaux ne sont pas sonores : le langage des plantes est silencieux. Il utilise deux types de messagers : des flux électriques lents, entre les différents organes d'une même plante ou entre plantes dont les racines se touchent, et les messagers chimiques volatiles, portés par l'air, et qui permettent donc à deux plantes éloignées l'une de l'autre de communiquer. Chez l'être humain, il suffit d'une fraction de seconde pour transmettre un message, chez les plantes, il faut plutôt plusieurs heures : la communication entre plantes est un phénomène lent.
Exemples de cas de communication d'une plante à l'autre
Messages d'alerte entre arbres d'une même espèce
En matière de communication chez les végétaux, la découverte qui a fait le plus de bruit ces dernières années a été celle du message d'alerte qu'un acacia de la savane d'Afrique du Sud (Acacia caffra) est capable d'envoyer à ses semblables lorsque ses feuilles sont broutées par une antilope, le koudou. En cas d'attaque d'herbivore, les feuilles se chargent en tanins (amers et toxiques pour les koudous) et émettent de l'éthylène dans l'air environnant. Cet éthylène, porté par le vent, informe les autres acacias à proximité de la présence d'une menace et ces derniers se mettent à leur tour à synthétiser des tanins afin de se protéger de l'attaque potentielle.
Dans nos forêts, le même type de message d'alerte faisant intervenir l'éthylène est observable chez les peupliers ou les érables, et il est probable qu'il y a encore de nombreux exemples de communication "solidaire" à découvrir chez les plantes.
Non-concurrence et entraide entre plantes parentes
Les plantes sont capables d'adapter leur croissance en fonction des plantes qui poussent à côté d'elles : chez de nombreuses espèces, si les racines d'une plante sont en contact avec celles d'une autre plante de la même espèce, la plante produit moins de racines (alors qu'elle peut au contraire en produire davantage si elle est en contact avec les racines d'une plante d'une autre espèce). Les racines se reconnaissent donc mutuellement (elles sont identifiées comme racines étrangères à l'espèce ou au contraire comme racines d'une plante parente) et la plante "choisit" de faire ou non concurrence à ses voisines.
Chez certains arbres (pin, par exemple), les parents reconnaissent les jeunes plants qui poussent à leur pied et leur fournissent, par l'intermédiaire de leurs racines et des mycorhizes qui font office de réseau de communication, des nutriments (sucres) afin de compenser le manque de lumière du sous-bois (sans lumière, pas de photosynthèse et donc pas de synthèse de glucides nécessaires aux plantes). Les arbres savent donc aussi identifier leurs descendants et les aider à se développer.
Communication entre végétaux et animaux
Entre communication et manipulation, les végétaux interagissent avec les animaux : il semblerait que des plantes comme par exemple le maïs, la tomate, le tabac ou encore le chou, lorsqu'elles sont attaquées, libèrent des substances volatiles qui attirent des prédateurs de leurs agresseurs, comme si elles appelaient leurs insectes alliés à la rescousse.
Plus banal mais s'inscrivant dans le même registre, le fait d'attirer les pollinisateurs avec des fleurs aux couleurs vives, de grande taille ou parfumées, puis de produire des fruits colorés et sucrés pour susciter l'intérêt des animaux susceptibles de contribuer à la dispersion des graines, sont autant de moyens de manipuler les animaux pour en tirer un service : c'est une forme de communication, puisqu'il y a signal (visuel, olfactif) et réponse (butinage, consommation de fruits), avec à la clé un bénéfice mutuel.
Les plantes réagissent aux stimuli extérieurs
On le sait, les plantes réagissent aux conditions climatiques et s'adaptent au sol. Elles ont aussi une certaine perception de ce qui les entoure : chez le maïs, lorsque les feuilles sont en contact avec quelque chose, la plante produit moins de racines et davantage de feuilles. Plus étonnant, les autres plants de maïs cultivés à proximité mais qui n'ont pas été touchés adoptent la même stratégie : moins de racines, plus de feuilles. Les scientifiques ont étudié ce phénomène et ont pu mettre en évidence que le plant de maïs dont les feuilles ont été touchées produit, au niveau de ses racine, une substance chimique qui informe ses voisines d'un manque d'espace et d'un mauvais accès à la lumière, afin qu'elles adaptent leur croissance en conséquence.
Autre exemple, plus spectaculaire, de réaction à un stimulus tactile : le Mimosa pudica, qui replie ses feuilles lorsqu'on les effleure (lire : Curiosités végétales : les plantes sensitives).
>> Découvrir aussi : Un blob au jardin
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Adrien 21/11/2021, à
Bonjour, La communication par l'éthylène entre les arbres est malheureusement, dans l'état actuel des connaissances, un mythe très largement relayé auprès du public, notamment par certains botanistes professionnels. Ces botanistes seraient bien en peine de citer des études scientifiques sérieuses attestant de l'existence de ce phénomène en conditions réelles, puisqu'il n'en existe aucune. La communication entre les acacias dont il est question dans l'article fait référence à des expériences réalisées par le zoologiste Wouter van Hoven dans les années 80, mais celui-ci n'a pas publié ses résultats (et encore moins son protocole expérimental, qui semble très critiquable) dans une revue scientifique à comité de lecture.
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