Loutre d’Europe : une espèce protégée et discrète
Un mammifère autrefois courant en France
Mammifère d’eau douce carnivore, la loutre d’Europe (Lutra lutra) appartient à la famille des Mustélidés. Elle évolue près des cours d’eau, des lacs, des étangs ou encore des marais. Capable de se déplacer sur la terre ferme, on la trouve parfois à plusieurs kilomètres des cours d’eau.
Autrefois, la loutre d’Europe était présente dans presque toute l’Europe et l’Asie, et sur l’ensemble du territoire français, hormis la Corse. Considérée comme nuisible et chassée pour sa fourrure, sa population a largement chuté. Puis la dégradation des habitats et des écosystèmes aquatiques, le réseau routier et les activités humaines ont contribué à sa raréfaction. En France, dans les années 1980, l’espèce ne se trouvait plus que sur la côte Atlantique et dans le Massif central. Elle a même disparue de certains pays.
Chasser la loutre d’Europe est interdit depuis 1972. L’espèce est également inscrite sur la liste rouge mondiale et européenne de l’UICN comme espèce quasi menacée. Elle regagne du terrain depuis les années 1990, mais ce processus est lent : son taux de reproduction est faible, et les activités humaines continuent de la rendre vulnérable.
Identifier la présence d’une loutre d’Europe
De mœurs plutôt crépusculaires et nocturnes, la loutre d’Europe est difficile à observer. Elle laisse toutefois quelques marques de son passage : des empreintes de pas à 5 doigts en éventails, mesurant 6 à 7 cm, avec de petites griffes attenantes au doigt. Caractéristiques, ses épreintes (crottes de loutre) forment de petits tas verdâtres à noirs, contenant des écailles et des ossements de poissons.
Description de la loutre d’Europe
La loutre d’Europe possède un corps allongé et hydrodynamique, mesurant 100 à 130 cm et pesant 6 à 11 kg. Ses pattes, courtes et palmées, comptent 5 doigts. Son pelage marron foncé est un peu plus clair sur la face ventrale et la gorge. Épais et dense, il se compose à 98 % de poils de bourre, recouverts par des poils plus épais et plus longs, empêchant l’eau de s’infiltrer. Son crâne assez aplati place ses oreilles, ses yeux et ses narines sur le même plan : une caractéristique qui lui permet d’appréhender son environnement sans avoir à trop sortir la tête de l’eau.
Alimentation de la loutre d’Europe
Carnivore solitaire et territorial, la loutre d’Europe se nourrit surtout de poissons, même si elle peut consommer des amphibiens, des mammifères, des oiseaux, des reptiles ou des invertébrés aquatiques ou terrestres. Son domaine vital s’étend sur au moins 10 km le long d’un cours d’eau, et jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres. Le domaine vital des mâles chevauche ceux de plusieurs femelles.
Cycle de vie de la loutre d’Europe
En journée, la loutre d’Europe s’abrite dans des gîtes appelés catiches, généralement situées dans la berge des cours d’eau. Elle loge également dans des couches à l’air libre en zone boisée dense, ou dans le terrier d’autres animaux.
- Les rencontres entre les mâles et les femelles sont brèves : elles ne durent que quelques jours ;
- Les loutres d’Europe peuvent se reproduire toute l’année, mais de préférence entre fin avril et fin juillet ;
- La gestation dure 60 à 62 jours, puis les femelles donnent naissance à 1, 2 ou 3 loutrons (parfois 4) à l’abri d’une catiche, réutilisée fidèlement d’année en année ;
- Capables de nager au bout de 3 mois, les loutrons sont sevrés à 4 mois, puis s’émancipent entre 8 et 12 mois.
- La maturité sexuelle est atteinte entre 2 et 3 ans, pour une espérance de vie de 4 à 5 ans.
Favoriser la présence de la loutre d’Europe
Quelques mesures simples permettent de contribuer à la protection de la loutre d’Europe :
- Ne pas les perturber ! La femelle peut abandonner la portée en cas de dérangement ;
- Surveiller les chiens en promenade pour éviter les morsures ;
- Créer un "Havre de Paix" si l’on est propriétaire d’une parcelle située à proximité d’un cours d’eau.
La loutre d’Europe bénéficie également d’un plan national d’action (PNA) depuis 2010, renouvelé pour la période 2019-2028. Il consiste à suivre l’évolution de l’espèce, protéger sa population et son milieu de vie et sensibiliser le public.
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