La consommation de pesticides augmente encore en France en 2018

Ecophyto, les limites au-delà de l'utopie

Issu du Grenelle de l'environnement, le premier plan Ecophyto de 2008 aspirait à réduire de 50 % l'usage de pesticides en une décennie. Malgré des ajustements avec Ecophyto II en 2015 et Ecophyto II+ en 2018, les chiffres sont là pour souligner que la réalité est tout autre.

Un communiqué du gouvernement daté du 7 janvier 2020, conforte « l'augmentation globale forte des quantités vendues de produits phytopharmaceutiques en 2018 », le tout édulcoré par des chiffres se voulant rassurants notamment concernant le retrait de 38 substances préoccupantes retirées du marché au niveau européen ou le nombre d’exploitations engagées dans la certification environnementale (HVE) ou en agriculture biologique ces deux dernières années.
Toujours est-il que le record a été battu en 2018 avec une augmentation de 24% de quantité de pesticides vendus.
Biodiversité bafouée par l'agriculture intensive qui doit toujours produire plus et parfois au-delà de la demande, pollution des nappes phréatiques, problèmes de santé publique, disparition des oiseaux et des pollinisateurs sont au cœur de la tragédie qui se dessine chaque année un peu plus et ce, malgré les 71 millions d'euro par an alloués au plan Ecophyto.

Une approche différente

Et si au lieu de parler d'agriculture raisonnée, d'optimisation des techniques et de limitation de l'impact des pesticides sur l'environnement, on voyait les choses différemment ? La création du Bulletin de santé du végétal (BSV) prévenant à l'avance les agriculteurs par SMS d'un risque de présence de ravageurs ou de maladies a eu pour effet de provoquer des épandages préventifs de pesticides qui n'auraient pas eu lieu en temps normal !

Il est crucial de former les agriculteurs à des techniques d'agroforesterie où entrent en compte les multiples symbioses naturelles qui font l'équilibre entre faune et flore : remise en fonction des haies de bocage, couverture du sol avec des paillages en matière organique afin de lui redonner vie... (il existera toujours des réfractaires à l'idée car la société de consommation est dans une logique de rapidité).

Si le budget alloué au plan Ecophyto servait à couvrir le temps de transition nécessaire au changement des préceptes de l'agriculture traditionnelle ancrés depuis des décennies pour accompagner financièrement les agriculteurs alliant respect du sol et de la biodiversité, peut être alors que les chiffres baisseraient enfin, mais c'est sans compter avec la pression des industries phytopharmaceutiques, de l'agroalimentaire et de la grande distribution !