Vigne OGM : quelle utilité ?
Une vigne transgénique pour résister à la maladie du court-noué
Le plant de vigne qui sème la discorde a été modifié génétiquement pour résister à la maladie du court-noué, due à un virus. Cette maladie est transmise par un ver microscopique (un nématode), qui, en piquant les racines des plants de vigne, leur inocule un virus responsable de la maladie du court-noué. Les vignobles atteints voient leur production diminuer au fil des années (jaunissement du feuillage, atrophie des grappes...).
La contamination se fait d'une parcelle de vigne à une autre par déplacement du nématode, ou par ravinement, ou encore par l'intermédiaire de porte-greffes ou de greffons infectés par le virus. Cette maladie, décrite depuis 160 ans, concerne environ 60% du vignoble français selon l'INRA. Toujours selon l'INRA, elle serait responsable d'un important manque à gagner pour les viticulteurs, et poserait un réel problème dans les vignobles les plus touchés, comme en Champagne.
Arrachage et jachère pour les parcelles infectées
Il n'existe actuellement aucun traitement phytosanitaire efficace contre la maladie du court-noué. Les nématicides, responsables d'une importante pollution du sol, sont progressivement interdits. Ainsi, lorsqu'une parcelle est contaminée, il est impossible de se débarrasser du virus, ni du nématode vecteur de la maladie. La seule solution (prônée en culture biologique) consiste à arracher la vigne, en extirpant soigneusement les racines, qui sont le garde-manger du nématode, et laisser le sol se reposer durant au moins 5 ans (en semant de l'avoine, ou une autre culture céréalière, durant cette période assimilée à une jachère). Passé ce délai, le petit ver a disparu du sol, et on peut à nouveau planter de la vigne. Problème : cette solution est difficilement supportable d'un point de vue économique.
Les OGM ont-ils ici un intérêt ?
Cependant, la nécessité de réaliser des recherches sur ces plants transgéniques est contestable (et contestée), puisque l'intérêt de cultiver cette vigne GM est discutable. Outre les dangers que présentent les expérimentations en plein champ et la question de la légitimité des OGM, le débat porte aussi sur l'utilité de la vigne transgénique.
Coût des recherches publiques
D'abord, les recherches menées par l'INRA autour de la vigne génétiquement modifiée coûtent cher au contribuable : à l'heure actuelle, plus d'un million d'euros ont été investis dans les recherches menées sur un porte-greffe transgénique de vigne.
OGM et vin ne font pas bon ménage
Ensuite, il n'est pas certain que les viticulteurs veuillent de ces plants génétiquement modifiés, l'image des OGM et des nouvelles biotechnologies en général n'étant guère conciliable avec celle du vin, considéré comme un produit naturel, qualitatif, fruit d'un terroir et d'un savoir-faire, et ancré dans une tradition millénaire. Les vignerons sont-ils prêts à prendre le risque de détruire une image patiemment construite et d'être boudés par les consommateurs, en ouvrant leurs parcelles aux OGM? Rien n'est moins sûr.
Autre remarque : alors que le viticulture européenne souffre d'une surproduction chronique et que les primes à l'arrachage pleuvent dans certains vignobles, a-t-on vraiment besoin d'améliorer les rendements, qui plus est avec des techniques potentiellement dangereuses pour l'homme et l'environnement ?
Solutions plus durables
Enfin, ne vaudrait-il pas mieux développer des modes d'exploitation durables, en orientant la recherche agronomique vers des méthodes de culture visant à préserver la physiologie des sols et l'équilibre des écosystèmes, plutôt que de brandir la solution OGM comme réponse à tous les problèmes ? En matière d'alternatives à la vigne GM, citons la sélection de porte-greffes hybrides résistants au nématode, ou encore la plantation, durant la période de jachère, d'espèces végétales nématicides, ou du moins, nématifuges, permettant de réduire le délai de repos.
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Crédit photos : flickr.com / luca.candini
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Fredo 13 14/11/2010, à 13 630
Le phylloxéra a été vaincu grâce au greffagre sur porte greffe résistant à la fin du XIXéme siècle..si ce problème s\'était présenté 100 ans plus tard, nul doute qu\'on aurait cherché une solution avec des pesticides ou des OGM. Dans le cas présent il semble évident qu\'avant de se lancer dans la solution OGM, il paraissait de bon sens de chercher dans le potentiel naturel éxistant à savoir la recherche-sélection de porte greffes. Mais ça fait moins science que les OGM...
Espoir? 08/11/2010, à Colmar
Bien votre article. Cependant, les travaux conduits par l\'inra et ses partenaires dans un projet conçu par le comité local de suivi de l\'essai montrent que : les céréales utilisées en jachère multiplient le virus et que la phacélie, largement usitée amplifie le nombre de nématodes. (voir site web inra). il est fréquent de voir des jachères combinat ces deux espèces végétales. D\'autres espèces végétales naturelles sont en cours d\'essai en parcelles infectées par le GFLV. Voilà cette information dit que la recherchepeut aider les pratiques de viticulture bio à faire es bon choix si tenté que les chercheurs puissent faire leur travail. Et ça dit aussi, que ce projet et les résultats que je vous présente viennent d\'une démarche de dialogue ouverte innovante qu\'il y avait dans le comité de suivi. Mais tout détruire ce qu\'on voit, sur la base de croyance, c\'est tout détruire ce qu\'on espérait, dans ce cas ! revenons à l\'idée intiale, un vrai dialogue valorisant les savoirs de tous validé par une recherche indépendante
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