La chalarose du frêne, une menace pour nos forêts
La chalarose du frêne, une maladie cryptogamique venue de l'Est
La chalarose du frêne est une maladie causée par un champignon microscopique, Chalara fraxinea (forme asexuée) ou Hymenoscyphus fraxineus (forme sexuée). Ce champignon très virulent pénètre dans le frêne par les feuilles et le collet de l'arbre. La chalarose atteint aussi bien les jeunes sujets que les arbres adultes.
La chalarose a été détectée pour la première fois en Pologne, au début des années 90. Elle a ensuite progressé vers l'Ouest, pour arriver en France en 2008 (c'est dans le département de la Haute-Saône que les premiers frênes atteints ont été observés). Aujourd'hui, c'est un très large quart nord-est du pays qui est touché, la maladie ayant atteint les Charentes, les Pays de la Loire, l'ouest du Massif Central et l'Ardèche. D'ici quelques années, toute la France devrait être concernée par la chalarose.
Le frêne, l'un de nos plus grands feuillus
Le frêne, Fraxinus excelsior, est, en terme de population, la 5e essence des forêts françaises, après les chênes, le hêtre, le charme et le châtaignier. On le rencontre presque partout en France, à l'exception du Sud-Est. Il aime les sols frais, voire humides, et présente une croissance rapide. Il peut facilement atteindre 40 mètres de hauteur.
Très présent dans les forêts de l'Est et du Nord de la France, il est exploité pour son bois dur mais relativement flexible, de couleur très claire, presque blanc. On l'utilise notamment pour les manches d'outils et les cercles à fromage, et plus généralement pour l'ébénisterie et la menuiserie. C'est aussi un très bon bois de chauffage. Le déclin rapide des frênes dans nos forêts est donc non seulement une perte pour la biodiversité, mais aussi une perte économique importante.
Symptômes et dégâts de la chalarose
Le premier signe de chalarose chez un frêne est le flétrissement puis le dessèchement du feuillage, des rameaux et des jeunes pousses. On peut aussi voir apparaître des chancres sur l'écorce (zones nécrosées dont la couleur vire au gris) et des nécroses au niveau du collet.
La destruction des jeunes rameaux oblige l'arbre à sans arrêt produire de nouvelles pousses afin de renouveler son feuillage, ce qui l'épuise peu à peu. La nécrose de certaines zones d'écorce finit quant à elle par détruire des branches entières, et celle du collet conduit à la mort de l'arbre, d'autant que des pathogènes secondaires s'installent souvent sur ces frênes affaiblis (insectes xylophages et autres champignons comme l'armillaire).
Un frêne adulte atteint de chalarose meurt en quelques années. Les jeunes plants (d'une taille inférieure à 2 mètres) sont détruits encore plus rapidement.
Fermeture de certaines forêts
A l'heure où cet article est rédigé, plusieurs forêts domaniales du Pas de Calais et du Nord, qui présentent une importante proportion de frênes dans leur peuplement, viennent d'annoncer leur fermeture au public pour plusieurs mois, le temps pour les services de l'ONF de sécuriser des centaines de kilomètres de parcours de randonnée. Chute de branches et même d'arbres entiers : la chalarose fragilise la forêt et représente un risque pour les promeneurs.
Le frêne va-t-il disparaître de nos forêts ?
A ce jour, il n'existe aucun traitement contre la chalarose, ni aucune mesure préventive. Il faut donc s'attendre à voir le frêne disparaître de nos forêts, de nos parcs et nos jardins, comme ce fut le cas pour l'orme entre les années 70 et 90, victime d'une autre maladie, la graphiose.
Seul espoir : il semblerait que certains frênes (environ 2 à 5% de la population) soient résistants à la chalarose. Cette résistance éviterait ainsi l'extinction totale de l'espèce. En outre, elle pourrait permettre de créer de nouvelles variétés de frêne résistantes à la maladie.
>> Voir le diaporama : Les plus belles forêts françaises
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Claude husson 21/09/2017, à
Quelques correctifs à cet article : Un frêne adulte ne meurent pas en qq années. En effet, peu de frênes adultes (diamètre sup. à 130 cm) meurent : le houppier dépérit, parfois fortement, certains rameaux et branches sèchent mais le taux de mortalité est faible chez les gros arbres. Les dégâts de chalarose sont impressionnants, surtout dans les plantations, mais ils ne sont pas comparables à ceux de la graphiose sur l'orme. Les ormes ont quasi-disparus en France à cause de cette maladie. Ca ne sera pas le cas pour les frênes. Vous pouvez voir de nombreux frênes vivants en vous promenant dans la nature. Claude Husson, INRA Nancy
Yngamed, à 81250 paulinet. 14/10/2016, à
Il semble que cette maladie ait atteint le nord - est du Tarn car j'ai deux frênes sur ma propriété qui présentent les mêmes symptômes. J'ai dans un premier temps pensé que cela était dû à la longue période de sécheresse. Me voilà fixé.
Gantois 13/10/2016, à Saint sylvestre cappel 59114
Peut on prévoir les risques et éventuellement faire un traitement préventif, on m'a dit que les frênes les plus anciens avaient des chances de survie...
Dominique beuvais 13/10/2016, à Chaudon
Bravo, pour le premier envoi, j'apprends. C'est ce que je recherchais, dans l'inscription, intéressé par ces genres d'article surtout au sujet du frêne. Merci D. Beauvais
Arnaud 12/10/2016, à Orléans
Bonjour, pour information l'inra a mis en ligne ce site très récemment : www.fraxinus.fr
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