La phytosociologie : comment les plantes se regroupent-elles entre elles ?
La phytosociologie, c'est l'étude des populations végétales
La phytosociologie, c'est une science qui, malgré un nom qui peut sembler un peu abstrait, étudie quelque chose de bien concret : la manière dont les plantes se regroupent dans la nature. La phytosociologie étudie donc les populations de végétaux dans un milieu donné : elle s'intéresse non pas à la plante en tant qu'individu (ça, c'est le travail de la botanique), mais à la végétation dans son ensemble, d'un point de vue descriptif (comme une photographie des populations présentes à un moment donné), mais aussi d'un point de vue dynamique (évolution des populations dans le temps).
A chaque type d'habitat, sa communauté de plantes
La phytosociologie est une science de synthèse qui s'appuie sur des observations de terrain consistant en un comptage des espèces végétales (on parle de relevé phytosociologique) présentes dans un habitat donné (appelé "station") caractérisé par son sol, son climat voire son micro-climat (conditions locales de température, d'humidité, d'ensoleillement...), les espèces animales qui y vivent, l'impact de l'homme et de ses activités passées ou présentes...
Chaque habitat et sa végétation étant ainsi caractérisés selon une "grille" très précise, des analyses comparatives sont ensuite effectuées entre les populations des différents milieux, afin d'établir des corrélations, et d'essayer de comprendre comment les espèces végétales se regroupent (on parle de communauté ou d'association). Schématiquement, l'association est à la phytosociologie ce que l'espèce est à la botanique : une unité d'étude.
Détecter des modifications anormales chez les populations de plantes
Partant du principe que la formation de ces communautés n'est sans doute pas due au hasard, la phytosociologie tente d'expliquer pourquoi et comment les facteurs environnementaux et écologiques conditionnent la composition de la flore, et quelles interactions s'exercent entre les espèces végétales (voire quelles formes de comminication) au sein d'une association.
Les phytosociologues identifient des fluctuations "normales" résultant de cycles naturels, et peuvent les différencier des modifications anormales, qui sont le signe que le milieu est soumis à une pression néfaste (pollution, bétonisation, introduction d'espèces invasives, surexploitation, assèchement...), ou au contraire qu'il bénéficie d'une amélioration (suite à des mesures de protection par exemple). La phytosociologie est à ce titre un outil précieux pour protéger la biodiversité.
Une science longtemps mal-aimée
La phytosociologie est apparue en 1896 : on la doit au botaniste polonais Józef Paczoski. Elle est tombée en désuétude durant la 2e moitié du XXe siècle, particulièrement en France, où les phytosociologues sont aujourd'hui très peu nombreux. Elle est en effet considérée comme trop descriptive, et trop longue à générer des résultats : les populations évoluant très lentement, le rythme de la phytosociologie est peu compatible avec les contraintes liées au financement des études scientifiques et à la durée des travaux universitaires de type thèse, l'un et l'autre étant forcément limités dans le temps.
Il n'existe d'ailleurs pas de diplôme : un phytosociologue, c'est un scientifique polyvalent, cumulant des connaissances de botanique, d'écologie, de géographie, d'histoire (histoire agricole notamment)... Comme d'autres pans de l'écologie, la phytosociologie bénéficie depuis quelques années du développement des sciences participatives, qui permet à des bénévoles de pratiquer des observations sur le terrain et de d'enrichir les bases de données scientifiques grâce notamment à Internet et à la collecte en ligne des données.
Les nouveaux enjeux de la phytosociologie
Avec le regain d'intérêt pour la protection de la nature, mieux connaître les milieux naturels, les espèces qu'ils abritent et la dynamique d'évolution des populations revêt aujourd'hui une importance croissante. Depuis la création en 1992 du réseau européen de sites protégés Natura 2000, et la ratification par la France de la directive Habitats (qui promeut la protection et la gestion des espaces naturels à valeur patrimoniale dans les pays de l'UE), la phytosociologie a regagné ses lettres de noblesse et on en voit aujourd'hui beaucoup plus clairement les avantages :
- Ecologie : les gestionnaires d'espaces naturels et les politiques ont besoin de savoir détecter les zones sujettes à des changements anormaux afin d'y remédier par des mesures correctives ou préventives ;
- Economie : la flore d'une station étant le reflet de la qualité de son sol et de sa fertilité, la phytosociologie est également utile dans le cadre de la sylviculture et de l'agronomie.
>> Lire aussi : Un blob au jardin
Newsletter
Abonnez-vous à notre lettre infos hebdomadaire pour recevoir chaque vendredi nos conseils pour vos plantes, le jardin, la maison... C'est gratuit !
Donnez votre avis, partagez votre expérience sur : La phytosociologie : comment les plantes se regroupent-elles entre elles ?