Frelon asiatique : où en est-on ?

Le frelon asiatique : presque toute la France concernée

Vespa velutina, plus connu sous le nom de frelon asiatique, a été signalé pour la première fois en France en 2006, dans le département du Lot-et-Garonne. Depuis, il n'a cessé de conquérir des territoires français et européens, si bien que depuis 2018, il est désormais installé dans toute la France métropolitaine, excepté en Corse.

L’impact du frelon asiatique sur l’abeille domestique est énorme du fait de son comportement de prédateur opportuniste à la recherche de sites où les proies sont abondantes et facile à attraper : les ruchers sont des cibles idéales.

Les étapes de la prise en compte du problème par l'État et l'Europe

1. L'arrêté ministériel du 26 décembre 2012 classe le frelon asiatique dans la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie pour l'abeille domestique Apis mellifera. Outre le fait qu'il permette aux préfets de départements d'imposer des actions aux apiculteurs, il désigne la filière apicole responsable de « l’élaboration et du déploiement d’une stratégie nationale de prévention, surveillance et lutte vis-à-vis de ce danger sanitaire »*. L’État se positionne en soutien réglementaire.
2. En 2016, le frelon asiatique a fait son entrée dans la liste européenne des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne.
3. La loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages complète le code de l’environnement pour autoriser les préfets de département à « procéder ou faire procéder (…) à la capture, au prélèvement, à la garde ou à la destruction de spécimens » appartenant à la liste des espèces exotiques envahissantes telles que le frelon asiatique.
4. En mars 2021, est déposée au Sénat une proposition de loi « relative à la lutte contre le frelon asiatique » visant à faire en sorte que la lutte contre le frelon asiatique soit déclarée « grande cause nationale 2022 », en désignant l’État comme acteur principal et responsable de la lutte contre le frelon asiatique. Elle doit être prochainement examinée par la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire.

Un constat d'échec

Malheureusement, à ce jour, le dispositif réglementaire, qui n'inclue aucune intervention obligatoire quels que soient les niveaux (préfets ou apiculteurs), n’a pas permis de trouver une issue à la propagation du frelon et à son impact sur les abeilles et la biodiversité. Et si, localement, dans certains départements, des initiatives ont vu le jour, très souvent coordonnées par les collectivités locales pour répondre à une situation qui leur est propre, un plan de lutte national organisé et coordonné peine à voir le jour.

En attendant, faut-il piéger ?

Les campagnes de piégeage de printemps qui sont souvent préconisées sont fortement déconseillées par le Muséum National d’Histoire Naturelle en dehors d’un cadre scientifique. Les pièges ne sont pas sélectifs et entraînent de lourdes pertes sur les populations des autres espèces d'insectes déjà durement touchées par l'activité humaine.

Les recommandations du MNHN sont les suivantes** :

• éviter le piégeage préventif et printanier à cause des répercussions sur les autres espèces, et du fait d'une efficacité non prouvée,
• installer des pièges uniquement au niveau des ruches en cas d'attaque, du mois de juin à la fin de la période de prédation (octobre-novembre), avec des pièges à sélection physique (les pièges bouteilles sont à proscrire),
• détruire les nids dès que possible, du printemps à la mi-novembre.

>> Lire aussi : Frelon asiatique : l'abeille n'est pas sa seule proie

* Sources : agriculture.gouv.fr

** Sources : frelonasiatique.mnhn.fr