Réduire de 50% les pesticides agricoles, c'est possible !
30% de pesticides en moins, c'est encore assez simple
Selon l'INRA, diminuer l'usage des pesticides agricoles à hauteur de 30% est tout à fait possible, voire relativement facile, sans qu'il soit besoin de modifier radicalement les pratiques culturales. En éliminant simplement les traitements inutiles, en privilégiant les méthodes alternatives (lutte biologique contre les ravageurs, désherbage mécanique...) et en misant sur la prévention (notamment en jouant sur les dates de semis et leur densité), les apports de pesticides chimiques devraient pouvoir être sérieusement réduits. La baisse de rendement à consentir ne serait alors "que" de 6%.
Diminution de 50% : ça se complique
En revanche, pour atteindre l'objectif du Grenelle de l'Environnement, fixé à 50% de pesticides en moins, les choses seraient nettement plus compliquées, notamment pour certaines cultures particulièrement dépendantes des pesticides (fruits et légumes, vigne, mais aussi colza). Ce n'est pas impossible, d'après l'INRA, mais il faudrait pour cela un bouleversement profond des pratiques.
D'abord, cela impliquerait qu'au moins 13% des surfaces agricoles soient en agriculture biologique (donc, par définition, avec zéro pesticide). Le reste devrait passer en production intégrée, c'est-à-dire basée sur la prévention des maladies et des ravageurs : choix de variétés de semences résistantes, allongement et diversification des rotations de culture (au lieu de cultiver plusieurs années de suite une même céréale sur une parcelle, par exemple, alterner chaque année avec d'autres cultures)...
Des conséquences à tous les niveaux des filières agricoles
C'est donc le modèle de l'agriculture intensive qu'il faudrait revoir, avec plusieurs conséquences pour l'agriculteur et l'ensemble de la filière, par exemple :
- Baisse de 12% des rendements, et donc nécessité de prévoir des mesures de maintien du revenu des exploitants ;
- Communication et sensibilisation pour diffuser ces pratiques plus économes en pesticides ;
- Mise en place de nouveaux débouchés pour les agriculteurs afin de valoriser des productions plus diversifiées ;
- Du côté des semenciers, commercialisation de semences adaptées ;
- Révision des exigences de l'aval de la filière (distribution, et, en bout de chaîne, consommateur)...
Les jeunes générations d'agriculteurs sont plutôt demandeuses de ces pratiques moins gourmandes en pesticides, mais pour les adopter effectivement sur le terrain, elles demandent encore à en voir les résultats. Dans ce but, un millier de fermes de démonstration de pratiques alternatives devraient naître partout en France.
Clémentine
Retrouver le rapport sur le site de l'INRA : Pour une agriculture économe en pesticides
Crédit photo : flickr.com / Joe Shlabotnik
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